« Une assemblée quelconque d'hommes ne peut constituer une nation. Une entreprise de ce genre doit même obtenir une place parmi les actes de folie les plus mémorables » C'est en ces termes que Joseph de Maistre critiquait le régime représentatif que les Lumières entendaient établir et que les révolutionnaires ont institué après la Révolution française. Et en effet le problème de la représentation se pose aux origines mêmes du régime représentatif : si le peuple n'était pas représenté sous l'Ancien Régime (si on considère que les représentants du tiers État n'avaient pratiquement aucun pouvoir), comment peut-il faire entendre sa voix dans un régime où, certes, il élit des représentants chargés de l'exprimer, mais où une fois élus, ceux-ci risquent de s'écarter du programme, de l'idée qu'ils sont censés concrétiser? Ne glisse-t-on pas, dés lors, vers un régime où les représentants du peuple ne serviraient qu'à se faire voir ? Et en effet, la représentation ne connote-t-elle pas non plus l'univers théâtral et la mise en scène des aspirations du groupe ? C'est d'ailleurs dans ce registre que Jean-marc Adolphe évoque la crise de la représentation que ressentent actuellement les intermittents du spectacle. Faudrait-il en conclure comme Jean-Jacques Rousseau dans Du Contrat Social, que bien que le régime représentatif soit souhaitable, le Peuple n'est pas « représentable » puisque la volonté générale ne peut se manifester que là où le Peuple est assemblé collectivement et décide à l'unanimité ? Nous avons pourtant opté pour un régime démocratique et représentatif, même si, on s'en rend bien compte, le véritable régime représentatif est un leurre et les défauts de la représentation immuables. Actuellement, 70% des français considèrent qu'ils sont mal représentés par un parti politique et 74% d'entre eux estiment qu'ils ne le sont pas par un leader politique (selon un sondage Sofres de 2001)
Augmentation considérable de l'abstention, des votes blancs ou nuls, des griefs toujours plus virulents à l'égard des hommes politiques…autant de symptômes qui témoignent d'une crise de la représentation. Et quel meilleur exemple que le séisme des élections présidentielles de 2002 pour illustrer la crise politique que traverse la France ? Mais peut-on percevoir cette crise comme une désaffection des citoyens pour la politique, phénomène que beaucoup considèrent comme une conséquence inéluctable de la démocratisation des sociétés, ou simplement comme le signe d'une mutation du processus représentatif chez les citoyens ?
Il convient d'abord de s'intéresser aux formes que prend cette crise ainsi qu'à ses origines pour vérifier si elle s'inscrit véritablement dans une tendance à la désaffection pour la politique de la part du citoyen, et si l'on peut y remédier.
[...] Et en effet le problème de la représentation se pose aux origines mêmes du régime représentatif : si le peuple n'était pas représenté sous l'Ancien Régime (si on considère que les représentants du tiers État n'avaient pratiquement aucun pouvoir), comment peut-il faire entendre sa voix dans un régime où, certes, il élit des représentants chargés de l'exprimer, mais où une fois élus, ceux-ci risquent de s'écarter du programme, de l'idée qu'ils sont censés concrétiser? Ne glisse-t-on pas, dés lors, vers un régime où les représentants du peuple ne serviraient qu'à se faire voir ? Et en effet, la représentation ne connote-t-elle pas non plus l'univers théâtral et la mise en scène des aspirations du groupe ? [...]
[...] Avec la construction européenne, ce sont des sphères croissantes d'intervention qui échappent aux représentants nationaux. Quant à la décentralisation, elle contribue à éclater la souveraineté en une multitude de souverainetés locales et ne réussit pas vraiment à combler le déficit démocratique des institutions représentatives. Dans les deux cas, la représentation en pâtit compte tenu du manque de distinction des compétences respectives de chaque niveau de décision. Les citoyens ont de plus en plus de mal à comprendre qui décide, qui les représente, et donc vers qui ils doivent se tourner. [...]
[...] De même, la loi sur la parité avait pour but de remédier au sentiment d'exclusion et de méfiance des femmes à l'égard du politique. Après l'échec de la loi de 1982 (censure du Conseil constitutionnel), la révision constitutionnelle du 8 juillet 1999 ajoute à l'art 3 de la Constitution la disposition suivante : la loi favorise l'égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et aux fonctions électives et prévoit que les partis doivent contribuer à la mise en œuvre de ce principe. [...]
[...] L'attitude des citoyens à l'égard de la politique reste donc une attitude sceptique, critique, et volontairement lointaine même si la majorité de ceux-ci se disent satisfaits de l'état actuel de la démocratie en France. Mais aussi par l'éclatement du vote et la montée des extrêmes Le développement des votes protestataires et l'éclatement du vote qui en résulte témoignent également de la baisse de confiance des français dans les institutions françaises. L'audience des partis hors système, aussi bien de droite (Jean-Marie Le Pen, candidat du Front National, accéda même au deuxième tour des élections présidentielles en 2002) que de gauche, est en augmentation. [...]
[...] Ils concernent plus de 16% des votants lors du référendum sur le quinquennat du 24 septembre 2000. Des études montrent également que le vote blanc ne touche pas les personnes mal insérées dans la société et qu'il augmente même avec la classe sociale. On peut encore une fois l'interpréter comme une attitude sceptique à l'égard de la sphère politique, signe du sentiment de nombreux citoyens d'être mal représentés par les acteurs de la scène politique. II) Une crise inhérente au système représentatif et aux origines multiples Cette crise de la représentation, que certains aimeraient inscrire dans l'évolution inéluctable des sociétés démocratiques (et pourquoi pas, puisqu'il semble véritablement que la démocratie soit entrée dans l'ère du feed-back, et que la formule cultivons notre jardin ait de nombreux adeptes), cette crise a des origines multiples, qui relèvent tant du domaine politique que du domaine économique. [...]
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