La mafia a souvent été vue comme une caricature, plus ou moins ressemblante, des Siciliens. La Cosa Nostra est un organisme que l'on a tant imaginé et tant interprété, parfois de façon erronée. Le Parrain est un exemple des excès que de telles représentations peuvent atteindre. Même si la répression anti-mafia des années 1980 et 1990 a prouvé l'existence de la Cosa Nostra, la mafia comme mythe reste omniprésente dans les imaginations. Je trouve particulièrement intéressant de s'attacher à découvrir la vérité sur cette organisation.
La Cosa Nostra est-elle réellement un Etat dans l'Etat avec un rôle international majeur ou n'est-ce plus que le reflet d'une grandeur passée ? Entre le discours « tout est mafia » et « la mafia n'existe pas », j'aimerais en savoir plus sur le vrai visage de la Cosa Nostra.
[...] Depuis, elle s'est installée dans presque tous les pays européens, mais aussi au Canada, en Australie, en Amérique latine, en Russie, en Turquie, au Liban et en Algérie. Cette expansion internationale est plus due aux mouvements migratoires et à l'absence de politique antimafia en Italie qu'à la nécessité d'étendre leurs activités. Partout, l'organisation est similaire à celle que l'on retrouve en Sicile. Les rapports entre les Cosa Nostra siciliennes et américaines sont distants aujourd'hui. La mafia américaine était à l'origine une simple filiale de l'organisation sicilienne. [...]
[...] Les activités de la Cosa Nostra sont aujourd'hui plus diversifiées. On peut citer la corruption et le contrôle des syndicats nationaux (aux Etats-Unis), la création et le renforcement de cartels, le contrôle politique et celui des grandes entreprises, le crime organisé, la criminalité en col blanc, les prêts usuriers et même le trafic de déchets toxiques. Elle fournit également des services et des biens illicites et exécute des vols, des fraudes, des détournements de fonds et de subventions, des contrefaçons et des arrangements d'appels d'offres pour les marchés publics et les grands travaux d'infrastructure. [...]
[...] La Cosa Nostra est une confédération de ces groupes mafieux. Ses points d'appui se sont vite multipliés absorbant progressivement les groupes criminels locaux qui ne survivent pas longtemps à la compétition entre mafias. Cependant, tous les groupes mafieux de Sicile ne sont pas contrôlés par la Cosa Nostra même s'ils ont tendance à s'y agréger par la formation de cartels. Dès que l'Etat affaiblit sa présence en Sicile, le niveau de l'affrontement monte. Ce dialogue Etat/mafia montre bien que la Cosa Nostra n'est pas un antiEtat, mais bien une organisation parallèle qui entend profiter des distorsions du développement économique en travaillant dans l'illégalité. [...]
[...] Elle parvient à se fondre dans la société. On peut saluer également la capacité d'adaptation déjà mentionnée et qui a permi à l'organisation de persister. Seulement ses regains traditionalistes sont un frein à cette flexibilité. La famille comme unité d'action notamment est un problème, car une famille varie généralement dans ses intérêts, ses capacités et ses tempéraments. Finalement, la principale victoire de la Cosa Nostra est de demeurer. L'organisation a su profiter d'un Etat décentralisé qui mène difficilement une lutte antimafia à l'échelle nationale. [...]
[...] Les membres de l'organisation élisent le chef pressenti qui défend les intérêts de la famille. Celui-ci nomme pour l'assister un conseiller et un ou plusieurs vice-chefs. Les familles sont divisées en trois ensembles : le noyau, la masse et la périphérie. Le noyau est le niveau le plus restreint dans lequel on trouve la plus forte cohésion. Il est composé des cadres et des hommes d'honneur (uomini d'onore) formellement initiés. Les hommes d'honneurs naviguent en toute liberté entre activités légales et illégales. [...]
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