Selon A. Lincoln, la démocratie est « le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple ». Cette définition, qui peut paraître simple au premier abord, est pourtant difficile à appliquer, encore de nos jours. Cependant, on s'accorde aujourd'hui sur quatre critères pour reconnaître un régime démocratique, qui sont la mise en place d'élections libres pour le choix des dirigeants, l'existence d'une opposition politique organisée qui peut s'exprimer, un système judiciaire jugeant par la loi ainsi que l'existence d'alternance au sein des gouvernants.
De par son histoire, ce concept semble se rattacher à une zone géographique spécifique : l'Occident. Une prise de conscience récente a amené à élargir celui-ci au pays « d'ailleurs », comme les dénomme C. JAFFRELOT. Dès lors, peut-on encore réserver cet adjectif aux seuls pays du « Nord » ?
[...] Le processus d'innovation se fait au niveau micro social, comme cela a été le cas au Zimbabwe dont l'indépendance a été obtenue en 1980. Cependant, dans les pays en développement, la difficulté à remodeler la société et la mainmise des élites sur la vie politique gêne le processus de démocratisation. C'est pourquoi dans les années soixante une troisième voie a été envisagée par certains pays comme un modèle de substitution. Ce modèle repose sur l'économie de marché d'une part, ainsi que sur la réalisation de l'intégration sociale et la garantie de l'égalité des chances à l'égard de tous d'autre part. [...]
[...] Essai sur l'occidentalisation de l'ordre politique, Fayard, Paris BAYART J-F., L'Etat en Afrique: La politique du ventre, Fayard, Paris JAFFRELOT C. (dir.), Démocraties d'ailleurs. [...]
[...] Il existe des démocraties d'ailleurs comme le souligne C. JAFFRELOT dans son ouvrage du même nom. De tradition ancienne, leur statut de démocratie souvent controversé soulève la question d'une redéfinition de ce concept, qui pourrait s'appliquer au niveau international. JAFFRELOT distingue trois types de trajectoire politique pour les pays démocratiques hors d'Occident. Les démocraties peuvent être issues d'un transfert technologique et politique réussi dans le cadre de la colonisation (au Sénégal ou en Inde par exemple). Elles peuvent également être le produit d'un effet global de la modernisation politique et économique pour résister à l'Occident, mouvement en général impulsé par les élites (comme au Japon). [...]
[...] Dans Qu'est-ce que l'Occident ? , P. NEMO distingue cinq moments-clés structurant l'idée d'Occident. Selon lui, cette notion a débuté dans la Cité grecque (invention de l'Etat) et s'est cristallisée dans l'avènement de la démocratie libérale (apparition du suffrage universel et de la séparation des pouvoirs). La démocratie serait alors liée à la culture occidentale, qui l'a vu naître et se développer en son sein, et n'appartiendrait pas à la culture des autres sociétés. C'est la vision que défendent les culturalistes, pour qui il existerait un fondement culturel propre à la démocratie ; les autres cultures devraient concevoir d'autres formes de gouvernement, qui leur seraient propres. [...]
[...] Les facteurs nationaux jouent un rôle très important. Le Japon a su faire sien le concept de démocratie en adaptant les importations politiques (B. BADIE) à l'univers national. Les spécificités de chaque pays amènent à repenser la définition de la démocratie, sur laquelle pourraient s'appuyer les pays en phase de transition, afin que ces derniers puissent eux aussi se voir conférer le statut de démocratie. L'argument néo-culturaliste prône la prise en compte des particularismes régionaux lors de la mise en place d'une démocratie, ce qui permettrait de définir par exemple un modèle islamique de la démocratie, qui prendrait en compte à la fois les valeurs inaliénables de la démocratie, mais également celles propres à la culture islamique, forte d'une histoire et de traditions ancestrales. [...]
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