Le discours politique dominant en France a coutume de dénoncer les carences de l'Union européenne en matière économique pour justifier la mollesse de la croissance française depuis plusieurs années. En effet, les performances de croissance de la zone euro sont très éloignées tant des niveaux atteints par les Etats-Unis que de ceux atteints par l'économie mondiale. Ainsi, le PIB de la zone euro n'a-t-il cru que de 0,8% en 2003, 1,9% en 2004, 1,4% en 2005 et 2,5% en 2006, quand dans le même temps la croissance mondiale s'élevait de 3,6% en 2003, 4,8% en 2004, 4,4% en 2005 et 4,8% en 2006, et quand celle des Etats-Unis se maintenait à un niveau d'au moins 1 point supérieur à celle de la zone euro (2,7% en 2003, 4,2% en 2004, 5,2% en 2005 et 3,5% en 2006).
La France, qui se situe autour de la moyenne européenne avec un taux de croissance du PIB de 1,1% en 2003, 2,3% en 2004, 1,2% en 2005 et 2,2% en 2006, serait donc pénalisée par un environnement européen peu propice à la croissance économique. Les dirigeants politiques français dénoncent particulièrement les limites infligées à la politique budgétaire par le pacte de stabilité et de croissance et la politique monétaire restrictive menée par la Banque centrale européenne (BCE). Ainsi l'idée dominante est-elle qu'il suffirait de réformer ces règles pour permettre à la zone euro et à la France de retrouver une croissance forte. Mais peut-on vraiment imputer la faiblesse durable de la croissance française aux limites que l'Europe fixe aux politiques de relance keynésienne ? L'opinion courante selon laquelle la faiblesse de la croissance française est due à des règles européennes trop rigides est sans doute vraie à court terme, mais fausse à moyen et long terme, car le niveau de croissance potentielle (c'est-à-dire le niveau que peut soutenir l'économie durablement sans créer de tensions inflationnistes) est largement déconnecté de ces règles européennes. La trop faible croissance potentielle de la France est surtout le fait de faiblesses intrinsèques aux économies européennes en général et à l'économie française en particulier, qui appellent le développement de politiques volontaristes pour agir efficacement sur les déterminants de la croissance à moyen et long terme.
[...] Elle doit également achever l'unification des marchés financiers, et favoriser l'ouverture des marchés des services. Elle devrait enfin promouvoir la création d'un espace européen de la recherche et de l'enseignement supérieur, afin de coordonner les efforts des Etats membres en matière de formation et de recherche et développement, et pourrait utilement financer la création d'universités européennes de stature mondiale. Mais ce sont surtout les Etats qui doivent agir pour améliorer la productivité générale de leur économie. La France peut tout d'abord intervenir en agissant sur les externalités positives, en favorisant par exemple la création de pôles de compétitivité comme elle le fait depuis quelques années. [...]
[...] Déterminer la croissance potentielle revient donc à anticiper l'évolution future de ces déterminants. La théorie économique considère qu'à long terme, le stock de capital s'ajuste aux besoins de l'économie, et que donc la croissance potentielle ne dépend que de la PGF et de l'évolution démographique. Le modèle de Solow explique, en effet, que le produit d'une économie croit par accumulation du capital par tête, jusqu'à ce que le rendement marginal du capital (qui est décroissant) soit égal au coût d'usage du capital. [...]
[...] Le discours politique dominant en France a coutume de dénoncer les carences de l'Union européenne en matière économique pour justifier la mollesse de la croissance française depuis plusieurs années. En effet, les performances de croissance de la zone euro sont très éloignées tant des niveaux atteints par les Etats-Unis que de ceux atteints par l'économie mondiale. Ainsi, le PIB de la zone euro n'a-t-il cru que de en en en 2005 et en 2006, quand dans le même temps la croissance mondiale s'élevait de en en en 2005 et en 2006, et quand celle des Etats-Unis se maintenait à un niveau d'au moins 1 point supérieur à celle de la zone euro en en en 2005 et en 2006). [...]
[...] Cette part relativement faible de la croissance du nombre d'heures travaillées dans le potentiel de croissance français ne doit pas faire oublier que la raison première de notre faible niveau de richesse par individu (PIB/tête) par rapport aux Etats-Unis est la faible mobilisation de nos ressources en main d'œuvre. La France combine le désavantage d'avoir l'un des taux d'emploi les plus faibles des pays industrialisés avec des taux particulièrement faibles chez les jeunes et les seniors, et un nombre d'heures annuelles travaillées par personne ayant un emploi parmi les plus faibles de ces même pays industrialisés (1535 heures par an). [...]
[...] C'est sans doute l'une des raisons pour lesquelles elle n'a pas débouché sur grand chose et ses objectifs ont été revus à la baisse en 2006. Mais plus largement, l'absence d'un gouvernement économique de l'Union européenne se traduit par des résultats très décevants dans les domaines où l'on pouvait s'attendre à des progrès favorables à la croissance. Tout d'abord, la libre circulation des marchandises et des travailleurs ne s'est pas réellement traduite par l'apparition d'un marché unifié : la convergence des prix que devait assurer l'Euro n'a pas eu lieu et on observe finalement que l'intensité des échanges à l'intérieur des Etats-Unis demeure deux à trois fois plus élevée que sur les marchés européens, et que la dispersion des prix y est plus faible. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture