Il s'agit d'une dissertation sur le sujte : Qu'est-ce que la démocratie délibérative?
Si le modèle de la démocratie représentative était pensé depuis le XXème siècle d'après un modèle économique et élitiste, dans lequel les citoyens sont considérés comme des consommateurs qui choisissent leurs élites dirigeantes comme s'ils choisissaient des produits dans un supermarché. Il existe aujourd'hui des modèles alternatifs dans la théorie politique comme celui de la démocratie délibérative qui a pour ambition de redonner au peuple une véritable légitimité politique. Toutefois, cette théorie qui pourrait être prometteuse n'est pas sans avoir subi des critiques.
[...] III - Comment appliquer la démocratie délibérative? À l'instar des politologues Bruce Ackerman et James Fishkin qui dans leur article « Le jour de la délibération » imagine qu'un jour férié et rémunéré serait mis en place afin de laisser le temps aux citoyens de discuter. Chaque personne pourra discuter avec d'autres au sein de petites assemblées de quartier autour des enjeux de l'élection à venir. Cela empêcherait, pour Ackermann et Fishkin, aux candidats de recourir à des procédés douteux puisque les électeurs se retrouvent pour discuter en public des programmes avec attention et réflexion. [...]
[...] La conception de la démocratie délibérative de Habermas est un peu différente. Elle trouve sa source dans ses ouvrages antérieurs centrés sur l'action de communication entre les individus « Théorie de l'agir communicationnel » et la fondation de la morale à travers une discussion raisonnée « Morale et communication ». Au contraire de Rawls, Habermas pense que la délibération doit seulement s'entendre comme une procédure de légitimation des décisions politiques. Alors que chez Rawls les participants à la discussion sont déjà d'accord sur ce qu'il est raisonnable ou non de traiter, Habermas considère que toute opinion doit pouvoir être avancée si elle est bien argumentée. [...]
[...] En effet, au sein de l'espace public, de la discussion, vont se reproduire des effets de domination sociale qui empêchent la participation des personnes dominées dans la société. Il ne suffit pas de mettre de manière superficielle entre parenthèses les inégalités pour que la discussion devienne réellement égalitaire. La théoricienne politique américaine Iris Marion Young, dans son article « Communication et altérité, au-delà de la démocratie délibérative » explique que la délibération est toujours culturellement biaisée et qu'elle tend à favoriser les individus des groupes dominants. Comme Fraser, elle vise l'hypocrisie de la mise entre parenthèses des inégalités. [...]
[...] Habermas défend donc l'idée que la démocratie délibérative doit reposer sur une conception procédurale de la souveraineté du peuple. Pour comprendre cette notion de procéduralité de la légitimité démocratique, il est important de rappeler la définition qu'en donne le politologue Bernard Manin dans un article de 1985. « Volonté générale ou délibération. Esquisse d'une théorie de la délibération politique » « La décision légitimité n'est pas la volonté de tous mais celle qui résulte de la délibération de tous. C'est donc le processus de formation des volontés qui confère sa légitimité aux résultats, non les volontés déjà formées ». [...]
[...] Dans l'ouvrage « Morale et communication », Habermas dégage deux principes qui fondent la moralité d'une norme, c'est-à-dire d'un principe à suivre pour être moral. II - Construction de la démocratie délibérative de Habermas Habermas dégage donc un premier principe appelé Principe D pour « principe de discussion ». « Une norme ne peut prétendre à la validité que si toutes les personnes qui peuvent être concernées sont d'accord ou pourraient l'être en tant que participant à une discussion pratique sur la validité de cette norme. » Le principe D constitue selon Habermas une condition nécessaire pour dire qu'une norme est morale. [...]
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