Plus de trente ans après le fameux « vous n'avez pas le monopole du coeur » de Valéry Giscard d'Estaing, près de 20 ans après « vous avez raison monsieur le Premier Ministre » de François Mitterrand, les débats
télévisés d'entre-deux tours restent dans la mémoire collective. Ils s'apparent à des grands-messes télévisuelles regardées par 20 à 30 millions de personnes.
Pourquoi les duels présidentiels ont-ils tant marqué l'histoire de la télévision et l'histoire politique ? Comment la télévision a imposé le genre en laissant les candidats imposer leurs règles et leurs limites à ces débats ?
[...] Ce débat participe participe cependant à la théâtralisation de la politique. En ce sens, les électeurs prennent assez souvent de la distance à l'égard des phrases qui sont lancées. En effet, le débat semble n'avoir changé la donne qu'en 1974 et en 1981 : en 1974 Mitterrand devance de plus de dix points VGE et pourtant c'est ce dernier qui gagne de voix. Et en 1981, c'est GVE qui est en tête au 1er tour avec 2,5 points d'avance, et Mitterrand le devance de plus de un million de suffrages, peut être grâce à son homme du passif La campagne présidentielle peut ainsi s'apparenter à une tragédie, avec se moments forts, comme le face à face d'entre deux tours. [...]
[...] Comment la télévision a imposé le genre en laissant les candidats imposer leurs règles et leurs limites à ces débats ? Une petite histoire des duels d'entre deux tours * Ce face à face télévisé à été inventé par Michel Bassi et Alain Duhamel. Mais à l'époque, la TV est encore un média très méconnu, et l'on ne connaît encore pas l'impact du positionnement des micros, des caméras etc. Participer à un tel débat était un type de risque qui n'avait jamais été pris avant, par les hommes politiques. [...]
[...] Dès lors, c'est le débat le plus écouté de tous, et non le plus entendu : les téléspectateurs suivent en effet ce qui s'y dit plutôt que ce qui s'y fait, et l'on ne relève aucune phrase assassine. Chirac et Jospin ressortent en ainsi tous deux satisfaits. * En 2002, la question s'est posée pour savoir si Chirac devait débattre face à Le Pen : estce qu'on débat avec Le Pen quand on est de facto le candidat républicain ? La réponse a été non, même si ce débat d'entre-deux tours paraît incontournable en raison de l'engagement du candidat d'extrême droite. [...]
[...] Conclusion : Depuis que le débat télévisé d'entre-deux tours a été lancé en 1974, il n'a cessé de s'imposer comme le point d'orgue de la campagne des candidats républicains. L'option du débat à l'américaine où les candidats dialoguent avec le journaliste mais pas l'un avec l'autre, avait été évoquée pour le débat entre Sarkozy et Royal, mais les directeur de campagne ont préféré rester à la version traditionnelle du face à face, comme si celle-ci était ancrée dans la tradition de la Vème République. [...]
[...] C'est à cette occasion que VGE lance son fameux vous n'avez pas le monopole du cœur Mitterrand, qui avait fait une sieste avant de participer au débat, ne rétorque pas et un flottement s'installe. Il ne reprendra pas le dessus. * En 1981, encore échaudé par se défaite de 1974, Mitterrand fait appel à Serge Moati et Jacques Séguela pour assister le réalisateur de l'émission. Le débat se déroule le 5 mai. C'est à cette occasion que Moati codifie le débat, et les règles sont encore d'actualité. [...]
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