Durant la première guerre mondiale, la France a attendu 1917 pour autoriser des journalistes à pénétrer les premières lignes et voir ainsi ce qui se passait réellement sur le front et ne plus se contenter de témoignage. Si par la suite la censure s'est faite moins forte, elle réapparaît à chaque conflit armée de manière plus ou moins nette, la presse elle-même allant parfois jusqu'à l'autocensure. En Irak, ce sont quelques 167 journalistes et collaborateur de médias qui ont été tués, 2 disparus et 12 kidnappés depuis le début du conflit.
Dans ces conditions, « couvrir un conflit » apparaît comme une injonction intenable. Pourtant l'information est là, les journalistes parviennent à surmonter ces difficultés pour nous faire parvenir les nouvelles du « front ». Il est dès lors intéressant de voir quel est le prix de cette information, prix au sens propre du terme puisque suivre un conflit est extrêmement coûteux mais prix également dans un sens plus large, quelles concessions éthiques, déontologiques ont été nécessaires pour atteindre ces informations et pouvoir les diffuser.
Des premiers conflits que les journalistes ont tenté de couvrir, la guerre de sécession et la Première Guerre mondiale, aux conflits plus récents tels que la guerre du Viêt-Nam et contemporain tels que le conflit irakien ou le cas du Darfour, si les conditions de travail ont changé, se sont améliorées tant sur le plan technique que sur celui de la liberté de la presse, « couvrir un conflit » demeure injonction difficilement tenable si ce n'est intenable.
Il convient donc de s'intéresser à la manière dont les journalistes déjouent les dangers et difficultés pour rendre compte des conflits mais également de s'apercevoir que l'information produite occulte également une information non produite, donc non visible révélatrice de la difficulté de « couvrir un conflit ». Cette difficulté varie selon les contextes, les pays, les armées engagées, les équipes déployées et de nombreux autres facteurs. Nous tenterons donc de voir si l'injonction est tenable et tenue.
Dans une première partie nous verrons donc que les journalistes en période de crise ont d'énormes difficultés à accéder à l'information, confrontés aux dangers et aux pressions diverses (I). Nous montrerons ensuite que même en dépassant ces difficultés, l'information n'est pas forcément produite, si des moyens peuvent être mis en place, ils ne le sont pas systématiquement (II).
[...] le film de Roland Joffe La déchirure montrant la difficulté de travailler en période de guerre pour un journaliste). Pour faire face à cela certains dispositifs existent : - possibilité pour le journaliste d'être intégré à une unité, gagnant ainsi le statut de prisonnier soldat et non-espion - organisation de pools de journalistes Ces solutions posent néanmoins le problème de la neutralité des sources. Quelque soit le mode de traitement choisi, le danger demeure dès lors que le journaliste veut rester au contact de l'actualité et du conflit, à ce danger s'ajoute des pressions diverses. [...]
[...] Lors de chaque conflit sont soulevés des problèmes de manipulation de la presse. Et les journaux eux-mêmes en viennent parfois à s'autocensurer : parce que tout ne se montre pas ou par la volonté de soutenir l'effort de guerre. Les pressions sont diverses : - les autorités : effort diplomatique pour rester politiquement correct face à un conflit engageant un allié - les forces en conflit - opinion publique : l'opinion veut de l'information mais est exigeante refusant par exemple la guerre spectacle ou le bourrage de crâne ainsi que le soulignent Charon et Mercier) - financière : les publicités ne s'associent pas à une image de guerre (ainsi que le soulignent Charon et Mercier) Le journaliste peut se couper de ces pressions en travaillant en free- lance mais il n'a alors plus accès à toutes les données et sa sécurité est moins bien assurée. [...]
[...] Il convient donc de s'intéresser à la manière dont les journalistes déjouent les dangers et difficultés pour rendre compte des conflits mais également de s'apercevoir que l'information produite occulte également une information non produite, donc non visible révélatrice de la difficulté de couvrir un conflit Cette difficulté varie selon les contextes, les pays, les armées engagées, les équipes déployées et de nombreux autres facteurs. Nous tenterons donc de voir si l'injonction est tenable et tenue. Dans une première partie nous verrons donc que les journalistes en période de crise ont d'énormes difficultés à accéder à l'information, confrontés aux dangers et aux pressions diverses Nous montrerons ensuite que même en dépassant ces difficultés, l'information n'est pas forcément produite, si des moyens peuvent être mis en place, ils ne le sont pas systématiquement (II). [...]
[...] L'absence quasi totale de couverture du conflit qui ensanglante à l'heure actuelle le Darfour en est une illustration terrible. Il semble que cette guerre n'intéresse personne alors même que le mot génocide a fait son apparition. [...]
[...] Insuffisance des moyens pour une bonne couverture L'existence de moyens ne signifie pas que ceux-ci seront mis au profit de la couverture du conflit. Et même si c'est le cas, il ne garantit pas la qualité de l'information. Il existe des nécessités médiatiques, le conflit doit susciter un intérêt, ainsi le Rwanda n'étant pas une ancienne colonie française, les médias français s'y sont peu intéressés dans un premier temps comme le souligne Johanna Siméant. Il y a des contraintes d'audimat, le sujet doit intéresser. Exemple de l'intervention de Kouchner sur le Rwanda donne une visibilité au conflit. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture