[...] Fusion des deux idéaux : la République, c'est les libertés publiques. Du coup, réhabilitation progressive des corps intermédiaires (associations reconnues d'intérêt publique) et de l'idée de décentralisation (collectivités locales comme autant de corps intermédiaires), au moins sur un plan politique (au sens restreint) et social, culminant en deux temps, d'abord dans la législation sur les syndicats, puis sur la remise en cause de la loi Le Chapelier avec la célèbre « Loi 1901 ».
[...] Voyez le tableau de Garnier, ou encore le buste de Marianne : peinture académique, sans imagination, hiératisme et solennité, ordre et mesure : en un mot, modération. C'est que la République a bien changé de sens, pour s'imposer (en s'imposant ?) : les Républicains en 1880 préfèrent d'ailleurs s'appeler « modérés » ! De fait, de nouvelles assises sociales : la petite bourgeoisie et les paysans qui ont arraché un lopin de terre pendant la vente des biens nationaux (les « couches nouvelles de Gambetta). C'est dans ces fractions, à l'époque par essence conservatrices, que la République a trouvé son assise. Héritage révolutionnaire, oui : il n'est pas renié (la Révolution est un bloc, dit Clemenceau), non plus que l'idée de Lumières (cf. toutes les images, défendant l'école laïque, gratuite et obligatoire, présentant une Marianne brandissant un globe de lumière qui éloigne les forces ? cléricales au premier chef- obscures) ; mais, son aspect « mouvement » ou radical, l'est en revanche, et une partie de son essence : c'est une république de notables, fondée sur les principes du libéralisme bien tempérés, tant politiques qu'économiques. Il y a désormais une méfiance à l'égard de l'expression directe du peuple (cf. les partisans d'une VIe République qui ressemble beaucoup à une IVe améliorée, dans leurs propositions, ou les réactions quasi-unanimes des responsables politiques des rands partis à propos du non au référendum sur le traité pour une « constitution » européenne). (...)
[...] HISTOIRE DES IDÉES POLITIQUES La République. Notion et représentation. Images et combats au XIXe siècle : créer une tradition républicaine, clore la révolution. La fusion du libéralisme et de la République à l'ère libérale- romantique (J. Rancière) Soit La Marseillaise de Rudé. C'est aussi bien la République que la Liberté. [...]
[...] Dans les deux cas, la question de la reconnaissance, qui est aussi celle du primat du fait (mais quel fait ? il n'y a jamais de fait pur, il y a des constructions sur des bases objectives), et des libertés fondamentales (ces normes qui émanent de la nature humaine, mais non des citoyens, qu'on ne vote pas, mais qu'on découvre sont les grands enjeux auxquels la notion de République est confronté. Mais au fond, c'est le dilemme classique de la modernité : le général le particulier. [...]
[...] Haut-relief célébrissime, qui propose une vision offensive de la Liberté. C'est son caractère romantique progressiste (voir Michelet, en histoire, par exemple). Mais la simple équivoque sur le référent de l'allégorie (regardez la date : est-ce la république, à ce moment ? Non, bien sûr : Louis-Philippe, qui se pose en conciliateur de 1789, de la monarchie et du libéralisme conservateur : et, sans hasard, qui domina les premières années de la IIIe République : M. Thiers, son fidèle ministre ) indique un glissement de l'idéal républicain authentique vers le libéralisme. [...]
[...] Du coup, réhabilitation progressive des corps intermédiaires (associations reconnues d'intérêt publique) et de l'idée de décentralisation (collectivités locales comme autant de corps intermédiaires), au moins sur un plan politique (au sens restreint) et social, culminant en deux temps, d'abord dans la législation sur les syndicats, puis sur la remise en cause de la loi Le Chapelier avec la célèbre Loi 1901 Toutefois, la conséquence en est la disjonction entre République et question sociale : méfiance à l'égard du peuple (classes laborieuses, classes dangereuses dans sa SPONTANEITE. Voyez le Courbet : au libéralisme s'est ajoutée une dimension identitaire/romantique : être républicain, c'est s'inscrire dans la grandeur des temps modernes, c'est être du bon côté de la philosophie de l'histoire : il y a une exaltation perceptible, qui fait mythe ici. Idée d'héroïsme (malgré le prosaïsme de la réalité) de la condition républicaine. [...]
[...] II) Les hésitations sur le sens de la République : 1848 et la Commune, une tradition occultée. Mais Courbet représente tout aussi bien les aspirations à une autre République qui se firent jour en 1848 et la Commune (il fut des deux) : celle qui justement invente (au sens propre : l'An II utilisait l'idée mais pas le mot, qui n'est pas encore dans la devise républicaine) la Fraternité, celle qui insiste sur la question sociale, et cherche à la résoudre, car loin de constituer une atteinte au libéralisme, elle permet d'éviter à la société les conflits de classe (c'est Guizot, libéral conservateur qui en parle parmi les premiers, et donc avant Marx) : je renvoie sur cette idée qui concilie libéralisme et traitement de la question sociale comme une histoire d'intérêts bien compris aux travaux de J. [...]
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