A la différence de ce que l'on croit souvent, le terrorisme n'est pas un phénomène nouveau. Le terme apparait au moment de la Grande Terreur en France (1793-1794) et désigne au départ la terreur exercée au sein de la population par l'Etat. Néanmoins, le terrorisme tel que nous l'entendons aujourd'hui, c'est-à-dire une violence qui n'est pas exercée par l'Etat justement, apparaît vers 1860 parallèlement a la montée de la démocratie et des nationalismes, et est le fait de groupuscules sans légitimité ni moyens. Ceux-ci se composent d'anarchistes, nationalistes, nihilistes ou « soldats de Dieu » justifiant leurs actes par la nécessité de résistance face au despotisme (légitimation du tyrannicide). Le plus important en est sans doute le Narodnaya Volya, formé en 1878 pour lutter contre le régime tsariste selon le principe de la « propagande par l'action ». Toutefois, c'est déjà en 1848 que le radical démocrate allemand Karl Heinzen dans Der Mord, donne pour la première fois une doctrine cohérente du terrorisme: il affirme que si le meurtre est interdit, cela ne s'applique pas à la politique et qu'il faudrait liquider les souverains et les généraux qui sont des « ennemis de la liberté ».
Aujourd'hui, le terrorisme contemporain, apparu d'abord dans certains groupes d'extrême gauche des années 1960 ayant pour but la lutte anticoloniale et s'appuyant sur les théories de « guérilla urbaine » élaborées en Amérique latine à partir de la doctrine du foco, reprend certaines caractéristiques des actions terroristes d'autrefois. Néanmoins, si historiquement on connaît ses origines, définir le terrorisme semble quasi impossible et ce, comme le dit Arnaud Blin, parce que « chaque définition comporte un certain degré de subjectivité », et parce qu'il s'agit d'un « phénomène multiforme, complexe et évolutif ». Ainsi, l'ONU a eu d'énormes difficultés à donner une définition du terrorisme pour la communauté internationale, et ce jusqu'en 2005. Il s'agira ici, sans donner de définition exacte du terrorisme, de se pencher sur ce qui fait la spécificité de ce phénomène et de voir en quoi, même s'ils ne sont pas nouveaux en tant que tels, les actes terroristes contemporains, leurs objectifs et leurs méthodes semblent propres à la modernité.
[...] S'agit-il de la nouvelle nature du terrorisme moderne ? L'islam se distingue aujourd'hui des autres fanatismes religieux. Il est clair que les islamistes sont à l'heure qu'il est de loin les plus visibles et les plus actifs parmi les mouvements recourant au terrorisme. Mais il y a surtout l'idée que l'Islam a cette particularité de ne pas connaitre de séparation entre les mondes religieux et politique, caractéristique importante au regard de la problématique terroriste, puisque le terrorisme est d'abord un outil de service d'un objectif politique (Blin). [...]
[...] Comment définir le terrorisme ? A la différence de ce que l'on croit souvent, le terrorisme n'est pas un phénomène nouveau. Le terme apparait au moment de la Grande Terreur en France (1793-1794) et désigne au départ la terreur exercée au sein de la population par l'Etat. Néanmoins, le terrorisme tel que nous l'entendons aujourd'hui, c'est-à-dire une violence qui n'est pas exercée par l'Etat justement, apparaît vers 1860 parallèlement a la montée de la démocratie et des nationalismes, et est le fait de groupuscules sans légitimité ni moyens. [...]
[...] Les finalités Tout d'abord, si on s'accorde sur le fait que le terrorisme est une manifestation de violence, on le présente la plupart du temps comme une violence à des finalités politiques. W. Laqueur écrit qu'il s'agirait d'un usage d'une violence masquée et indirecte par un groupe à des fins politiques et dirigée contre un gouvernement, un autre groupe ethnique, des classes ou des partis Les terroristes chercheraient à provoquer un éclatement politique, social et économique. Malgré cette assimilation à une violence politique contestataire venant d'en bas cette seule caractéristique semble insuffisante puisqu'elle peut aboutir à une confusion entre terrorisme et violence politique. [...]
[...] Il y aurait donc une montée du sentiment subjectif d'insécurité dans des sociétés objectivement pacifiées, ce qui serait à l'origine d'une dramatisation du terrorisme. Dans une démocratie, le processus de civilisation de Norbert Elias (lié à l'affirmation de l'Etat qui monopolise la violence physique à son seul profit) crée un processus d'autocontrainte qui vise à exclure des rapports sociaux entre individus l'usage privé de la force. Dès lors, une violence terroriste est ressentie d'autant plus fortement qu'elle introduit une rupture avec le quotidien. [...]
[...] Leur expérience personnelle est identifiée à la cause suprême qu'ils servent. Le terroriste se veut en quelque sorte l'instrument qui réveillera la classe endormie De plus, il y a une objectivation de l'ennemi qui devient cible concrète à atteindre et à détruire, à annihiler et non pas une menace à écarter ou un espace à conquérir (comme lors d'une guerre normale). Enfin, Wieviorka affirme que le principe de totalité est comme entièrement dissous dans une rupture qui est aussi une lutte à mort ( ) les fins de l'action se confondent avec le moyen. [...]
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