Le clientélisme se définit comme "un système de rapports sociaux à la fois inégalitaires et personnalisés, dominé par un échange de prestations jugé mutuellement avantageux" (Célestin Baud). Sur le plan interne, le clientélisme politique s'intéresse aux partis politiques, aux groupes d'intérêts, aux bureaucraties, à la carrière des hommes politiques, à l'intégration politique, etc. L'exemple "idéal typique" du clientélisme est sans nul doute le Bossism étasunien.
La corruption quant à elle s'envisage plutôt comme une transaction sociale clandestine, illégale, au cours de laquelle une autorité (sociale, économique, rituelle ou politique) négocie son pouvoir ? très précisément sa capacité de mettre en oeuvre, de réguler et/ou de sanctionner les principes légitimes de l'action collective ? exercée en vertu d'un mandat public ou d'une autorité coutumière contre des privilèges ou des bénéfices économiques personnels (...)
[...] En fait, la première anthropologie politique est née dans le berceau du droit et de la philosophie politique : elle visait à comprendre l'évolution des sociétés dites anciennes et primitives Les évolutionnistes de la fin XIX° démontrèrent l'existence de nouvelles formes d'expression politique. Henry Main (1861, Ancient Law) pose l'idée que tous les peuples ont de prime abord une organisation qui se base sur les liens de parenté, basée sur l'autorité patriarcale, et qui dote l'organisation dans son ensemble d'un caractère sacré. [...]
[...] Les premières réflexions sur l'institutionnalisation des rapports clientélistes concernent le Moyen Age et la Rome Impériale. Au Moyen Age, le clientélisme devient peu à peu une obligation juridique (travail des juristes), et à Rome il s'agissait d'un contrat. Un système clientéliste peut donc être à la fois légal, institutionnalisé, formel et informel De nombreuses études ont mis en évidence la survivance des échanges clientélistes dans la plupart des sociétés y compris les démocraties occidentales. Néanmoins, la recherche (en France notamment) associe le clientélisme aux sociétés antiques, et/ou encore aux Etats Africains, dans le cadre des travaux sur l'Etat néo-patrimonial. [...]
[...] Bien qu'instrumentale et fonctionnelle, la relation baigne dans un environnement de sentiment de reconnaissance, de fidélité, d'amitié, ou d'affection L'auteur parle de parenté fictive Il s'agit également d'une relation de réciprocité : Bien qu'elle soit asymétrique et inégale (en termes de ressources), la relation clientéliste est bel et bien réciproque : il y a toujours échange. John D. Powell admet que la formation et le maintien de la relation dépendent de la réciprocité dans l'échange des biens et des services Il peut donc apparaître usurpé, voir normatif de réduire cette relation à la simple idée de domination et d'exploitation (cf. dimension affective du rapport) dans le sens ou le patron utilise généralement une large panoplie de rôles. Il est très souvent à la fois courtier broker intermédiaire et médiateur. [...]
[...] L'auteur parle donc de relation de dépendance, explicable par l'inégalité de ressources (sociales, économiques, et culturelles) entre patron et client : le besoin du client est critique alors que celui du patron est marginal, c'est pourquoi le pouvoir du marchandage du patron est plus grand que celui du client ( ) l'inégalité liée à un contrôle différentiel des ressources entraîne une relation de dépendance personnelle, donc de clientèle L'échange, inégal au profit du client, devient la source même de sa dépendance, voir de son exploitation. La verticalité du rapport de clientèle : Depuis les travaux de Carl H. Lande (1973), on parle de dyade pour insister sur le caractère pyramidale de la relation entre patron et clientèle. Des chaînes de clientèles tendent à se générer et s'auto entretenir. [...]
[...] Avec le souci d'éclaircir les propos de Jean François Médard et Giorgio Blundo nous nous attacherons à appréhender le clientélisme et la corruption deux notions qui méritent d'être clarifiés, tant au niveau des concepts que des interactions entre les phénomènes auxquels ils renvoient. Doit-on opposer corruption politique et clientélisme ? Les deux phénomènes possèdent une forme de légitimation sociale et le clientélisme s'oppose à la corruption - échange marchand, mais pas à la corruption - échange social (thèse de Jean François Médard). Partie 1 - Patronage et clientèle : structure concrète et stratégies d'acteurs. [...]
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