Introduction : De la réciprocité des rôles des institutions politiques, de la croissance et du développement
Contrairement à une idée reçue, la croissance et le développement économiques ne s'expliquent pas qu'à travers le facteur géographique. «En effet, s'ils se limitaient aux seuls attributs géographiques, nous aurions du mal à expliquer pourquoi le Botswana enregistre de bons résultats économiques alors que ses voisins, comme l'Angola ou le Zimbabwe, connaissent de graves difficultés. » . Dans son document, le Fonds Monétaire International (FMI) suggère l'existence d' « une grande multiplicité de facteurs » déterminant le progrès économique et il insiste tout particulièrement sur la qualité des institutions politiques. En ce sens, la corrélation entre les trois termes du sujet semble s'éclaircir.
Il s'agit dans un premier temps de définir les mots-clés du sujet. Tout d'abord, la croissance d'un pays représente l'augmentation soutenue et sur une période longue de la production nationale . La croissance n'est pas à confondre avec le développement, bien que ces termes s'accompagnent fréquemment. Ce dernier synthétise l'ensemble des transformations structurelles de l'ordre social, économique et démographique. Il porte en lui une dimension qualitative de progrès économique et social et serait tributaire de la qualité des institutions politiques. Celles-ci désignent l'ensemble des règles et des instances qui organisent la société et qui sont en mesure d'intervenir sur le marché par leur pouvoir décisionnel et régulateur.
La thèse qui sera défendue dans ce travail consiste à dire qu'il existe un effet de réciprocité entre le progrès économique, apprécié à travers la croissance et le développement, et les institutions politiques.
Nous appréhenderons cette thèse avec la problématique suivante : en quoi les institutions politiques sont garantes de la croissance économique et du développement et, de manière réciproque, dans quelle mesure la croissance économique est une condition pour de bonnes institutions favorables au développement?
Cette problématique place la question des institutions politiques au centre de ce travail. Elle nécessite une réponse en deux parties. Nous verrons dans un premier temps en quoi la croissance et le développement économiques sont stimulés par des institutions politiques solides. Nous pousserons la logique du renforcement des institutions politiques pour montrer qu'elles peuvent finir par avoir un effet néfaste sur le développement. Dans une seconde partie, nous verrons en quoi l'influence est réversible et que la croissance peut être à l'origine d'une amélioration des institutions politiques et, dans une certaine mesure, d'un développement global.
[...] En réponse, les institutions politiques vont promouvoir le progrès technique, moteur de la croissance économique selon la pensée de R. Solow. Celui-ci affirme que le progrès technique, véritable manne tombée du ciel permet de repousser les limites naturelles de la croissance. Devant des ressources en main-d'œuvre et en capital de moins en moins efficaces, les politiques industrielles encouragent une amélioration de la production. Les institutions politiques peuvent également encourager la croissance par des politiques de privilèges fiscaux aux entreprises, comme dans les zones franches. [...]
[...] Les causes de la faiblesse du développement ne sont pas qu'endogènes aux institutions locales. Les faits montrent que devant la multiplicité de régimes politiques démocratiques ou non, le développement peut être entravé. Le phénomène de mondialisation fait émerger, au-delà des capacités d'action des institutions politiques, un rapport de force entre différentes économies. Une véritable subordination des pays pauvres aux pays riches devient la dynamique du sous-développement. Les théories dépendantistes expliquent que le développement est en quelque sorte le fruit du sous-développement. [...]
[...] Behrens III Berstein, Serge / Milza, Pierre, Histoire du XXe siècle, tome Hatier Paris Sites internet Sénat, L'information économique aux Etats-Unis, http://www.senat.fr/rap/r00-326/r00-326132.html Fonds Monétaire International, Fiches techniques Quotes-parts au FMI, http://www.imf.org/external/np/exr/facts/fre/quotasf.htm Perspectives de l'économie mondiale, Croissance et institutions, Fonds Monétaire International, Washington, avril 2003, page 111 Perspectives de l'économie mondiale, Croissance et institutions, Fonds Monétaire International, Washington, avril 2003, page 111 Définition inspirée de: Perroux, François, L'économie du XXe siècle, Presses Universitaires de France, Paris The limits to Growth, Report to The Club of Rome by Donella H. Meadows, Dennis l. Meadows, Jorgen Randers, William W. Behrens III Landes, David S., Richesse et pauvreté des nations, Edition Albin Michel, Paris page 489 Sénat, l'information économique aux Etats-Unis, http://www.senat.fr/rap/r00-326/r00-326132.html Au sens de W. Rostow, il s'agit de la seconde étape de développement économique sur cinq en tout. [...]
[...] Afin d'assurer la durabilité du développement, les institutions politiques ont inscrit la base juridique des contrats et des libertés économiques dans le droit. W. Rostow voit dans la phase de mise en place des conditions préalables au démarrage l'introduction de la protection du droit de propriété, du capital, des libertés d'entreprendre et de se déplacer sur le marché. De telles institutions encouragent les initiatives comme la Grande-Bretagne et l'Irlande en Europe qui favorisent l'appropriation privée des innovations par des mécanismes de brevets qui incitent les plus qualifiés à accaparer les rentes d'innovation. [...]
[...] La croissance est un phénomène rencontrant une double limite que les institutions politiques permettent d'outrepasser. Selon l'école classique (XVIIIe-XIXe siècle), l'épuisement des ressources naturelles est une première cause qui explique cette limitation de la croissance. Plus récemment, le rapport Meadows du club de Rome a ajouté à cette idée le rôle de l'explosion démographique et de la pollution dans le déclin incontrôlable des capacités industrielles A cet égard, les institutions politiques établissent des conditions matérielles, intellectuelles, voire idéologiques requises à la croissance économique. [...]
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