La démocratie représentative - publié le 12/07/2021

Résumé du document

Il s'agit d'une dissertation sur le sujet : La démocratie représentative est-elle le pouvoir du peuple?
Qui étaient donc les fondateurs de la démocratie représentative? Et pourquoi opposaient-ils leur forme de gouvernement à la démocratie entendue comme exercice du pouvoir par le peuple? Définissons d'abord, avec Bernard Manin, ce qu'est un régime représentatif en démocratie.

Extraits

[...] C'est donc la représentation qui fait la nation et l'unité politique d'un pays. C'est bien de cet état d'esprit qu'émerge la constitution française de 1791 qui promeut la souveraineté nationale, c'est-à-dire pas celle du peuple mais celle de la nation, et qui contredit d'avance la constitution montagnarde de 1793 qui défend une souveraineté populaire d'inspiration rousseauiste; une souveraineté du peuple composé d'hommes égaux où chacun possède une part de la souveraineté. Cette constitution de 1793 était opposée, comme Rousseau, à une représentation de la souveraineté populaire, mais elle défendait tout de même l'existence de représentants élus au suffrage universel et disposant d'un mandat impératif, c'est-à-dire d'un mandat qui oblige les représentants à agir selon les décisions même du peuple. [...]

[...] Il est oligarchique dans le sens où les représentants ont une indépendance décisionnelle vis-à-vis du peuple. Article 27: Le mandat impératif qui les oblige à respecter les préférences de celui-ci est interdit par la Constitution Française. À la place, le mandat représentatif laisse au représentant la liberté de prendre personnellement la décision qui concerne les citoyens représentés. La nullité constitutionnelle du mandat impératif produit également le fait que le représentant ne peut être révoqué par le peuple, son mandat a une durée déterminée qu'il est en droit de tenir jusqu'au bout. [...]

[...] Cette discussion publique et rationnelle est au cœur du modèle de la démocratie délibérative, notamment théorisée par John Rawls et Jürgen Habermas. [...]

[...] Sa perspective démocratique est donc imparfaite, elle évacue sciemment la souveraineté du peuple en faveur d'une conception politique inspirée par le marché économique. Comme les biens et services mis en vente sur le marché, les partis sont en concurrence pour attirer les votes des électeurs en leur faveur. Par effet de concurrence, les électeurs doivent pouvoir rationaliser dans la mesure du possible leurs décisions politiques, de la même manière qu'ils le feraient en choisissant un produit dans un supermarché selon son prix, sa qualité, etc. [...]

[...] La démocratie représentative se construit donc peu à peu, avec en germes, toutes ces contradictions, pour devenir le régime que l'on connaît aujourd'hui. Cabanis, médecin et penseur politique, résume bien sa manière de fonctionner: « dans le véritable système représentatif, tout se fait au nom du peuple et pour le peuple; rien ne se fait directement par lui: il est la source sacrée de tous les pouvoirs mais il n'en exerce aucun ». La crise de la démocratie aujourd'hui paraît donc bien propre à la démocratie représentative conçue comme mode de sélection d'une oligarchie. [...]