Nous commençons cette étude du socialisme au moment où le terme apparaît. Bien entendu, l'inspiration de la pensée socialiste est plus ancienne que l'apparition du socialisme.
L'historienne de l'antiquité Claude Mossé a écrit dans l'histoire générale du socialisme dirigée par Jacques Droz un article sur « les origines antiques du socialisme » dans laquelle elle évoque notamment le « communisme » de Platon (Jacques Droz, Histoire générale du socialisme, Paris, Puf, 1972, rééd. coll. « Quadrige », 1997, vol. 1/sur 4). Les deux grandes utopies du XVIè siècle, L'utopie de Thomas More en 1516 (trad. M. Delcourt, Paris, GF) et La cité du soleil de Tommaso Campanella (trad. L. Firpo), Genève, Droz, 1972 ont inspiré également les penseurs socialistes : la tradition utopique se poursuit en effet au XVIIIe siècle chez des auteurs comme Morelly, auteur en 1755 du Code de la nature ou véritable esprit de ses lois (longtemps attribué à Diderot), ou Mably, frère de Condillac et proche de Rousseau qui fut précepteur de ses enfants, qui condamne la propriété des biens.
[...] Fourier peut encore être considéré comme l'inspirateur de la vie alternative, de la vie en communauté, qui repose sur l'idée que la société ne peut changer que si les individus apprennent d'abord à vivre autrement, idée qui eut également un grand succès dans le type de socialisme qui fut celui des soixante-huitards Mais précisément, ce qui pose problème dans ces deux conceptions pourtant divergentes, de la réforme sociale, est que celle-ci demeure en grande partie utopique. Les conditions du changement social ne sont pas analysées. L'histoire est interprétée mais pas utilisée pour faire advenir le changement au niveau collectif. [...]
[...] Chacun doit favoriser en lui un équilibre tel que l'essor de chacune favorisât celui de toutes les autres (p. 91). L'animal connaît cette harmonie : la passion conduit l'animal à son bien (p. 91) et jamais chez lui, on ne voit la gourmandise nuire à la santé par exemple. Chez l'homme, la nature est perdue, dit Fourier en des accents rousseauistes : Aussi l'homme, dans l'état actuel, est-il en état de guerre avec lui-même, ses passions s'entrechoquent ; l'ambition contrarie l'amour, la paternité contrarie l'amitié (p. [...]
[...] Il a écrit des articles dans les deux revues de l'École sociétaire, Le Phalanstère ou La réforme industrielle et La Phalange. L'École sociétaire tente de fonder un phalanstère dans les Yvelines, en 1833, mais Fourier est réservé sur le résultat. Si la pensée de Saint-Simon reposait sur une théorie de l'histoire, celle de Fourier appuie sa théorie du mouvement des sociétés sur une philosophie de la nature. Pour lui aussi, il y a une évolution des sociétés dans le temps : comme chez Saint-Simon et Auguste Comte, il y a des âges. [...]
[...] La conquête a dominé jusqu'au système féodal, puis a cessé peu à peu de constituer un but général. Reste à admettre la fin de cette époque et la nécessité de reconnaître que le but est l'industrie et de conformer l'ensemble de l'organisation sociale à ce but général. Pour Saint-Simon, son époque est une époque de chaos et de transition (Catéchisme industriel, p. 401). La société n'a pas été organisée et le deux buts continuent de se juxtaposer. C'est cette absence d'organisation qui est responsable du malaise social, ou comme le dit Saint-Simon, de la maladie de la société (L'Organisateur, p. [...]
[...] ou encore il faudra donc en régime sociétaire, que le travail soit aussi attrayant que le sont aujourd'hui nos festins et nos spectacles (ibid., p. 46). Chez Saint- Simon, c'est le bonheur qui doit se produire de surcroît, quand le système social est bien organisé, mais du coup, celui-ci ne s'interroge jamais sur les conditions subjectives du bonheur parce q'il admet ce présupposé de l'industrie selon lequel en produisant des biens, on produit du bonheur ; or, l'industrie civilisée ne peut donc ( ) que créer les éléments du bonheur, mais non pas le bonheur (ibid., p. [...]
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