Le corps en tant que donnée irréductible de l'individu est-il le lieu d'un assujettissement à la sphère publique en échange de sa conservation ou au contraire le dernier bastion de résistance échappant par définition à la contrainte politique ? Est-il un corps pour l'Etat ou un corps pour soi ?
Ces deux aspects se rencontrent simultanément. La politique existe d'abord pour régner sur les corps, pour les conserver et garantir la vie nue, mais aussi pour les réglementer selon des valeurs éthiques (I). Mais le corps est irréductible à cet encadrement, il permet à l'individu de prendre part au fait politique, que ce soit pour ou contre la défense de l'ordre établi (II)...
[...] Le droit a cependant reconnu à la marge un droit de résistance. Ainsi la Déclaration d'indépendance US 1776 nous tenons pour évidentes par elles-mêmes les vérités suivantes consacre d'un droit de résistance légitime. La DDHC 1789 art 2 consacre droit de résistance à l'oppression Le droit de posséder une arme aux Etats-Unis reconnu par le 2e amendement à la Constitution participe de cette même volonté de reconnaître à chacun le droit de protéger en dernière analyse son intégrité corporelle, en donnant les moyens d'une ultime défense de son corps. [...]
[...] Le corps en politique La pensée politique moderne place l'individu au centre de ses préoccupations. Elle s'oppose aux conceptions antiques qui défendent un postulat holiste selon lequel le tout prédomine sur la partie. La pensée individualiste remet au premier plan la question de la prise du politique sur l'enveloppe charnelle que possède tout homme. L'emprise du politique sur ce corps dépend du paradigme dans lequel on se place : soit on considère que seule la défense du corps légitime l'Etat, soit que la finalité de toute communauté politique vise plus largement la défense de valeurs morales. [...]
[...] Le problème devient alors bien moral : sur quelles valeurs s'appuyer pour défendre la vie et l'homme ? Transition : l'Etat a un certain droit sur les corps, mais il ne peut dépasser certaines limites, au risque de perdre sa légitimité. Ainsi en Argentine la dernière dictature ayant outrepassé ses droits sur les corps de ses concitoyens en jetant des milliers de corps encore vivant dans l'océan et en ayant volé des centaines de bébés à leurs parents, a perdu toute légitimité. II- Le corps pour la politique ? [...]
[...] Mais qu'est-ce que le droit à la vie ? Il s'agit en fait d'un droit fondamental qui n'entraîne pas pour autant le droit d'utiliser le corps d'une autre personne et ne consiste pas non plus dans le droit de ne pas être tué. Il se définit plutôt comme le droit de ne pas être tué de façon injuste. Concrètement, l'Etat intervient surtout au niveau des problèmes liés à la maîtrise de la naissance et de la mort. Ainsi, en ce qui concerne l'avortement, il n'est pas établi que tout avortement revient à tuer de manière injuste, et une loi autorise l'avortement en France, sous certaines conditions. [...]
[...] Pour le républicanisme (Rousseau) : la liberté politique est la maitrise de sa destinée politique même au prix de sa vie on peut vivre en sureté dans un cachot Le corps serait donc un objet privilégié de la politique. Mais peut-on considérer que dans la société actuelle, le corps serait l'unique enjeu du politique ? Selon Michel Foucault, le pouvoir politique est désormais un biopouvoir : il s'exerce sur le corps et laisse la question du bien vivre en dehors de ses préoccupations (Homosaccer). Le corps est directement plongé dans un champ politique qui exerce sur lui une prise immédiate en l'investissant. [...]
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