Selon Françoise Gaspard, « la démocratie sans les femmes, ce n'est pas la démocratie ». La sociologue veut ici signifier qu'un régime où la femme est absente de la vie publique n'est pas démocratique. La place de la femme dans la société révèle ainsi, selon elle, la nature démocratique ou non d'un régime donné. On peut alors se demander si la démocratie, régime politique dans lequel le pouvoir est exercé par le peuple selon des principes de liberté et d'égalité, doit se préoccuper de la place des femmes dans la société. Le terme « femmes » se rapporte ici aussi bien à la citoyenne, à la mère et à l'épouse qu'à la salariée. De même, le terme « société » désigne aussi bien la sphère publique que la sphère privée, c'est-à-dire qu'il se rapporte aux institutions civiles, politiques, économiques et sociales qui caractérisent une communauté d'individus. Se demander si la démocratie doit se préoccuper de la place des femmes dans la société revient alors à se demander si l'Etat, les penseurs ou encore les médias doivent intervenir dans la sphère publique et/ou dans la sphère privée, soit pour limiter la place des femmes, soit pour l'étendre. La démocratie doit-elle réguler la place des femmes dans la société ? La démocratie doit-elle aider les femmes à conquérir et conserver une place dans la sphère publique ? Doit-elle intervenir dans la sphère privée ? La démocratie est-elle compatible avec l'inégalité des sexes dans les domaines politique, économique ou social ?
Si la démocratie ne doit pas réguler la place des femmes dans la société, elle doit œuvrer en faveur de l'égalité entre tous les citoyens dans la sphère publique. Pour cela, elle doit se préoccuper de la place des femmes dans la sphère économique et sociale, malgré ce qu'avancent les théoriciens libéraux.
[...] Napoléon avait déclaré je n'apprécie pas les femmes qui se mêlent de politique Le Code civil dote alors la femme d'un statut de mineure à vie et définit sa place au sein de la famille, dominée par le mari. Il la prive de droits politiques, dans le but d'ôter au peuple les moyens de se révolter, les femmes jouant un rôle important dans les mouvements populaires. La plupart des régimes non démocratiques ont ainsi opéré une régulation de la place de la femme dans la société. [...]
[...] Elle doit au contraire assurer l'égalité entre les hommes et femmes dans la sphère publique, notamment par des réformes légales. Mais il apparaît également que l'égalité entre les sexes en droit n'est pas l'égalité de fait. Pour que la femme devienne véritablement l'égale de l'homme dans la vie politique, la démocratie doit se préoccuper de sa place dans les sphères économique et sociale, malgré ce qu'avancent les théoriciens libéraux. II- Pour cela, la démocratie doit se préoccuper de la place des femmes dans la sphère économique et sociale Si les théoriciens libéraux estiment qu'il ne faut pas se préoccuper de la place de la femme dans les domaines économique et social Les politiques publiques ou les textes juridiques visant la vie privée des femmes ont longtemps été décriés ou contournés. [...]
[...] Pour cela, elle doit se préoccuper de la place des femmes dans les sphères économique et sociale, malgré ce qu'avancent les théoriciens libéraux. En effet, l'égalité entre les sexes dans la sphère publique ne peut être atteinte s'il persiste de trop grandes inégalités dans la sphère privée. Ainsi, selon Mariette Sineau, En amont de la citoyenneté politique, l'école, le langage, le partage des tâches domestiques et éducatives, les modes de garde des jeunes enfants, la formation professionnelle, le marché du travail ont tour à tour été désignés comme des domaines d'action où il était nécessaire d'agir pour créer les conditions d'une égale participation des femmes et des hommes à la vie de la cité Toutefois, il faut garder à l'esprit qu'en établissant des politiques visant à améliorer le sort des femmes, l'Etat peut accroître les inégalités. [...]
[...] Ainsi, la loi Neuwirth qui autorise la contraception en 1967, puis la loi Veil qui légalise l'avortement en 1975 ont réduit la dépendance de la femme vis-à-vis de la famille. Il apparaît donc que les politiques publiques et les textes juridiques destinés aux femmes favorisent une démocratisation de la vie personnelle et se conjuguent avec une véritable démocratie dans le domaine politique. Les Etats démocratiques tentent ainsi de corriger les inégalités héritées du passé. La démocratie doit donc bien se préoccuper de la place des femmes dans la vie économique et sociale. [...]
[...] Bibliographie Pateman Carole, Féminisme et démocratie In Genres et politique, débats et perspectives, éditions Gallimard, Paris Achin Catherine et Lévêque Sandrine, Femmes en politique, éditions La Découverte, Paris Sineau Mariette, Parité Le Conseil de l'Europe et la participation des femmes, la vie politique, Editions du Conseil de l'Europe, Strasbourg Amar Micheline, Le piège de la parité, Arguments pour un débat, édition Hachette Littératures, Paris, 1999. [...]
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