Trop souvent observé par le prisme de l'Etat-nation au sens européen, l'Etat post-colonial africain souffre depuis les indépendances d'une myopie institutionnelle patente. Le défi auquel doivent s'atteler les Etats africains au lendemain des indépendances relèverait presque du mythe de Sisyphe, au regard de l'héritage laissé par la période coloniale. Au territoire issu de la conférence de Berlin, morcelé et indifférent aux réalités anthropologiques, succède la figure de l'Etat africain qui tente de rassembler sa nation autour d'un projet commun. Dès lors, quoi de plus logique et idoine que de s'inspirer de l'expérience de la métropole pour mener à bien une telle entreprise ? En outre, depuis Voltaire et Montesquieu, la perception d'un paradigme étatique « type » au sens wébérien, s'incarnait particulièrement dans le modèle anglais, qui permettait l'adaptation des institutions nationales à la perspective de l'indépendance, tandis le modèle français inscrivait la marque tenace de l'état unitaire et centralisé dans l'Afrique de l'Ouest.
La référence constante à ces modèles « idéalisés » allait durablement affecter la construction étatique en Afrique. A travers la question du mimétisme institutionnel, il s'agit de comprendre, en filigrane des échecs de tentative de construction des états nations, la rémanence d'un lien d'assujettissement ex post, ainsi que l'importance des dynamiques de flux entre l'ex-puissance colonisatrice et l'Etat post colonial. Comprendre le phénomène institutionnel africain est un premier pas vers la compréhension d'un possible Etat-nation ; analyser les matrices du mimétisme qui y est contingent permet de mieux appréhender la place de l'Afrique dans un contexte de mondialisation croissante des valeurs démocratiques et de convergence des paradigmes étatiques
[...] L'instrumentalisation du modèle importé ou la cristallisation de l'idée de subordination En outre, en plaçant la métropole sur un piédestal, le phénomène du mimétisme renvoie un idéaltype, désiré de tous, et y ajoute une dimension psychologique insidieuse. Souvent, le rapport de domination est perpétué par les élites locales, généralement imprégnées des modes de pensées occidentaux car formées dans les métropoles. Elles font du mimétisme un enjeu de légitimation de leur pouvoir propre. Malgré l'absence de cohérence des systèmes importés, ces dernières s'attachent à maintenir les flux nord/sud, car ils les lient inexorablement à l'idée de modernité, nécessaire pour se maintenir au pouvoir. [...]
[...] En réalité, le mimétisme institutionnel ne résulte pas uniquement d'un type de relation unilatérale. Au-delà de cette idée, c'est bien d'une collusion entre logiques du dehors et logique du dedans qu'il faut parler. Les facteurs socioculturels, tout comme le poids du passé contribuent largement à parer les institutions africaines de caractéristiques propres : une administration vernaculaire, de nouvelles instances de démocratie participative fondées sur la tradition de la palabre Les technologies importées méritent d'être réinterprétées selon les données sociales et l'ingénierie institutionnelle interne. [...]
[...] A travers la question du mimétisme institutionnel, il s'agit de comprendre, en filigrane des échecs de tentative de construction des états nations, la rémanence d'un lien d'assujettissement ex post, ainsi que l'importance des dynamiques de flux entre l'ex-puissance colonisatrice et l'Etat post colonial. Comprendre le phénomène institutionnel africain est un premier pas vers la compréhension d'un possible Etat-nation ; analyser les matrices du mimétisme qui y est contingent permet de mieux appréhender la place de l'Afrique dans un contexte de mondialisation croissante des valeurs démocratiques et de convergence des paradigmes étatiques. [...]
[...] En dépit de l'importance des flux de technologies institutionnelles, la question de la construction de l'Etat nation reste entière. Ne s'agit-il pas de préférer la solution d'un fédéralisme intégral ou d'un Etat multinational, qui favoriseraient l'intégration de la diversité ethnico- religieuse des pays africains, et où l'Etat ne serait plus l'instrument d'une seule nation mais de plusieurs ? Nombre de signes : 5313 Bibliographie - MENY Yves, Introduction, Les politiques du mimétisme institutionnel, la greffe et le rejet, L'Harmattan Paris - ZIEGLER Jean, Main basse sur l'Afrique, la recolonisation, Editions du seuil Paris - Le Monde Diplomatique, L'Afrique face au défi de l'Etat multinational, Mwayila TSHIYEMBE, septembre 2000 Cité in Yves Mény, Introduction, Les politiques du mimétisme institutionnel, la greffe et le rejet, L'Harmattan Paris T. [...]
[...] Parsons cité par Dominique Darbon, A qui profite le mime ? Le mimétisme institutionnel confronté à ses représentations en Afrique in Yves Mény, Introduction, Les politiques du mimétisme institutionnel, la greffe et le rejet, L'Harmattan Paris Ibid. Ibid. Ibid. [...]
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