Au cours des années 1930, la démocratie libérale est au plus mal. Dans un contexte de dépression économique, plusieurs grandes démocraties européennes sombrent dans le fascisme, tandis que les pays qui restent démocratiques sont durement ébranlés. Cependant, ce mouvement n'a pas été durable puisque depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, le modèle de la démocratie libérale n'a cessé de s'étendre, y compris en dehors des frontières du continent qui l'a vu naître, c'est-à-dire l'Europe.
Cette évolution s'est faite au détriment des régimes autoritaires, de droite comme de gauche. En effet, la plupart d'entre eux se sont effondrés. C'est le cas en Europe méditerranéenne où la Grèce, l'Espagne et le Portugal ont cessé d'être des dictatures pour devenir des régimes démocratiques, mais aussi en Amérique latine, continent autrefois entièrement recouvert par des dictatures de droite, aujourd'hui presque intégralement converti à la démocratie libérale, ou encore en Asie du Sud-Est, notamment aux Philippines en 1986 et en Corée du Sud à la fin des années 1980.
Cette crise des régimes autoritaires culmine en 1991 avec l'effondrement de l'Union soviétique qui marque la mort du bolchévisme en tant qu'idéologie crédible et la sortie de l'Histoire d'une partie du Monde.
[...] D'un côté l'Etat, qualifié de "plus froid de tous les monstres froids", est acquis au libéralisme ; il agit sur la nature humaine pour purger autant que possible de ses aspirations thymotiques. Comme le souligne Alexandre Kojève, la démocratie libérale a gagné sur le plan des idées. Il n'existe pas d'idéologie alternative crédible, capable de se légitimer et de proposer un modèle radicalement autre. D'un autre côté le Peuple, cette communauté d'hommes rassemblés par des valeurs communes, reste marqué par ses aspirations thymotiques en dépit des tentatives de l'Etat libéral pour les éliminer. [...]
[...] Ainsi le libéralisme, loin d'être universel, serait avant tout une émanation de la doctrine chrétienne et serait donc uniquement destiné aux pays de culture chrétienne. Le monde post-historique identifié par Francis Fukuyama serait en fait limité à l'Occident et se contenterait de répéter le clivage traditionnel entre nous et les autres, entre le monde civilisé et les barbares. Or cette hypothèse n'est pas à ignorer dans la mesure où le libéralisme peut-être considéré comme une version sécularisée du principe chrétien d'égalité des hommes devant Dieu sur la base de leur libre faculté de choix ou de croyance, qui les rend ainsi libre de choisir entre le Bien et le Mal. [...]
[...] En effet, la démocratie libérale est rendue nécessaire par la modernité économique. Les sociétés complexes issues de cette modernité sont difficilement conciliables avec les régimes autoritaires. Dans de tels régimes, l'Etat est fort, exerce son emprise sur l'économie et détient un monopole de l'initiative. Ce qui est un facteur de cohésion dans des sociétés économiques simples devient contreproductif dans des sociétés économiques évoluées où seul un haut degré de liberté laissé aux individus est en mesure de stimuler l'innovation et l'entreprenariat, tous deux au coeur des mécanismes économiques de croissance. [...]
[...] Cette démonstration, qui insiste sur l'unité du genre humain et sur la nature intrinsèque de l'aspiration à l'égalité qui caractérise l'Homme contredit l'hypothèse d'un choc civilisationnel puisqu'elle démontre que les facteurs de convergence sont au-delà des facteurs culturels. Ils sont supérieurs à la Culture puisqu'ils appartiennent à la Nature. II - La persistance des civilisations 1. Des oppositions culturelles persistantes Dans le cadre d'un raisonnement comme celui de Samuel Huntington mettant l'accent sur l'importance de la culture dans l'identité des Peuples et sur la notion de civilisation, le scénario d'une convergence vers la démocratie libérale apparaît comme beaucoup plus fragile. [...]
[...] Comment expliquer par exemple que les révolutionnaires de 1789 aient pu vouloir adopter une Déclaration des droits de l'homme et du citoyen en termes économiques ? Pour surmonter cette limite, Francis Fukuyama reprend à son compte le concept de thymos, suivant en cela l'exemple de Hegel et Alexandre Kojève avant lui, et place le désir de reconnaissance au centre de son explication. Chez Platon, le thymos est l'une des trois composantes de l'âme avec le désir et la raison. Il correspond à l'amour propre chez Jean- Jacques Rousseau ; pour Hegel il est ce qui pousse un homme à risquer sa vie pour obtenir un objet sans valeur marchande comme un drapeau ou une médaille. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture