Un vaste regard sur l'histoire des démocraties européennes peut donner à penser que les sociétés occidentales ont toujours été traversées par des violences multiples allant de l'esclavage, aux guerres d'indépendance en passant par des conflits civiles. Aujourd'hui encore, la question de l'insécurité ne cesse de mettre à mal les systèmes politiques démocratisés où dans un État de droit l'ordre est censé régner au nom de la notion de « bien commun ».
Néanmoins, si l'on constate aujourd'hui une quasi-disparition des discours politiques qui tendent à légitimer clairement l'emploi de la violence, il est important de définir ce qu'est la violence afin de cerner les différents enjeux qui s'apprêtent à son recours. Si l'on reprend les travaux de Hobbes, Schmitt ou encore Weber, on s'aperçoit alors que le monopolisateur de la violence légitime et permise est tout simplement le pouvoir politique qui a pour fonction de réguler les conflits dans les sociétés démocratiques.
Un paradoxe subsiste néanmoins, la démocratie ne prône en aucun cas le recours à la violence, elle est selon Georges Burdeau « un système de gouvernement qui tend à inclure la liberté dans les relations de commandement à obéissance inséparables de toute société politiquement organisée ».
Cela nous mène alors à nous demander comment différentes formes de violence peuvent s'inscrire dans le jeu démocratique de manière légitime ou pas.
[...] L'abus de violence physique dont profitent légitimement les forces de l'ordre peut alors être remis en cause par un autre pouvoir, plus indirect, qu'est celui de la presse. En effet les critiques ainsi que la propagation rapide de l'information peuvent paraître comme une menace à l'égard du corps policier, mais encore faut-il disposer d'une presse suffisamment indépendante pour ne pas faire l'objet de pressions. Le recours à la force physique peut certes éliminer des violences illégitimes, mais son utilisation peut notamment en provoquer de nouvelles lorsque l'action violente entreprise par les autorités n'est pas perçue par les citoyens comme étant justifiée. [...]
[...] De ce fait, la mise en place de frontières qui posent des limites entre les individus est un moyen sûr de pacifier les rapports sociaux. Ces règles de bonne conduite sont donc un moyen d'imposer une éthique du comportement à soi d'abord, qui va ensuite influencer autrui. S'il paraît que ces règles entravent la violence, elles peuvent notamment l'accompagner. Le pouvoir qu'on exerce sur soi comme condition préalable au respect d'autrui est en même temps un principe nécessaire au gouvernement des autres. [...]
[...] Ce qui distingue les vraies démocraties des démocraties de façade est donc cette capacité des autorités publiques à autoriser les manifestations violentes de faible intensité ne nécessitant pas des réprobations généralisées. Dans les démocraties modernes, le problème n'est pas tant la liberté de s'exprimer, mais plutôt la capacité à se faire entendre par les autorités publiques, les médias et donc par l'opinion publique. Cela motive alors les acteurs à user de la violence à haute intensité pour exprimer leur colère. L'humiliation, la frustration ou encore le désespoir sont autant de facteurs psychologiques qui provoquent l'apparition de violences qui touchent un plus grand nombre de personnes. [...]
[...] Enfin, nous nous focaliserons sur la violence protestataire afin d'expliquer son recours constant dans les démocraties. I. La violence symbolique comme contrôle social et politique dans les démocraties. La violence symbolique se définit comme étant une violence douce, invisible, et méconnue La définition que nous délivre Pierre Bourdieu de la violence symbolique laisse à penser que les victimes de cette violence sournoise s'ignorent. Toutefois, c'est seulement lorsque les exploités deviennent politiquement conscients de leur aliénation dans le jeu démocratique qu'ils souffrent de cette violence insupportable qu'on qualifie alors de symbolique. [...]
[...] La maîtrise de soi de manière excessive induite par un excès de politesse composerait une violence que l'on se fait à soi-même et à autrui du fait de son refoulement. . À la maîtrise de la violence par le droit Si les mœurs constituent un levier permettant d'atténuer les violences au sein d'une société, il est important notamment de prendre en compte les aspects cérémonial et protocolaire dans les démocraties modernes qui visent à écarter de facto la violence physique, mais qui in fine sont l'expression de violences symboliques. [...]
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