Débat, libre, échange, Grande, Bretagne, XIXe, siècle
Le libre-échange correspond à la doctrine économique qui se développe sous l'impulsion de l'économie libérale dite classique dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle. Elle prône la liberté de circulation de tous les biens économiques (produits, services, capitaux, monnaie...) entre les pays. Le « laisser-faire » préconise la liberté du commerce entre les nations et la suppression de toutes les entraves aux échanges (droits de douane, contingentements). Par ailleurs, Adam Smith, dans son ouvrage Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations (1776), aborde la division internationale du travail et revendique a fortiori la pratique du libre-échange. Surtout cependant, c'est David Ricardo qui, dans les Principes de l'économie politique et de l'impôt (1817), est à l'origine de la théorie libérale de l'échange international. Ces économistes mettent en lumière les véritables enjeux du libre-échange dans le débat économique, qui va ensuite se prolonger dans le débat politique, comme c'est le cas de la Grande-Bretagne.
En 1815, ce pays est au premier rang de l'économie mondiale : il impose sa prépondérance dans la finance, et il domine incontestablement les secteurs commerciaux et industriels. La Grande-Bretagne tient, de plus, une place non négligeable dans l'agriculture qui est à cette époque en plein développement. De même, l'extension de la grande propriété (favorisée par le « mouvement des enclosures ») et l'utilisation de nouveaux moyens techniques y amorcent une « Révolution industrielle » plus que prometteuse. L'essor des échanges intérieurs et extérieurs de la Grande-Bretagne enclenche la « révolution des transports » avec le développement de routes, de rails et de canaux. A cela s'ajoute encore la puissance que confère la flotte marchande à la Grande-Bretagne : elle représente plus de 556 000 tonnes en 1763 et atteint plus de 2 milliards de tonnes après 1800. Dès lors, Londres est le premier port mondial et s'avère être le centre de redistribution de denrées exotiques dans toute l'Europe. Le pays exporte des produits lainiers, des denrées alimentaires, des denrées coloniales réexportées et des produits miniers. Les droits de douane sur tous ces produits constituent donc naturellement un sujet de débat important. Tel que le dit Lucien Genet d'ailleurs, « la question du libre-échange » apparaît comme « un problème économique qui met aux prises industriels et agriculteurs, un problème social contre aristocrates et bourgeois ».
Ainsi, dans quelle mesure le contexte politico-économique fragmenté par le débat sur les droits de douane en Grande-Bretagne de la première moitié du XIXe siècle est-il à l'origine de la mise en place d'un modèle libre-échangiste dans le pays, prémisse des politiques occidentales modernes ? En effet, alors que les contestations que rencontre le pays par rapport à sa politique protectionniste sont au début assez faibles, il n'en demeure pas moins que le modèle libre-échangiste l'emporte finalement, même si sa victoire est quelque peu controversée.
[...] La Grande-Bretagne et son modèle de libre- échange des années 1840-1850 constituent d'ailleurs aussi un exemple pour les autres pays européens qui mettent peu à peu en place leurs propres politiques libérales. Des traités de coopération commerciale tels que celui avec la France en 1860 illustrent bien ce phénomène et montrent que le système de libre-échange s'est rapidement encré sur tout le continent européen mais aussi aux Etats-Unis. On pourrait se demander si ce n'étaient là rien d'autre que les débuts d'une économie de marché moderne et libérale, adoptée aujourd'hui par la majorité des pays occidentaux. BIBLIOGRAPHIE : Roland MARX, Philippe CHASSAIGNE. Histoire de la Grande-Bretagne. Paris : Perrin Roland MARX. [...]
[...] Dès lors, tous les pays devraient pratiquer le commerce international et se spécialiser dans la production de biens où ils détiennent un avantage relatif important par rapport aux autres (théorie de l' avantage comparatif De plus, dans l'Essai sur l'influence des bas prix du blé sur les profits du capital, Ricardo écrit que l'importation du blé est une solution à la restauration des profits qui sont en train de diminuer, puisque les prix des aliments augmentent à cause de la rente et les employeurs sont obligés d'augmenter les salaires, au détriment de leurs propres revenus. Pour restaurer ce profit perdu, il faut abroger les Corn Laws et permettre le libre-échange. Les idées libre-échangistes de Ricardo sont, dès 1818, reprises par Mrs Marcet dans son livre Conversations. En 1821, on crée un club d'Economie politique ricardien à Londres où l'on convainc entre autres les industriels, les commerçants, et les bourgeois radicaux (nombreux sont des disciples de Bentham) que la solution proposée par le philosophe est la meilleure pour favoriser la production et l'emploi. [...]
[...] La révolution industrielle en Grande-Bretagne : des origines à 1850. Paris : Armand Colin François CROUZET. De la supériorité de l'Angleterre sur la France. Paris : Perrin Elie HALEVY. Histoire du peuple anglais au XIXe siècle. T.2 : Le lendemain de Waterloo. Paris : Hachette Elie HALEVY. Histoire du peuple anglais au XIXe siècle. [...]
[...] Le modèle libéral s'impose peu à peu dans les élites cultivées et quelques cercles parlementaires en Grande-Bretagne. Quelques années plus tard, cela va même jusqu'à pousser certains à mettre en place une opposition très active à la politique protectionniste du gouvernement (Anti- Corn Law League). . a été parallèle à l'apparition de premières entorses politiques au protectionnisme Environ à la même époque que sont publiées les premières oeuvres de Ricardo, on observe la prise de premières mesures politiques qui constituent les prémisses d'un futur système libre-échangiste. [...]
[...] Toute cette propagande n'est pas sans produire ses effets. Sir Robert Peel, chef des tories et Premier Ministre conservateur qui succède à Lord Melbourne (en 1841) est un réaliste. Devant une crise industrielle et un chômage important, il sait qu'une réforme pourrait améliorer la situation, d'autant plus que la reine Victoria et le prince Albert l'y encouragent. Il fait donc, en 1842, le premier pas. Il diminue fortement les taxes à l'importation sur les matières premières, les produits manufacturés et semi manufacturés, supprime les droits à l'exportation sur les produits finis et, pour équilibrer les recettes de l'Etat, ressuscite l'ancien impôt sur les revenus, l'income tax, qui avait été aboli en 1820. [...]
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