En 1918, l'Europe sort de quatre années d'une économie de guerre dans laquelle l'Etat est devenu partout le principal acheteur de l'économie nationale et son maître d'œuvre. Ce qui n'était qu'une parenthèse interventionniste pour certains pays préfigurait dans la naissante Union des Républiques Socialistes Soviétiques le système économique des 70 années à venir.
Cette Europe doit se reconstruire et le retour vers la croissance – c'est-à-dire la variation positive des quantités produites sur une période et un territoire donné – est d'autant plus compliqué que les pertes humaines, matérielles et financières sont considérables.
Or, le lendemain de la Première Guerre mondiale, c'est aussi ce que d'aucuns appelleront un « moment de gloire pour les constitutionnalistes français. ». Le système politique de la IIIe République devient une source d'inspiration majeure en Europe dans l'immédiat après-guerre et cela se traduit, au-delà de la faiblesse de l'exécutif et de la représentation proportionnelle, par l'instauration du suffrage universel qui répand presque partout en Europe la démocratie de masse.
Cette notion de démocratie de masse nécessite une définition assez poussée. Dans son Histoire du mot démocratie, Pierre Rosanvallon retrace le chemin parcouru par le sens du mot « démocratie » à travers les XVIII, XIX et XXe siècles et réfléchit aux principales raisons du passage de la démocratie antique où le peuple détient toute l'autorité à la démocratie moderne représentative.
[...] Seuls les pays qui étaient déjà industrialisés avant la guerre vont réussir à retrouver la croissance : la France, la Grande- Bretagne, l'Italie et, grâce à un fort redressement, l'Allemagne. Ces Etats sont en effet les seuls à bénéficier de la seconde révolution industrielle qui conduit à la fin des années 20 à ce qu'ils aient certes connu un remarquable essor de la production mais également un engorgement des marchés et toute une série de déséquilibres sociaux et économiques qui rendent cette prospérité bancale, voire factice. [...]
[...] Ainsi, la démocratie et l'économie de marché se répandent sur toute l'Europe de l'est et un rattrapage s'engage de ces pays en transition sur les vieilles puissances ouest-européennes comme ce fut le cas 15 ans plus tôt pour l'Espagne ou l'Irlande. L'échec des grandes démocraties n'est donc qu'économique puisqu'en somme, la Démocratie devient enfin la règle, là où elle était l'exception et les régimes autoritaires de parti unique étaient la règle. Ce constat doit néanmoins être relativisé en ce qui concerne la construction européenne. [...]
[...] Heureusement pour palier la complexité de sa définition, la démocratie présente des traits distinctifs facilement identifiables et relativement simples à évaluer qui rendent possible son étude. Je pense ici à l'indépendance de la justice, la liberté de la presse, de manifester, de voyager, de parole ou encore de religion. Le besoin pressant de croissance économique et la vague de transitions vers la démocratie à partir de 1918 en Europe nous invitent à étudier en pratique le caractère opérant de l'identité proposée par Milton Friedman dans son ouvrage Capitalism and Freedom qui voudrait que l' élargissement des droits politiques favorise le renforcement des droits économiques et permettrait de ce fait l'accélération de la croissance Ainsi, ce qu'il apparaît intéressant de traiter, ce n'est ni la seule histoire de la démocratie, ni celle des cycles économiques, encore moins celle des systèmes économiques mais celle des effets réciproques de la démocratie sur la croissance et de la croissance sur la démocratie à la lumière du 20ème siècle européen. [...]
[...] Ces nouvelles démocraties ouest-européennes vont par la suite progressivement rattraper leur retard économique et en ce sens donneront du crédit à la thèse de Friedman. B. 1975-2005 : l'échec (économique) de la démocratie européenne A partir de 1973 et le premier choc pétrolier jusqu'à la fin des années 1990 on assiste à deux tendances contradictoires. La première est que l'Europe de l'ouest travers une période de morosité économique caractérisée par une croissance molle et la seconde qui commence à la fin des années 1980 est le basculement des anciens Etats du Pacte de Varsovie dans la démocratie parlementaire de masse. [...]
[...] Elles serviront de bornes à ce qui suit. La première période s'étend de 1918 à 1945, elle est marquée par l'échec apparent de la thèse de Friedman puisque la plupart des régimes démocratiques ne sont pas parvenus à se maintenir et n'ont pas réussi à éviter la crise économique de 1929 ( I La seconde commence en 1945 et se termine en 2005 et elle correspond à une période de forte croissance économique pendant trente ans dans les pays européens démocratiques, suivie pendant les 30 années suivantes d'une période de stagnation économique dans ces mêmes pays mais d'enrichissement pour les pays ayant accompli une transition vers la démocratie. [...]
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