La démocratie est un type d'organisation politique dans laquelle c'est le peuple (demos), c'est-à-dire l'ensemble des citoyens, qui détient ou qui contrôle le pouvoir politique selon le principe de souveraineté populaire. Celui-ci fait souvent référence à la volonté indivisible du peuple. Pourtant, selon certains, "la démocratie ne consiste pas à savoir s'unir, mais à savoir se diviser". L'union et la division renvoient ici à la différence des opinions et manière d'envisager la politique et son mode d'action.
On peut constater une évolution dans l'histoire de la démocratie : entre la démocratie athénienne et la démocratie actuelle, on oppose la liberté des Anciens à celle des Modernes. D'un système holiste basé sur l'abnégation du citoyen grec on est passé à un système individualiste, au "développement et [à] la libération des puissances de la particularité" (Hegel).
(...) Les libertés d'opinion et d'expression qui découlent des grands idéaux de liberté et d'égalité chers au principe démocratique importent de tolérer une grande variété de points de vue. Le peuple étant souverain, il faut prendre en compte ses avis, aussi divergents soient-ils. Ainsi selon Rosa Luxembourg, "il n'y a de liberté pour personne s'il n'y en a pas pour celui qui pense autrement". Dans les faits, cette multitude d'opinions liée au fait que chaque individu est unique entraîne, lorsqu'elles sont politisées, l'apparition de partis politiques. Le pluralisme politique, garanti dans les sociétés démocratiques, en devient l'une des caractéristiques majeures. Par ailleurs, tout régime démocratique nécessite une opposition politique, qui peut prétendre à des droits spécifiques voire à son officialisation. La lutte pour le pouvoir sera alors plus ou moins conflictuelle. Le conflit d'idées est en effet la condition de la vitalité démocratique. D'où l'importance de l'échange et du dialogue, de la discussion et de la confrontation des opinions. Le respect des particularités doit permettre à chacun de promouvoir ses propres intérêts. Il ne faut pas oublier que, dans une société démocratique, l'individu est à la fois l'origine et la finalité. Il a des droits qu'il va chercher à faire valoir face à des intérêts divergents (...)
[...] Si l'exercice du pouvoir nécessite pour être véritablement démocratique, la division des pouvoirs mais aussi celle du peuple, la pérennité de la démocratie consiste en un minimum d'union et d'accord entre leurs volontés particulières. Le risque d'une division trop importante doit être surmonté par la représentation et une certaine moralité dans les comportements des individus. Inversement, une unité trop importante qui en deviendrait même dangereuse doit être évitée par la garantie de l'égalité et des libertés fondamentales, principes essentiels au fondement-même de la démocratie. [...]
[...] Une deuxième tendance pourrait être la négation de l'individu considéré comme partie d'un tout. On peut à cet égard considérer que la fragmentation de la société civile est le garant de la liberté. A la lumière des évènements récents, on voit que cette tendance peut mener vers une dérive totalitaire. Dans un tel système le gouvernement tout puissant impose au peuple son idée du bonheur collectif. Dans les régimes dictatoriaux, le régime nazi ou stalinien notamment, d'une part la minorité ne gouvernait pas, et d'autre part le système faisait tout pour homogénéiser l'opinion et fondre l'individu dans la masse. [...]
[...] La démocratie ne consiste donc pas uniquement à se diviser. Pourtant, d'une part des individus trop isolés ne peuvent pas avoir d'influence sur la volonté générale et vont donc devoir avoir recours au regroupement avec des individus partageant les mêmes opinions ou affinités politiques, par l'intermédiaire d'associations ou de représentants politiques. En effet, un individu isolé n'a pas, d'un point de vue politique, de réelle existence. D'autre part, le danger qui apparaît est celui d'une société trop atomisée, divisée en factions. [...]
[...] Rousseau a d'ailleurs souligné le fait que selon lui, la démocratie ne convenait qu'à un peuple de dieux, les hommes étant naturellement enclins à l'excès et à la poursuite de leur bonheur individuel. Cela remettrait en cause les règles fragiles du vivre-ensemble et risquerait d'altérer le régime. La démocratie ne consiste donc pas simplement en la division du demos. Certes, la séparation des pouvoirs est l'une des caractéristiques de la démocratie. Par ailleurs, la divergence des opinions est une condition nécessaire à la vitalité démocratique. Pourtant, l'existence même de la démocratie est menacée par une trop forte atomisation de la population. [...]
[...] C'est donc non pas la démocratie mais l'existence du jeu démocratique qui consiste en la division. Alors, comment surmonter cette division et assurer le bon fonctionnement de la démocratie ? II Une unité dangereuse mais nécessaire La démocratie nécessite un minimum d'union La démocratie aurait la faculté de réaliser et de pérenniser une unité au sein du peuple, et ainsi de créér une sorte de lien social entre des individus tendant vers le même but général, la réalisation du bien commun. [...]
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