La démagogie, avant de qualifier un certain type d'action politique, celle de guider le peuple en prétendant le suivre, est d'abord à considérer comme une qualité. Dérivant du grec « dêmagogia », composé de « dêmos » (le peuple) et du verbe « agein » (conduire, gouverner), la démagogie désigne d'abord le charisme d'un chef naturel. Mais déjà les grecs y perçoivent un danger, celui que peut représenter un meneur d'homme dont l'autorité n'est pas assise par l'institution politique et qui peut donc œuvrer contre elle.
En vertu de ces deux sens, le même homme pouvait être appelé « démagogue » d'une manière méliorative ou dépréciative. Exemple avec Périclès, le prestigieux homme politique athénien, crédité de cette qualité par Plutarque mais aussi l'objet de l'ironie d'Isocrate, qui le qualifie de « dêmagogos agathos », c'est-à-dire de « parfait démagogue ».
De fait, la démagogie gène dès qu'il s'agit de la définir comme un comportement de l'homme politique. Nécessairement ambigu : au confluent du charme et du pouvoir, de la séduction des masses et de leur de leur domination, la démagogie n'a jamais été perçue que négativement par la philosophie.
À la lumière du rapport étroit qu'elle entretien avec la foule du peuple, voyons donc en quoi la démagogie contrevient à l'exercice vertueux de la politique. Le premier aspect qui sera examiné est celui de la démagogie comme composante d'un régime dont elle précipite le déclin. Ensuite, il s'agira de comparer la démagogie à une autre « dérive » de la démocratie, le populisme. Enfin, il sera question du rapport esthétique entre démagogie et spectacle.
[...] Exemple avec Périclès, le prestigieux homme politique athénien, crédité de cette qualité par Plutarque, mais aussi l'objet de l'ironie d'Isocrate, qui le qualifie de dêmagogos agathos c'est-à-dire de parfait démagogue[1] De fait, la démagogie gène dès qu'il s'agit de la définir comme un comportement de l'homme politique. Nécessairement ambigu : au confluent du charme et du pouvoir, de la séduction des masses et de leur de leur domination, la démagogie n'a jamais été perçue que négativement par la philosophie. À la lumière du rapport étroit qu'elle entretient avec la foule du peuple, voyons donc en quoi la démagogie contrevient à l'exercice vertueux de la politique. Le premier aspect qui sera examiné est celui de la démagogie comme composante d'un régime dont elle précipite le déclin. [...]
[...] Enfin, il sera question du rapport esthétique entre démagogie et spectacle. Régime en déclin De fait, la démagogie ne peut guère être pratiquée que dans un contexte qui lui est favorable ainsi s'explique la relation que plusieurs philosophes établissent entre démagogie et régime politique. Dans un régime où la paix sociale est garantie par la juste distribution des pouvoirs, qui contente les différentes classes sociales, la démagogie n'a pas droit de cité. C'est pourquoi chez Aristote, son recours n'apparaît que dans les constitutions qu'il appelle déviées Une constitution est droite si son gouvernement et les lois qu'elle promulgue visent l'intérêt général[2]. [...]
[...] Oui, il semble[8]. La dêmêgoria n'est pas un discours politique au sens propre, mais il tient lieu du politique dès qu'il s'agit pour lui d'être proféré devant la masse presque toute réunie de la cité grecque, qui est ici un public. Et de fait, il est condamné au même titre que le discours d'un sophiste, ce qui met l'accent sur l'influence néfaste de l'art du point de vue de la res publica, la chose publique et donc une menace politique. [...]
[...] Non pas dans le sens d'un art engagé et critique, mais dans le sens d'une démagogie, c'est-à-dire d'un discours flatteur, dont le défaut le plus grave est de s'adresser de manière indifférenciée aux citoyens, aux étrangers, aux femmes et aux esclaves. Platon remarque dans le Gorgias : Voyons, si on retire à l'ensemble de la poésie le chant, le rythme et le mètre, reste-t-il autre chose que des paroles ? Il reste des paroles, nécessairement. Or, ces paroles ne s'adressent-elles pas à la foule [ôchlon] et au peuple ? Oui, en effet. La poésie est donc une forme de démagogie, de discours au peuple [dêmêgoria] ! [...]
[...] La démagogie existe aussi dans le régime dévié de l'aristocratie : l'oligarchie (le pouvoir donné à un petit nombre) où elle est synonyme de corruption. Elle consiste alors en la séduction d'une partie des oligarques pour s'assurer le contrôle des autres, ou bien à l'inverse la prise à partie du peuple pour mener la révolte contre le gouvernement en place. En somme, la démagogie est surtout regardée d'un mauvais œil par Aristote parce qu'elle se rend responsable d'un mal politique plus exécrable encore qu'elle : la guerre civile (stásis). [...]
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