Se pose donc la question de la définition de la démocratie. Quelle est sa nature ? Qu'implique cette notion ? Qu'a-t-elle et que doit-elle apporter de plus que les autres régimes ? Si on en croit les attentes des peuples, sa principale fonction serait elle d'être bienfaitrice et libératrice ? Ou en d'autres termes, la démocratie serait-elle par essence protectrice? On entend ici par « essence », la question de savoir si la démocratie serait par « nature » « protectrice ». C'est cette dernière notion qui pose problème, qu'entend-on par « protectrice » ? Que doit-elle protéger ? En effet, la notion de protection peut être déclinée sur plusieurs aspects : la sécurité physique des citoyens, la protection sociale ou bien la prévention des risques. Jusqu'où la protection démocratique doit-elle aller ? Ainsi la nature de chaque régime démocratique serait-elle de protéger, de défendre les citoyens ou les droits et les libertés individuelles ? Si c'est le cas quelles sont ces libertés ? Cette question est fondamentale car la définition que nous donnerons de la « démocratie » nous apportera une idée du régime et de la société dans laquelle les citoyens vivront. De plus, nous pouvons nous demander si la démocratie est par essence le seul système politique protecteur ? L'histoire politique produit en effet de nombreux exemples d'organisations politiques fournissant une protection physique et sociale à leurs sujets...
[...] Le goût du bien être fait craindre toute aventure, les Hommes deviennent prudents et raisonnables. Dominés par ce bien être les hommes de ces sociétés démocratiques risquent de devenir prisonnier de leur matérialisme et du conformisme. Chaque citoyen est alors enclin à s'isoler parmi la masse, à détourner ses regards de la société, de la politique pour ne plus se soucier que de son petit monde familial et amical. Cet individualisme des sociétés égalitaires stérilise le civisme, car en confinant les individus dans le seul souci de leurs affaires privées, elle encourage l'Etat à exercer toutes les responsabilités collectives que désertent les citoyens. [...]
[...] Cependant, l'intervention protectrice de l'Etat s'est accrue de plus en plus et concerne maintenant des domaines de plus en plus variés afin de prévenir tous les risques pour le citoyen (sociaux, écologiques, industriels etc.). Néanmoins, comme le disait Tocqueville, ce développement graduel et progressif de l'égalité semble avoir des effets pervers. Il a détaché les citoyens de la politique et a laissé à l'Etat le soin de gérer seul leurs affaires. En réalité, la nature même de la démocratie à savoir l'égalité, serait en train de la mettre en danger. Que faire pour enrayer ce processus ? [...]
[...] De plus nous pouvons nous demander si la démocratie est par essence le seul système politique protecteur ? L'histoire politique produit en effet de nombreux exemples d'organisations politiques fournissant une protection physique et sociale à leurs sujets Revenons donc à la définition du terme démocratie qui apparaît dans la langue grecque au Veme siècle avant J.C. et désigne une forme particulière d'organisation de la Cité ou le pouvoir (cratos) appartient au peuple (demos). Cependant, son usage et sa signification ont connu un développement considérable. [...]
[...] Qu'en est il en réalité ? Tocqueville aurait il raison ? Il est donc maintenant nécessaire de d'examiner l'état des démocraties contemporaines et surtout le comportement des citoyens qui semblent ne plus prêter attention aux enjeux politiques. Il est donc nécessaire d'en examiner les causes afin de savoir si l'essence protectrice de la démocratie est souhaitable. On le sent bien, la démocratie qui s'est affirmée comme de plus en plus protectrice semble maintenant subir une sorte de désaffection des citoyens qui ne croient plus en elle ou du moins s'en désintéressent complètement, préférant laisser aux professionnels du politique le soin de gérer les affaires de la cité en restant dans leur quotidien individuel. [...]
[...] Par ailleurs, l'une des contributions majeures à ce débat est celle de J. Rawls. Celui-ci développe une théorie de la justice conçue comme équité conjuguant deux principes: celui d'égalité (égalité des droits et des devoirs dans une société libérale) et celui de différence (légitimant les inégalités sociales et économiques dans la mesure où elles sont le résultat d'une juste égalité des chances au départ et où elles améliorent la condition des défavorisés). La tâche de l'Etat est de veiller au respect des principes de justice, ce qui est compatible avec " le respect d'un pluralisme raisonnable "au sein de la société, Il doit prévenir le creusement des inégalités. [...]
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