On considère souvent que la démocratie directe est l'idéal de toute démocratie, puisqu'elle proclame la souveraineté populaire à son point le plus haut. En effet, dans une démocratie directe, le peuple exerce directement le pouvoir, sans avoir besoin d'intermédiaires comme dans le cadre de la démocratie représentative. La démocratie directe est à la source même de l'idéal démocratique moderne, puisque l'on peut considérer que le système politique qui régnait dans la Grèce antique s'apparentait à la démocratie directe.
Cependant, on peut constater que de nos jours qu'il n'existe aucune démocratie directe, mais plutôt des démocraties libérales, où le peuple choisit ses représentants par le biais de l'élection – ce qui ne va pas sans poser des problèmes. On peut se demander en quoi consiste la démocratie directe, et quelles formes a-t-elle revêtue au cours des siècles ?
Nous verrons dans un premier temps quel rôle a joué la démocratie athénienne dans l'élaboration de l'idéal démocratique direct, puis nous verrons comment la démocratie directe s'est constituée en opposition avec la démocratie représentative qu'elle a combattue. Enfin, nous verrons quelles sont les formes de démocratie directe qui fonctionnent aujourd'hui et quelles sont leurs limites
[...] Autre limite de la démocratie directe, c'est la participation des citoyens à la vie démocratique. En effet, on peut remarquer en Suisse que la forte fréquence des votations entraîne un désintérêt croissant de la population, qui dédaigne les bureaux de vote à plus de 50%. Cet éloignement de la part des citoyens vis-à-vis de la vie publique est également présent dans toutes les autres formes de démocratie, en particulier les démocraties représentatives1. En effet, si peu de personnes vont faire entendre leur voix dans les urnes, des dirigeants sont tout de même élus, ce qui permet, même s'ils ne reflète plus une majorité de la population, de maintenir un régime stable. [...]
[...] En effet, étymologiquement, démocratie signifie le pouvoir (kratos) du peuple (demos). Le pouvoir appartient donc bien au peuple, et non pas à une élite ou à un monarque, qui doit être tour à tour gouvernant et gouverné Cela peut nous paraître étrange, mais les citoyens étaient désignés au hasard, et non élu pour assurer le bon fonctionnement de la société. Ce raisonnement est au fondement de la démocratie athénienne où des institutions originales avaient été mises en place. Il y a tout d'abord l'Ecclésia, qui consiste en une assemblée de citoyens se réunissant sur la colline de la Pnyx. [...]
[...] Les dérives communistes, ainsi que les échecs des expériences libertaires ont fait finalement pencher la balance en la faveur des démocraties libérales qui désormais dominent le XXIe siècle. Cependant, il ne faut pas oublier que c'est toujours le peuple qui théoriquement reste le souverain, que ce soit dans les démocraties représentatives ou semi-directes comme la Suisse, qui ont su adapter la souveraineté populaire avec l'exigence de stabilité politique. Bibliographie Yannis Papadopoulos, Démocratie directe, Economica Hannah Arendt, La crise de la culture, Gallimard Jacqueline de Romilly, Problèmes de la démocratie grecque, Hermann Bernard Chantebout, Droit constitutionnel, Armand Collin Daniel Guérin, Ni dieu ni maître tome I et II, La Découverte 1 Aristote, (Politique, I,1,1252a15) Vient du mot grec ostrakon qui désigne le morceau de céramique sur lequel on inscrivait le nom de celui qu'on voulait bannir Besançon 1809 Passy Les confessions d'un révolutionnaire Russie 1814 Suisse Etatisme et Anarchie 3 Résolution de la réunion générale de la 1ère et de la 2nd escadre de la flotte de la Baltique tenue à Kronstadt 1 Comme l'a fait remarquer Tocqueville dans le second tome de De la démocratie en Amérique, 1840. [...]
[...] Cependant, le concept même de démocratie tel que les Athéniens l'entendaient exigeait une forme particulière d'inégalité. En effet, pour exercer des fonctions publiques, le citoyen grec devait être libre au sens grec du terme, c'est-à-dire avoir du temps de loisir (scholè) afin de s'occuper des affaires publiques de la cité. C'est effectivement ce qu'Hannah Arendt précisa dans La crise de la culture, à savoir une discrimination envers les esclaves (qui n'étaient donc pas libres), mais également les artisans dont l'outil de travail principal est leurs propres mains, et qui étaient donc soumis à des impératifs matérielles afin de subsister. [...]
[...] Mais c'est bien l'isegoria qui caractérise la démocratie directe athénienne. En effet, selon ce principe, tout citoyen peut prendre la parole afin de proposer une motion et la faire voter. Selon ce même principe, l'Ecclésia peut voter l'ostracisme2, c'est-à-dire le bannissement d'un individu jugé dangereux pour la démocratie, car il pourrait s'emparer du pouvoir pour lui seul. À cela il fait ajouter la Boulê, dont le rôle principal est de recueillir les motions des citoyens afin de préparer des projets de loi. [...]
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