- Dans un article intitulé « Democratic Convergence and Free Trade » paru en 1998, l'économiste français et spécialiste d'économie politique internationale Daniel Verdier se penche sur l'existence potentielle d'une relation causale unissant degré d'ouverture au commerce international et appartenance à un type de régime politique.
- Comment l'auteur réfute-t-il les visions traditionnelles du lien entre régimes politiques et configurations économiques ? Quelle nouvelle corrélation forme-t-il entre ces deux variables ?
[...] La convergence démocratique a des conséquences nocives dans le cas d'une spécialisation inter- industrielle Le libre-échange ne peut s'épanouir sans une dose d'absolutisme. Enfin, ce n'est que dans le cas d'une économie d'échelle que la convergence démocratique est bénéfique à l'échange. La démarche de Daniel Verdier, qui lie facteur politique (type de régime) et facteur économique (libre-échange) rappelle l'approche institutionnaliste de North et Weingast, qui tentaient d'établir un lien de causalité entre type de régime et évolution des marchés de capitaux. [...]
[...] Ainsi, c'est en France et non en Grande-Bretagne que se développa le libre- échange. De même, le libre-échange commença à prospérer lorsque les mouvements libéraux perdirent de leur ascendant (1850-1860) et non au moment de leur apogée (1830-1840). Le clivage entre régime libéral britannique et régimes réactionnaires continentaux était donc la condition sine qua non à l'établissement du libre-échange au milieu du siècle. La théorie de Verdier - Pour Verdier, des régimes similaires portent au pouvoir des classes similaires de producteurs. [...]
[...] Par conséquent, la convergence démocratique amène au pouvoir autant de promoteurs que de détracteurs du libre-échange ; en soi, la convergence est donc un obstacle à l'échange. L'auteur introduit la théorie des insiders et des outsiders ; les premiers prennent part au processus décisionnel, les seconds en sont exclus ; le prochain groupe d' outsiders à être inclus est toujours le plus organisé et est généralement identique dans plusieurs sociétés à un instant précis. - L'auteur introduit une distinction, sur laquelle repose sa théorie, entre l'échange intra-industriel et l'échange inter-industriel Il introduit également le rôle des économies d'échelle. [...]
[...] Enfin, au tournant du siècle, l'Amérique du Nord rattrape pour la première fois le niveau économique de la Grande-Bretagne. Les conditions politiques idéales pour le développement de libre-échange auraient été les suivantes : que la Suisse et la Belgique soient démocratiques, et que la Scandinavie, la Hollande et le Zollverein soient absolutistes. Bien que ce modèle idéal ne se soit jamais réalisé, la période où l'on s'en approcha le plus est 1850-1870, ce qui coïncide avec l'explosion du libre-échange. Quelques décennies plus tard, la terre devint un facteur rare, d'où le virage protectionniste chez les grands producteurs agricoles (Autriche, Prusse, Suède, Russie). [...]
[...] Le ralentissement de la tendance à l'échange intra-industriel participe à un retour aux politiques économiques d'avant la Seconde Guerre mondiale. Un signe de cette transformation est la saisie du clivage économique par le politique : la droite se pose en partisane du libre échange, la gauche en promotrice du protectionnisme. Selon l'auteur, il est improbable que la vague de démocratisation en Europe orientale profite au commerce international. Conclusion Pour Verdier, la théorie selon laquelle un monde démocratique serait plus ouvert économiquement est incohérente. [...]
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