« Les partis sont toujours en retard sur les idées » (Léon Bourgeois. Peu flatteuse, cette citation fait référence à la mauvaise image qu'a l'opinion publique des partis politiques. Ce désaveu n'est pas un fait nouveau, les partis politiques ayant fait l'objet de ferventes critiques dès leur création. En effet, certains leaders politiques leur ont reproché d'être des agents de division dans un Etat qui a besoin d'unité, d'autres personnalités populistes ont insisté sur leur inefficacité, voire leur corruption ; les partis ne sauraient en tout cas pas prendre les décisions simples qui s'imposent pour faire face aux crises que traverse la France. Cette coloration traditionnelle négative de l'image des partis s'est évidemment renforcée ces dernières années, avec le développement d'affaires qui ont éclaboussé un certain nombre d'hommes politiques. L'opinion publique semble d'ailleurs presque aussi sévère pour les quelques cas d'enrichissement personnel que pour les nombreux dossiers de financement illégal de l'activité politique. A l'appui, un sondage réalisé par le CSA en 2005 indique que 76% des Français n'ont pas confiance dans les hommes politiques. Le sentiment des Français et d'autant plus marquant qu'il n'est leur est pas particulier mais partagé par d'autres citoyens européens à propos de leurs dirigeants politiques. De cette rancœur, les électeurs, lorsqu'ils ne s'abstiennent pas de voter, n'hésitent pas à pratiquer le vote protestataire.
[...] Cet engouement pour l'altermondialisme suscite plusieurs questions. En quoi ce mouvement constitue-t-il une innovation dans l'engagement politique ? Marque-t-il le déclin des forces politiques traditionnelles. Peut-il répondre à toute la demande sociale ? Nous partirons premièrement d'un constat, celui du déphasage entre la demande de la société et l'offre traditionnelle des partis politiques. De ce décalage naît l'intérêt porté aux nouvelles formes d'engagement politique telle que l'altermondialisme, dont l'action ne peut être cependant que limitée dans le champ politique. I. [...]
[...] Les individus veulent sortir du giron des partis politiques et du dirigisme étatique. C'est pourquoi on constate une nouvelle visibilité d'organisations collectives capables d'intervenir fortement dans le débat public, détachées de toute contrainte de représentation qui ne relèvent ni du modèle partisan ni du modèle syndical. Ce type d'organisations est celui privilégié par le mouvement altermondialiste dont les prises de positions correspondent tout à fait avec les nouvelles préoccupations des individus. Cette nouvelle mobilisation citoyenne permet à d'autres acteurs de prendre le relais des formes traditionnelles d'engagement déficientes et d'organiser des structures de mobilisations plus libres, autonomes et souples plus à même de répondre aux nouveaux besoins. [...]
[...] Ainsi qu'évoque le terme d'altermondialisation pour les Français ? Beaucoup auront en tête l'action de José Bové et l'image d'individus fauchant un champ d'OGM (Organismes Génétiquement Modifiés) ou encore le rassemblement du Larzac en 2003. Certains se remémoreront les manifestations très médiatisées de Seattle en 1999 et toutes les oppositions aux sommets du G8 (Groupe des 8). Révélé au grand public par les actions coup de poing des militants altermondialistes, c'est un mouvement fervent contestataire du statut et des politiques des institutions mondiales telles que l'OMC (l'Organisation Mondiale du Commerce), le FMI (le Fond Monétaire International), l'OCDE (l'Organisation de Coopération et de Développement Economiques), le G8 et la Banque mondiale. [...]
[...] De même, c'est dans le cadre des Etats que sont formées les élites de la mondialisation comme celles de l'altermondialisation. D'autre part, il critique l'analyse de ces protestations comme une révolte spontanée des sociétés civiles face à un processus naturel, la mondialisation, qui les submergeait. Pour lui, la lutte pour une autre mondialisation n'est pas un mouvement à recrutement direct, mais plutôt une mobilisation de mobilisations qui se fonde sur la coordination de groupes s'associant, au-delà de leurs propres objectifs, dans une structure nouvelle. [...]
[...] Les partis politiques, fondés sur des clivages sociaux, sont censés traduire en langage politique les intérêts de la classe sociale qu'ils représentent. Cependant, la représentation sociale prônée par ces organisations politiques s'est révélée illusoire, illusion qui s'accentue toujours encore plus avec les années. En effet, les dernières décennies ont témoigné de la part des électeurs une lassitude à l'égard des hommes politiques qui les représentent, souvent peu satisfaits de leurs actions et déçus par leur comportement. Plusieurs sondages réalisés en 2005 par le CSA appuient ce constat : 71% des français auraient une mauvaise opinion des hommes politiques des français pensent que les hommes politiques se préoccupent plus de leur carrière les considèrent comme coupés de la vraie vie des français et 49% pensent qu'ils sont corrompus. [...]
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