Les démocraties contemporaines sont issues d'une forme de gouvernement que ses fondateurs opposaient à la démocratie. L'usage nomme « démocraties représentatives » les régimes démocratiques actuels. Cette expression, qui distingue la démocratie représentative de la démocratie directe, fait apparaître l'une et l'autre comme des formes de démocratie. Pourtant, ce qu'on nomme aujourd'hui démocraties représentatives trouve ses origines dans les institutions qui se sont progressivement établies et imposées en Occident, suite à un processus historique particulier, à la suite des 3 révolutions modernes, les révolutions anglaise, américaine, et française. Or ces institutions n'ont nullement été perçues, au départ, comme une variété de la démocratie ou une forme de gouvernement par le peuple. Au départ, démocratie et représentation sont des termes opposés.
Rousseau par exemple, condamnait la représentation politique par des formules critiques qui sont demeurées célèbres. Il dépeignait ainsi le régime anglais du 18ème siècle comme une forme de servitude ponctuée par de brefs instants de liberté (les élections). Les électeurs anglais ne sont libres que tous les 5 ans disait-il. Rousseau voyait une immense distance entre un peuple libre se donnant à lui-même sa loi et un peuple élisant des représentants pour faire la loi à sa place. Mais on peut noter que les partisans de la représentation voyaient également une différence fondamentale entre ce qu'ils appelaient « gouvernement représentatif » et démocratie.
Madison, par exemple, un des penseurs de la révolution américaine, opposait souvent « la démocratie des cités antiques où un petit nombre de citoyens s'assemblent pour conduire en personne le gouvernement et la république moderne fondée sur la représentation. (Federalist, 10). Madison ne considérait pas la représentation comme une approximation du gouvernement par le peuple rendue techniquement nécessaire par l'impossibilité matérielle de rassembler les citoyens dans de grands Etats. Il y voyait au contraire un système politique différent et supérieur à la démocratie. L'effet de la représentation, disait-il est « d'épurer et d'élargir l'esprit public en le faisant passer par l'intermédiaire d'un corps choisi de citoyens dont la sagesse est le mieux à même de discerner le véritable intérêt du pays. ». La représentation est ainsi conceptualisée comme un filtre, les représentations, des élites, servant à promouvoir l'intérêt général, que des masses incultes ne pouvaient entrevoir. La représentation est ainsi dès le départ un principe élitiste. En France, Sieyes a joué un rôle similaire de conceptualisation à la révolution française. Pour Sieyes, les hommes n'ont pas le temps ni l'envie de se consacrer aux affaires publiques – ils veulent avant tout commercer et faire du profit – il faut donc déléguer cette tache à des professionnels. Sieyes étendait donc le principe de la division du travail à la sphère politique. C'est ce paradoxe qu'on essayera d'élucider aujourd'hui : comment expliquer qu'un principe fondamentalement élitiste et conceptuellement opposé à la démocratie ait pu s'imposer comme la forme dominante de démocratie au 19ème et 20ème siècle ? Quel processus historique peut expliquer cette évolution ? Cela nous conduira à nous interroger sur l'évolution du gouvernement, sur ses principes, sur la domination implicite qu'il suppose, et éventuellement sur la crise qui semble le caractériser aujourd'hui.
[...] En outre, le personnel politique est aujourd'hui composé d'individus appartenant à certains cercles, issus des mêmes écoles, distincts de la population par leur profession, leur culture et leur mode de vie, ce qui les rend distants, les citoyens ne pouvant s'identifier avec eux. Les hommes politiques parviennent au pouvoir en raison de leurs talents médiatiques et non parce qu'ils sont socialement semblables à leurs électeurs ou proches d'eux. L'écart semble donc s'accroître ente le gouvernement et la société, entre représentants et représentés. [...]
[...] Autre forme de gouvernement républicain : l'aristocratie, régime où la puissance souveraine appartient à une partie du peuple, c.-à-d. généralement la noblesse. La monarchie régime régi par l'honneur est le régime par lequel un seul gouverne, mais selon des lois fixes et établies, sans arbitraire. Le despotisme, qui repose essentiellement sur la crainte, est un repoussoir pour Montesquieu. La préférence de Montesquieu qui souhaitait néanmoins offrir seulement une description positive des régimes semble aller vers des régimes modérés et notamment l'aristocratie ou la monarchie. [...]
[...] Les partis existent toujours, mais sont désormais mis au service d'un leader. Cette personnalisation aurait deux origines distinctes : - le développement des techniques de communication de masse : radio, télévision, internet. La télévision ressuscite le face-à-face qui caractérisait le lien entre représentant et électorat au temps du parlementarisme. La télévision en vient à sélectionner un certain type d'élites, ceux qui maîtrisent mieux les techniques de communication, c.-à-d. les figures médiatiques. La démocratie du public est ainsi la règle de l'expert en communication. [...]
[...] Cette question est hors du cadre de ce cours, mais on peut avancer que la tradition médiévale (théologie, etc.) tout comme l'école du droit naturel moderne convergeait pour faire apparaître le consentement et la volonté des gouvernés comme la seule source de légitimité et d'obligation politiques. De tels concepts étaient en effet inconnus des Grecs. L'élection pouvait donc triompher comme mode central de sélection des gouvernants et de légitimation du pouvoir, c.-à-d. comme symbole du gouvernement représentatif. Comment, dès lors, peut-on définir le gouvernement représentatif et la représentation ? [...]
[...] Il y voyait au contraire un système politique différent et supérieur à la démocratie. L'effet de la représentation, disait-il est d'épurer et d'élargir l'esprit public en le faisant passer par l'intermédiaire d'un corps choisi de citoyens dont la sagesse est le mieux à même de discerner le véritable intérêt du pays. La représentation est ainsi conceptualisée comme un filtre, les représentations, des élites, servant à promouvoir l'intérêt général, que des masses incultes ne pouvaient entrevoir. La représentation est ainsi dès le départ un principe élitiste. [...]
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