Louis-Napoléon Bonaparte, Deuxième République, Daniel Halévy, éducation, entrepreneurs politiques, Joseph Caillaux, duc de La Rochefoucauld-Doudeauville, classe laborieuse, Alain Garrigou, IIIe République
Le suffrage universel masculin a été établi définitivement en France par la Deuxième République en 1848, mais après le coup d'État de Louis-Napoléon Bonaparte en 1851, il n'a repris son sens qu'avec les débuts de la Troisième République dans les années 1870. Daniel Halévy a désigné cette période comme celle de la « fin des notables », c'est-à-dire des élites traditionnelles aristocratiques. En effet, l'instauration d'un suffrage universel, en permettant à tous de se porter candidat et de choisir des représentants, devrait modifier les hiérarchies héritées de l'Ancien Régime. Mais, est-ce réellement le cas ? Dans quelle mesure l'avènement du suffrage universel a-t-il permis le renouvellement du personnel politique en France et une meilleure représentation de toutes les couches sociales ?
[...] Ce travail était mené par un corps d'instituteurs qui « s'émancipaient progressivement des tutelles locales » (p. 229) et que l'Etat chargeait explicitement d'aller contre l'influence du clergé. Les entrepreneurs politiques Ces évolutions ont permis à un nouveau groupe d'émerger face aux notables : les entrepreneurs politiques, qui s'appuient sur des arguments politiques pour se faire élire plutôt que sur les solidarités locales. Et effectivement, la composition sociale de l'Assemblée a changé sous la Troisième République : la part des anciens aristocrates est passée de 34% en 1871 à 10% en 1919 (p. 283). [...]
[...] Dans quelle mesure l'avènement du suffrage universel porte à la fin des notables ? Le suffrage universel masculin a été établi définitivement en France par la Deuxième République en 1848, mais après le coup d'État de Louis-Napoléon Bonaparte en 1851, il n'a repris son sens qu'avec les débuts de la Troisième République dans les années 1870. Daniel Halévy a désigné cette période comme celle de la « fin des notables », c'est-à-dire des élites traditionnelles aristocratiques. En effet, l'instauration d'un suffrage universel, en permettant à tous de se porter candidat et de choisir des représentants, devrait modifier les hiérarchies héritées de l'Ancien Régime. [...]
[...] Néanmoins, cela ne signifie pas forcément que les élus d'aujourd'hui ressemblent plus à leurs électeurs. En effet, c'est surtout qu'une nouvelle élite a pu se constituer. L'émergence d'une nouvelle élite « notabilisée » Une classe laborieuse toujours peu représentée En 1919, la part de parlementaires issus ou de la classe ouvrière était inférieure à 10% (p. 284), un chiffre qui n'est pas radicalement différent aujourd'hui. Ainsi, a demeuré au cours du XX[ème] siècle une distance importante entre les électeurs et leurs représentants. [...]
[...] 334) La multiplication des chaînes de télévision et de radio depuis les années 1970 n'a pas changé cet état de fait. A côté de la télévision et de la radio, les instituts de sondages ont aussi un rôle de plus en plus important dans le déroulement des campagnes électorales. Dès 1966, Jacques Marette, secrétaire adjoint de l'UNR, déclarait qu'un parti devrait consacrer un cinquième de son budget aux sondages (p. 338). Marketing politique, sondage, meetings : tout ceci favorise les candidats proches des grands entrepreneurs des médias, dans ce qu'Alain Garrigou appelle la « démocratie plébiscitaire ». [...]
[...] Les anciens aristocrates, qui dominaient encore la vie politique française au milieu du XIX[ème] siècle, ont perdu du pouvoir et de l'influence au profit des nouvelles catégories bourgeoises qui ont su investir le « marché politique » comme « entrepreneurs de la politique ». Peut-on parler d'une nouvelle notabilité ? La montée de l'abstention qui caractérise ces dernières décennies est en tout cas souvent lue comme un signe de défiance envers la « caste » politique. [...]
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