L'Italie nous inquiète et nous fascine. Chaque jour la presse française nous relate de nombreuses affaires de mafia, de diverses tractations interlopes dans les plus hautes instances de l'État et de collusions entre les pouvoirs (y compris le « quatrième » d'entre eux) ; le Président du Conseil italien, M. Silvio Berlusconi dont les frasques font les unes de nombreux journaux est présenté comme le nouveau Mussolini ; l'opinion s'inquiète du retour des « fascistes » au gouvernement…
Beaucoup s'interrogent aujourd'hui sur l'emploi du terme de « démocratie » pour désigner le système politique italien. Il convient alors de vérifier si ces conceptions très négatives sont justifiées, en nous posant cette question volontairement provocatrice : peut-on réellement parler de « démocratie » en Italie ? Nous ne nous contenterons pas de constater des réalités institutionnelles ; nous chercherons ici à analyser le « fait démocratique » italien, dans sa globalité.
Mais avant toute chose, si l'on veut parler de démocratie, il faut bien évidemment en préciser le sens. Évidemment, nous pourrions nous satisfaire de la fameuse formule de Périclès, reprise par le président Lincoln : la démocratie est le « pouvoir du peuple, par le peuple, pour le peuple ». Mais si nous nous penchons sur la connotation de ce terme, nous remarquons très vite que l'idée de démocratie en vient à désigner toute manifestation de la justice ou du bien. Pour reprendre les termes de Carl Schmitt dans sa "Théorie de la Constitution", la démocratie accueille « en définitive, tout ce qui est idéal, beau et sympathique ».
La définition à donner à la démocratie relèverait donc plus de la perception que l'on a de la réalité de la pratique des pouvoirs et sur l'effectivité de ses implications, à savoir les principes de liberté (liberté d'expression notamment) et d'égalité (qui implique l'égalité politique des citoyens). Nous nous poserons donc la question suivante « les fondements institutionnels et la pratique du pouvoir permettent-ils la pleine expression du fait démocratique en Italie ? »
[...] Les Français ont globalement une vision très négative de la démocratie italienne. Cependant, force est de constater qu'elle satisfait une majorité d'Italiens. Berlusconi incarne l'unité italienne, il est à l'initiative d'une modernisation sans précédent du pays, et ses méthodes plus que contestables ne sauraient ternir ce bilan. Par conséquent, si en France (et particulièrement à gauche) l'état de la démocratie en Italie est si mal considéré c'est peut-être à cause de notre incapacité à comprendre la mentalité et les passions de nos voisins transalpins, qui s'exercent d'une manière particulièrement exacerbée dans le domaine politique ; après tout, comme nous le dirait Cocteau, le Français est un Italien de mauvaise humeur. [...]
[...] Le Président de la République est élu à la majorité des deux tiers par la Chambre, le Sénat et trois délégués élus par chaque conseil régional ; la procédure est d'ailleurs souvent laborieuse (jusqu'à 23 tours de scrutin). Tous les actes présidentiels doivent être contresignés, et les pouvoirs nominaux du président ne correspondent pas à des pouvoirs politiques effectifs. Le Président du Conseil est choisi par le Président de la République, mais il doit obligatoirement se présenter devant la Chambre et le Sénat pour obtenir un vote de confiance. Le gouvernement est donc nécessairement l'émanation de la majorité parlementaire. [...]
[...] Par ailleurs, il ne faut surtout pas mésestimer l'importance de la mafia, organisation tentaculaire qui contrôle des pans entiers de l'économie italienne. On souligne souvent que la démocratie tient par la procédure. L'ultime carence de la démocratie italienne c'est que les responsables politiques eux-mêmes semblent vouloir s'affranchir eux-mêmes des règlements. Par exemple, lorsque S. Berlusconi tente de s'affranchir de l'autorité judiciaire en revendiquant son immunité, c'est un signal fort envoyé à une population toujours tentée par le fameux système des combines à l'italienne. [...]
[...] La démocratie en Italie L'Italie nous inquiète et nous fascine. Chaque jour la presse française nous relate de nombreuses affaires de mafia, de diverses tractations interlopes dans les plus hautes instances de l'État et de collusions entre les pouvoirs compris le quatrième d'entre eux) ; le Président du Conseil italien, M. Silvio Berlusconi dont les frasques font les unes de nombreux journaux est présenté comme le nouveau Mussolini ; l'opinion s'inquiète du retour des fascistes au gouvernement Beaucoup s'interrogent aujourd'hui sur l'emploi du terme de démocratie pour désigner le système politique italien. [...]
[...] Les commissions bicamérales détiennent des pouvoirs d'enquête. Des commissions spéciales d'enquête possèdent des pouvoirs quasi judiciaires. Avant les réformes de 1993 (sur lesquelles nous reviendrons), les gouvernements naissaient et disparaissaient à la suite d'accords conclus entre les partis. Bien que la constitution comporte des dispositions originales comme les procédures de confiance au gouvernement ou de remise en cause de sa responsabilité, le régime parlementaire n'a pas fonctionné de manière satisfaisante. La représentation proportionnelle était pour une grande part responsable des difficultés du régime. [...]
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