Le contexte international de la fin des années 1980, et plus précisément la fin de la guerre froide, a profondément fissuré les postulats traditionnellement avancés en théories des relations internationales, ces dernières ayant été incapables de prévoir un tel changement. C'est dans ce contexte que le discours constructiviste apparaît. Le terme « constructivisme » est pour la première fois employé par Nicholas Onuf dans son « World of our making » (1989).
Le constructivisme cherche à assurer un renouveau dans les représentations de la réalité internationale. Pour appréhender cette dernière, il faut transcender les postulats classiques des relations internationales. En ce sens, le texte de Wendt s'inscrit dans le troisième débat qui anime la discipline.
Par surcroît, le but des travaux du politologue américain, réside dans la reconstruction de nouvelles fondations pour l'étude des relations internationales. La portée du projet constructiviste et selon Wendt : « My objective […] is to build a bridge between these two traditions ([…] between the realist-liberal and rationalist-reflectivist debates) ». Il est à l'intersection entre des approches traditionnelles (néo-réalisme et néo-libéralisme) et une approche discordante, notamment compose des approches critiques.
Son travail insiste sur le caractère social de la réalité internationale, qui est socialement construite. Aussi, la compréhension de la (re)production des pratiques sociales, nécessite un effort de contextualisation. Sa démarche s'édifie en opposition à l'argumentaire néo-réaliste de Waltz dont il va souligner en divers aspects, les limites. Il abordera en grande partie, le concept d'anarchie.
L'architecture de notre étude sera construite comme une sorte de dialogue entre Wendt et Waltz, reposant souvent sur la contestation des postulats de ce dernier auteur. A cet égard, nous nous interrogerons sur les limites du néo-réalisme de Waltz dans l'étude des relations internationales selon Wendt. Nous verrons préalablement le débat d'ordre ontologique (I), nous aborderons la question de l'anarchie dans les relations internationales (II).
[...] Pour Waltz, la structure politique internationale, est anarchique. Son acception en est stricte : absence d'une autorité politique centralisée au-dessus des Etats souverains. L'espace international apparaît dans son analyse comme une structure statique contraignant les Etats à la reproduction de leurs comportements. L'identité et les intérêts des Etats sont ainsi des données stables simply given exogenously by the structure (Wendt, p.396) à moins que ne survienne une évolution de la structure. La représentation que Waltz brosse des relations internationales, ne permet pas d'expliquer d'éventuelles transformations, si ce n'est la propre continuation de leurs caractéristiques établies. [...]
[...] Wendt accorde une place centrale à la pratique des Etats, qui est pour lui, déterminante dans l'activité des relations internationales. Considérons la reconstitution suivante : [Two] actors -ego and alter- encountering each other for the first time. Each wants to survive and has certain material capabilities, but neither actor has biological or domestic imperatives for power [ ] and there is no history of security or insecurity between the two. What they do? [ ] not natural» (Wendt, p. 404-405). [...]
[...] La pratique stratégique des Etats est fondée sur une représentation des autres et d'eux-mêmes. Wendt rejette l'anarchie structurelle de Waltz pour qui l'anarchie est une donnée autonome, indépendante de tout contexte. Pour Wendt, l'anarchie est what states make of it ce qui résume la conception constructiviste de l'anarchie comme construit social. Pour Wendt, l'anarchie n'est donc pas structurelle mais culturelle. La culture anarchique contraint non seulement le comportement des agents, mais affecte leur identité et leurs intérêts, en les co-constituant. [...]
[...] ROCHE J.-J. (2006), Théories des relations internationales. Montchrestien,160 pages. WENDT A., Anarchy is what states make of it : the social construction of power politics International Organization, Vol No (Spring, 1992), pp. 391-407. [...]
[...] BATTISTELLA D. (2006), Théories des relations internationales. Presses de Sciences Po pages. BATTISTELLA D., SMOUTS M.-C., VENNESSON P. (2003), Dictionnaire des relations internationales : approches, concepts, doctrines. Dalloz pages. BLOM A. et CHARILLON F. (2001), Théorie et concepts des relations internationales. Hachette supérieur. LYNCH C. et KLOTZ A., Le constructivisme dans la théorie des relations internationales Critique internationale, nº2, hiver 1999. [...]
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