Depuis février 2003, le Soudan est en proie à un conflit meurtrier entre le gouvernement central de Khartoum et la région occidentale du Darfour. Cette crise a bénéficié et bénéficie toujours d'une attention particulière de la part de la communauté internationale, car celle-ci a éclaté au moment où se déroulaient les négociations de paix entre le gouvernement soudanais et la rébellion du sud-Soudan incarnée par l'armée populaire de libération du Soudan , en guerre depuis 1983. La crise au Darfour constitue un baptême du feu, pour l'Union africaine qui, depuis le 28 mai 2004, se trouve à la tête d'une mission d'observation pour la première fois depuis sa création en 2002 (La MINUAS : Mission de l'Union africaine au Soudan). Actuellement, l'organisation africaine a envoyé près de 7000 soldats au Darfour, venant principalement du Nigeria, du Rwanda, d'Afrique du Sud, et du Sénégal . Il s'agit d'un test pour l'UA dans sa gestion du conflit aux regards de la communauté internationale.
[...] Marc Lavergne, chercheur au CNRS et spécialiste du Soudan, nuance : Cette notion d'arabe est culturelle, elle n'a rien de raciale[9]. Les milices peuvent être qualifiées d'arabes parce qu'elles ont été arabisées. Le problème est plutôt celui du mode de vie avec des nomades, pasteurs, et des sédentaires, agriculteurs[10]. Les miliciens sont tout simplement des gens prolétarisés. Ils se retrouvent sans travail, le gouvernement les arme et leur dit vous pouvez faire ce que vous voulez, voler, piller . Un problème important que personne n'évoque est qu'ils ne sont plus soumis au contrôle des Anciens. [...]
[...] Si l'action des casques blancs a été globalement saluée, cela n'a pas empêché les violences de se perpétuer. Manque de volonté politique ou manque des moyens ? Le questionnement est légitime. Toutefois, il me paraît erroné d'accuser l'UA d'un manque éventuel de volonté politique, dans la mesure où la MUAS constituait une épreuve pour cette organisation, en vue de se donner une légitimité dans la résolution de conflits régionaux, sur la scène internationale. La résultante de cette volonté est une meilleure prise en main par les Africains de leur destinée. [...]
[...] La crise au Darfour et l'Union Africaine : une institution neuve à l'épreuve d'une crise majeure 1. Introduction Depuis février 2003, le Soudan est en proie à un conflit meurtrier entre le gouvernement central de Khartoum et la région occidentale du Darfour. Cette crise a bénéficié et bénéficie toujours d'une attention particulière de la part de la communauté internationale, car celle-ci a éclaté au moment où se déroulaient les négociations de paix entre le gouvernement soudanais et la rébellion du sud Soudan incarnée par l'armée populaire de libération du Soudan[1], en guerre depuis 1983. [...]
[...] Toute l'histoire contemporaine du Soudan sera marquée par une instabilité politique perpétuelle, rythmée par des coups d'État militaires entrecoupés de brèves accalmies démocratiques. Les historiens considèrent que le pays a connu trois périodes démocratiques et trois périodes de dictature militaire. La république parlementaire instaurée en 1956 après l'indépendance ne fera pas long feu. Les deux grands partis musulmans du Nord, Umma et Nationalist Unionist Party s'étaient mis d'accord pour former un gouvernement de coalition. Parmi leurs objectifs communs figurait le refus de faire participer le sud qui ambitionnait un projet d'union fédérale. [...]
[...] Premièrement, parce que cette intrusion de soldats africains sera moins perçue comme une ingérence étrangère que s'il s'agissait de militaires occidentaux. Les mauvais souvenirs de la période coloniale en sont une des causes principales. Deuxièmement, ces casques blancs connaissent bien le terrain africain, les populations, leurs coutumes et sont plus aptes à réagir face aux situations auxquelles ils seront confrontés. La Mission de l'Union africaine au Soudan a reçu, depuis le début de son intervention, un appui financier, diplomatique, logistique et dans une moindre mesure, capacitaire, de l'Union Européenne. [...]
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