Il semble que pour durer dans le temps et ne pas disparaître, que ce soit le fait d'une dégradation naturelle ou humaine, la culture a besoin d'être transmise d'une génération à l'autre. Cette mission de transmission, afin de permettre l'accès au plus grand nombre à la culture, a été saisie par les pouvoirs publics, État puis collectivités territoriales, au détriment de la sphère privée.
Cependant des mouvements d'avant-garde comme le dadaïsme et le surréalisme se sont inscrits en porte-à-faux de la conventionnalité du processus de patrimonialisation de la culture, démontrant par là que la culture n'avait pas nécessairement vocation à être transmise, mais plutôt à être vécue immédiatement, sans logique, avec extravagance.
Dans son discours intitulé "Hommage à la Grèce" et prononcé le 28 mai 1959, à Athènes, André Malraux, ministre de la Culture du Général de Gaulle, indiquait que "la culture ne s'hérite pas, elle se conquiert". Dès lors, la question de la transmission de l'héritage culturel semble se poser. En effet, il apparaît immédiatement une tension entre, d'une part, la notion de culture, qui ne s'hérite pas, mais ce conquiert, ce qui implique une créativité, un effort, un mouvement et, d'autre part, la notion d'héritage et de patrimoine culturel, qui implique une immobilité, une passivité, une attitude conservatrice au sens propre du terme.
[...] Ainsi tout un mouvement de la performance fait appel à la mise en place de situations visant à infiltrer le tissu social (voir par exemple, l'art sociologique). Avec l'apparition des pratiques relationnelles et de nouveaux outils de communication à la fin du XXe siècle, les artistes qui travaillent de cette manière se sont multipliés depuis les années 1990. Cependant, aucune forme de culture ne peut échapper au processus de patrimonialisation, qu'elle le veuille ou non. Il est assez ironique de considérer qu'il n'y a aujourd'hui pas plus institutionnalisé et patrimonialisé que les mouvements d'avant-garde des années 1920. [...]
[...] Il existe aussi aujourd'hui certaines formes de culture qui se définissent en dehors de toute idée de patrimonialisation. L'art performance ou performance artistique est un médium ou une tradition artistique interdisciplinaire, née vers le milieu du XXe siècle, dont les origines se rattachent aux mouvements d'avant-garde (dadaïsme, futurisme, École du Bauhaus, etc.).La performance découle la plupart du temps d'un travail lié à la notion de formulation et par extension, se traduit sous forme de texte qui est produit soit au préalable, soit a posteriori. [...]
[...] Dictionnaire raisonné de l'architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 8. L'interprétation qu'il a eue des monuments a parfois été considérée comme trop créatrice, c'est pourquoi, par exemple, La Basilique Saint-Sernin de Toulouse a été dé-restaurée en 1975-76, c'est-à-dire qu'on est revenu à l'état précédant les restaurations de VIOLLET-LE-DUC. Une patrimonialisation de la culture pour la diffuser Si la culture n'échappe pas au patrimoine, c'est aussi pour rester dans la mémoire collective et pour marquer l'Histoire. Milan KUNDERA s'exprima en ces termes en janvier 1979 dans une tribune du journal Le Monde : La culture, c'est la mémoire du peuple, la conscience collective de la continuité historique, le mode de penser et de vivre L'Etat se doit, par suite, de veiller à ce que le peuple ne perde pas prise avec sa culture, afin de maintenir la cohésion sociale nécessaire à toute nation, d'autant plus lorsqu'elle est multiculturelle. [...]
[...] Cette marche à la démocratisation forcée n'a pas produit les effets escomptés. Une enquête de l'INSEE, en 2000, liant diplôme et pratiques culturelles, a montré que 85% des diplômés du supérieur déclarent avoir lu au moins un livre dans l'année, ce n'est le cas que pour 31% des personnes ne disposant d'aucun diplôme. De façon encore plus élitiste, si 41% des bacheliers ont assisté à une représentation de spectacle vivant au cours de la dernière année, cette affirmation n'est vraie que pour 18% des personnes disposant d'un CAP ou BEP. [...]
[...] C'est pourquoi Jean-Jacques AILLAGON, ministre de la Culture, s'exprimait en ces termes dans Le journal du Film français, le 16 mai 2003 : Le ministère de la Culture doit être aussi le ministère de l'Economie de la culture Le ministère de la Culture se doit de prendre en compte cette dimension de marchandise de la culture lorsqu'elle devient patrimoine, car, d'une part, constituer et entretenir le patrimoine culturel a un coût pour l'Etat et, d'autre part, l'Etat doit savoir s'appuyer sur les investisseurs privés, en défiscalisant l'achat d'objets d'art et la rénovation de monuments historiques, qui peuvent par la suite prêter leurs collections lors d'expositions. Mais se pose aussi la question de l'efficacité et de l'équité du processus de patrimonialisation de la culture. Est-ce parce que la culture est inscrite dans le patrimoine national ou mondial qu'elle sera rendue pour autant plus accessible au citoyen ? Comme l'indique Hannah ARENDT dans La crise de la culture, l'institutionnalisation de la patrimonialisation de la culture n'a de sens que si elle s'accompagne d'une démocratisation de l'accès à la culture et au patrimoine. [...]
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