La crise du lundi 9 octobre 2006 n'est pas une surprise comme certains ont voulu le faire croire, c'est un événement préparé de longue date. Si peu de gens estimaient probable que la Corée du Nord mette à exécution ses menaces, depuis les années 1990 celle-ci n'a pas caché sa volonté de se doter de l'arme nucléaire. Malgré son adhésion au TNP en 1985, elle a développé des activités secrètes d'enrichissement d'uranium. Les Etats-Unis ont d'ailleurs régulièrement dénoncé sa politique, mais ne sont pas allés beaucoup plus loin, essayant de circonscrire le problème au sein des négociations. Or la question des détenteurs de l'arme nucléaire reste sensible, puisqu'elle soulève une inégalité flagrante entre les Etats, institutionnalisée par le TNP. Si le régime de non prolifération est évidemment nécessaire, il est basé sur une différenciation entre deux statuts, Etats nucléaires ou non, qui définit l'étendue de la puissance et de la force de dissuasion étatiques.
Différents pays, se rendant compte de la menace de plus en plus précise représentée par Pyongyang, ont alors proposé la mise en place de pourparlers, afin d'enrayer les recherches menées par la Corée du Nord (Section 1). Malheureusement, après plusieurs suspensions et reprises successives, la Corée du Nord s'est retirée en novembre 2005, afin de se consacrer sans entrave à son programme nucléaire. Mettant en jeu la sécurité planétaire, elle fait le choix de procéder à son premier essai nucléaire le lundi 9 octobre, provoquant alors une rupture dans l'ordre international et régional (Section 2). La capacité des puissances à réguler les relations internationales est clairement remise en cause : un seul Etat, autarcique, s'appuyant sur une idéologie totalitaire, a su jouer des intérêts des uns et des autres, afin de parvenir à réaliser les siens.
[...] Malgré cette prise de position pour le moins rigoureuse, l'Agence centrale de presse coréenne déclare le 14 janvier 2005 que la Corée du Nord serait prête à reprendre les pourparlers à six. Néanmoins le 10 février 2005, le ministre des Affaires étrangères nord-coréen proclame que l'objectif réel de la nouvelle administration de Bush, après sa réélection, est de parvenir à un changement de régime en Corée du Nord. Le même jour, la RDPC annonce qu'elle possède la bombe atomique, et se retire officiellement des pourparlers à six. [...]
[...] Les autres partenaires étaient pris par des conflits dépassant la péninsule coréenne : conflits de puissance, économiques, défensifs. Les différentes négociations débutent dans les années 1990, et se font d'abord entre la Corée du Nord et la Corée du Sud. L'objectif est alors clair : à long terme, il s'agirait d'aboutir à la réunification des deux pays, afin de pacifier la région. Paradoxalement, les Nord-Coréens négocient aussi avec les Etats-Unis à partir de 1994, et leurs confrontations recueillent un certain succès (Paragraphe I). [...]
[...] Nous estimons que la supposée bombe faisait entre 1 et 10 kilotonnes, comparable ou un peu plus petite que les bombes expérimentées par l'Inde et le Pakistan dans les années 1990 et plus petite aussi que la bombe de 15 kilotonnes lâchée sur Hiroshima L'explosion serait due à une fission nucléaire en moyenne vingt fois inférieure à celle du premier essai des autres puissances nucléaires. L'Agence de presse centrale nord-coréenne assure qu'il n'y a pas de fuites radioactives. Toutefois, l'analyse de cette explosion n'est pas des plus faciles. Les frontières du pays étant totalement hermétiques au passage d'experts internationaux, ceux-ci ont dû se contenter de suppositions à partir de bribes d'information fournies ça et là. [...]
[...] Pendant plusieurs jours, des doutes subsistent quant à la réalité de cet essai. La tactique du bluff est courante dans les relations de la RDPC avec le reste de la communauté internationale, aussi tous les experts attendent davantage d'information pour se prononcer. A Paris, on évoque un éventuel échec du tir, ou bien un tir de très faible puissance. Les experts patientent une quinzaine de jours, afin de pouvoir détecter des émissions radioactives. Le vendredi 13 octobre, soit 4 jours après l'essai, un responsable américain, sous couvert d'anonymat, déclare que ce qui s'est passé en Corée du Nord s'apparenterait à une explosion nucléaire. [...]
[...] Les déclarations nord-coréennes sont toujours très politiques, et visent à construire un espace de sécurité garantissant la pérennité du régime. La RDPC cherche à dissuader les autres membres de la négociation d'user de la force pour la contraindre à abandonner le programme nucléaire. Il s'agit bien dans ce cas de gagner un droit à l'autodéfense. D'ailleurs la raison officielle avancée est une nécessité de se défendre face à la toute-puissance des Etats-Unis. La Corée du Nord serait menacée par les armes nucléaires stationnées en Corée du Sud par les Américains, suite à la guerre de Corée. [...]
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