« En cas de guerre, j'espère et je souhaite que les socialistes allemands fassent leur devoir de guerre ». Cette déclaration de Gustav Noske, homme politique allemand, membre du SPD du début du XX° siècle semble signifier qu'une l'entrée en guerre impliquerait certains changements dans les pratiques politiques. Ceux-ci vont de paire et sont en partie la cause des évolutions que la démocratie a connues pendant la première guerre mondiale.
Il faut entendre par démocratie à la fois le régime politique démocratique institutionnalisé, c'est-à-dire, d'après l'étymologie du mot, le régime politique où le peuple est souverain, mais également les principes qui sont portés et qui accompagnent ce modèle, tel que les grands principes de libertés individuelles, mais également le principe d'égalité politique. Dans le cadre d'une étude de l'évolution de la démocratie durant la première guerre mondiale, il nous faudra naturellement porter notre attention uniquement sur les pays qui ont été touchés par la guerre durant la période 1914 – 1918, soit principalement l'Europe, Russie comprise, et les Etats-Unis.
En quelle mesure la première guerre mondiale constitue elle une parenthèse durant laquelle la démocratie est mise à mal ?
Le raisonnement s'engagera dans un premier lieu sur le recul de la démocratie qu'a apporté avec elle la première guerre mondiale, avant de nuancer dans un second temps les effets négatifs de cette guerre, pour l'envisager également comme un vecteur de démocratie.
[...] C'est pour cette raison que l'on peut qualifier les régimes politiques dominant en Europe pendant la première guerre mondiale de gérontocratie. Les régimes politiques démocratiques connaissent enfin une dernière évolution qui est le renforcement de l'exécutif et la personnalisation du pouvoir, qui sont pourtant des phénomènes normalement exclus dans des démocraties. On observe pourtant un fort intérêt généralisé pour l'Homme providentiel. C'est ainsi qu'émergent des personnalités, comme David Lloyd Georges en Angleterre, Aristide Briand ou George Clemenceau en France. Cela va, au point de vu international particulièrement faciliter la prise de décision. [...]
[...] Le contrôle est alors fait dans le but d'obtenir un consensus, une adhésion et un soutient plus large au sein de la population. Cela se traduit donc par la propagande, le bourrage de crâne, mais également par la censure. Ainsi, les mauvaises nouvelles du front sont tues, par la censure des médias, des lettres des soldats, afin que le moral général des civils reste bon. La propagande est quant à elle utilisée pour maintenir et renforcer le consensus et les valeurs nationales. [...]
[...] La première guerre mondiale est ainsi vécue comme une guerre de civilisation, pour propager le régime idéalisé, égalitaire et meilleur de démocratie. C'est en tout cas une des justifications auprès des populations utilisée par les gouvernements démocratiques. C'est par exemple dans cette voie que s'engage le président Woodrow Wilson, dans son discours des quatorze points Il y tient en effet un propos idéaliste, universaliste, rejetant l'isolationnisme, prônant la démocratie, la transparence, l'anticolonialisme, le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, la sécurité C'est dans cette optique qu'il faut par exemple lire la phrase introductive : nous voulons que le monde devienne un lieu où tous puissent vivre en sécurité, un lieu sûr pour toute nation qui désire vivre sa propre vie en toute liberté, décider de ces propres institutions, et être assurée que les autres nations la traitent en toute justice et loyauté C'est donc dans une guerre juste, à mission civilisatrice, dans le but de promouvoir la démocratie, que s'engagent les Etats-Unis. [...]
[...] Le principe fondamental du libéralisme économique, propre à de nombreuses démocraties, est donc mis à mal par la première guerre mondiale. 3 : Les régimes démocratiques pendant la première guerre mondiale : entre technocratie, gérontocratie, et renforcement du pouvoir Les régimes démocratiques versent lentement vers des formes politiques déviantes, qui ressemblent plus à des technocraties, à des gérontocraties ou même à des régimes à la limite de ce qui peut être qualifié de démocratique. Cela est d'abord du à l'évolution des équipes gouvernementales, dans lesquelles des comités techniques et des nouveaux ministères font leurs apparition. [...]
[...] Pourtant, deux nouvelles tendances se dessinent durant la guerre, et présagent une démocratisation de ces régimes autoritaires. Il s'agit tout d'abord du renforcement de la parlementarisation qui s'impose en Allemagne et en Russie. En effet, en Allemagne commence à apparaître une alternative au pouvoir exécutif fort du Reich. Cette alternative est représentée par la motion que dépose le SPD au Reichstag après le renvoie de Bethmann-Hollweg, pour la négociation d'une paix blanche, c'est-à-dire une paix immédiate et sans annexion. C'est plus tard, en juillet 1918, sous l'impulsion du prince Max von Baden que la Constitution est modifiée, afin de prévoir que le chancelier, avant d'être nommé par l'empereur, doit obtenir la confiance du Reichstag. [...]
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