Aujourd'hui il va sans dire que les vertus de la démocratie sont très largement reconnues, si ce n'est exaltées et adorées. Le monde chrétien s'est dans sa quasi-intégralité converti aux bienfaits du gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple, et s'attache à exporter son modèle politique par-delà les continents et les cultures.
La recherche du meilleur régime pour tous est devenue dans une large mesure la source de nombreux conflits actuels, et les combats menés au nom de la démocratie peuvent se garantir un support consensuel relativement élevé. Peut-on néanmoins parler de régime démocratique ?
Cette question semble paradoxale, tant la réponse est évidente au premier abord. Cependant, se pencher davantage sur une réponse cohérente signifie en appeler à toutes les significations du terme « démocratie ». De quelle démocratie parle-t-on ? Comment s'est construit le modèle démocratique communément répandu ? Peut-on se mettre d'accord sur une interprétation unique de ce modèle ? Et ce modèle n'est-il pas justement devenu plus qu'un simple modèle qu'un autre modèle pourrait remettre en cause ?
En d'autres termes, la démocratie est-elle devenue un idéal dont la vérité serait indiscutable ?
[...] La théorie de la démocratie divisée par ses contradictions : des démocraties ? Cette diversité dans le modèle démocratique nous amène à poser la question s'il n'y a pas plutôt des démocraties, différentes sortes de régime démocratique, tant la théorie de ce modèle est travaillée par des diversités et de nombreuses contradictions. La question de l'égalité La démocratie moderne, libérale, individualiste, semble peu s'accorder avec le critère d'égalité. Pourtant, celle-ci est au cœur de nos démocraties modernes. Comment peut se résoudre ce tiraillement, entre tentation individualiste et exigence égalitaire ? [...]
[...] Cette égalité par le logos entraine une isonomia, qui est l'égalité de tous devant la loi. Le système politique repose sur les gens du milieu (oi mesoi) qui sont les intermédiaires entre les riches et les pauvres. Cette démocratie n'est pas seulement un régime politique, mais aussi une vision du monde, qui a une vraie conception de l'Homme : chez les Grecs, il y a la prééminence de la modération sur le sens du combat et la démesure. C'est donc un régime de la mesure, reposant sur les classes intermédiaires égales. [...]
[...] L'égalité dans la démocratie moderne est ordonnée à la raison de la partie et ouverte à l'universel. C'est une égalité substantielle pour chaque individu : les individus sont égaux en tant qu'ils sont hommes, et non en tant qu'ils sont membres d'une cité. L'Homme moderne est un homme abstrait, sans qualité, égal à ses semblables. Cette égalité démocratique engendre la comparaison, la passion, l'envie, la fièvre concurrentielle comme dirait Tocqueville. En effet, aujourd'hui, la méritocratie est un des piliers de la démocratie moderne. [...]
[...] C'est une démocratie qui, contrairement à la démocratie antique, ne repose pas sur l'ordination du vouloir à des fins préexistantes (le Bien et le Juste). Ce régime moderne se donne pour nouvelles fins l'économique et le social. Le pouvoir doit être limité, et le consentement des citoyens et l'équilibre des pouvoirs deviennent le nouveau leitmotiv des démocrates. On arrête le pouvoir par le pouvoir. C'est une physique du pouvoir, et non plus une métaphysique. Une des différences majeures entre ces deux types de démocratie est que dans la démocratie moderne, il y a une indifférenciation des fins, qui est inexistante dans la démocratie grecque. [...]
[...] Avènement de la démocratie libérale et gouvernement représentatif. ( Révolution démocratique. Il y a eu une individualisation de la vie politique, sociale, et morale, aidée par le développement des grands Etats et l'extension du commerce. La démocratie contemporaine, moderne, affirme l'individualité et s'oppose à l'ancien ordre holiste : l'individualisme a pour vocation de faire disparaître tout ce qui prétendrait à avoir de l'autorité sur l'individu. Désenchantement du monde. Marcel Gauchet, historien et philosophe, fait correspondre l'avènement de la démocratie libérale à la notion de désenchantement du monde Il écrit que c'est avec le recul des croyances religieuses et la sécularisation progressive des sociétés, qu'advient un monde où les hommes veulent se gouverner eux-mêmes. [...]
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