Démocratie globale, 2011, États-nations, technologies, Europe
« Les nations souveraines du passé ne sont plus le cadre où peuvent se résoudre les problèmes du présent. » déclare Jean Monnet dans ses Mémoires, bien avant qu'une année 2011 secouée par de nombreux problèmes ne lui donne raison. De la crise financière aux révolutions
arabes, en passant par la catastrophe nucléaire de Fukushima, plus que jamais, l'année 2011 aura été marquée par des événements dépassant les cadres étatiques « du passé ».
À mesure que ces événements se sont développés, les peuples ont exprimé avec force le désir de reconquérir le pouvoir, d'adapter la démocratie à la nouveauté des défis qui se présentaient à eux. Par leurs actions, les Indignés d'Europe, les jeunes des pays arabes, les citoyens qui ont occupé Wall Street et les autres symboles du capitalisme financier, les internautes du monde entier, ont enclenché l'émergence d'une forme nouvelle de démocratie. À l'image des problèmes qui ont bouleversé l'année 2011, cette nouvelle démocratie s'est exprimée au mépris des frontières.
En 2011, les réseaux sociaux auront permis non seulement d'abolir les frontières entre les peuples mais également d'amplifier leurs revendications. Si déjà auparavant Internet s'était imposé comme un medium essentiel en période de crise, jamais le réseau n'avait semblé être la matrice décisive de l'actualité à travers le monde.
Dans le cadre de ces mouvements de démocratie globale amplifiés par les réseaux sociaux, les États se sont montrés inadaptés, sans cesse en retard ; retard qui a provoqué la chute de certains d'entre eux et des réactions précipitées pour d'autres. Alors que les technologies de l'information et de la communication étaient de véritables catalyseurs d'une nouvelle forme de démocratie coalisant les citoyens du monde, les États-nations ont constitué des remparts à la concrétisation de cette nouvelle démocratie.
[...] Pour une autre gouvernance globale. [...]
[...] À cet égard, les États semblent avoir constaté qu'ils ont un rôle à jouer au sein de cette projection. Ainsi, en France, est-il possible d'effectuer de nombreuses démarches en ligne via le portail service-public.fr. Le nombre de ces démarches est croissant comme le suggérait François Baroin, alors ministre du Budget, en février 201113. L'Union européenne également entend s'investir davantage sur le réseau Internet ; cela a été clairement indiqué par le premier ministre polonais en juillet 2011 alors que son pays accédait à la présidence tournante du Conseil de l'Union européenne14. [...]
[...] Pour une autre gouvernance globale, Pascal Lamy (Editions du Seuil et La République des Idées), p un programme pour le sortir du nucléaire avant 2022. Le 18 septembre 2011, la démarche du gouvernement allemand fut suivie par Siemens qui annonçait la fin de son activité dans le nucléaire pour se renforcer dans le secteur des énergies renouvelables.3»L'article du journal Le Monde qui rapporte cette information précise que la Principale conséquence concrète de ce virage stratégique [est] l'abandon d'un projet de coentreprise entre Siemens et le groupe public russe Rosatom La réaction des Allemands à la catastrophe nucléaire de Fukushima aura donc eu des conséquences au-delà des seules frontières allemandes en contrariant les velléités économiques de l'agence fédérale russe de l'énergie atomique4, autant dire de la Russie elle-même. [...]
[...] certaine sécurité sur le réseau mondial. Dans le même temps, les Anonymous, des justiciers autoproclamés prétendant défendre certains droits essentiels ont montré toute l'efficacité de leurs manœuvres en mettant à mal des sites de l'Administration américaine, de certaines grandes multinationales et d'autres institutions publiques ou privées. De toute évidence, légitimité et efficacité sont découplées sur Internet et si le réseau est une projection ou, du moins, un catalyseur de la démocratie globale, il est à craindre que ce mal n'affecte substantiellement le monde actuel. [...]
[...] Ces défis, les acteurs de la démocratie globale tentent de les relever. Dans les pays arabes comme en occident, les citoyens se mobilisent. S'ils recourent souvent à des actions sensationnelles pour inciter les dirigeants à repenser leur rapport au monde de manière à répondre aux problèmes du monde, ils tentent également d'emprunter les voies régulières de la réforme lorsqu'elles ont été prévues au sein de leur démocratie. Ainsi des citoyens allemands s'organisent-ils pour adapter leur État au désir d'une démocratie davantage animée par ses citoyens. [...]
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