On peut définir le risque comme un danger plus ou moins probable auquel on est exposé. Dans les faits, il existe de nombreux types de risques qui recouvrent des domaines divers tels que la santé, l’environnement, la sécurité…
Sur cette question, on peut dégager deux conceptions quant au caractère du risque. La première conception, essentialiste, minoritaire mais partagée par certains experts, définit certains évènements ou phénomènes constituant des risques par nature. Le risque serait donc une qualité intrinsèque de certaines situations.
La seconde conception, qui est celle des sciences sociales, est d’appréhender le risque comme une notion évolutive, façonnable, et non figée. Cette évolution, que l’on a d’ailleurs pu voir un peu en cours, est due à la modification de la société en elle-même, qui a pour conséquence de modifier les dangers qui nous entourent : les progrès technologiques et scientifiques, qui ont su prévenir mais aussi susciter de nouveaux risques, la manière de vivre, de consommer…
Par ailleurs, de la société, au niveau de ses cadres de pensée et de ses perceptions subit elle aussi une évolution qui va modifier le regard que l’on porte sur les évènements et sur les éléments que l’on va qualifier de risques.
L’exemple de la guerre en Irak, et du risque que pouvait constituer ce pays pour la communauté internationale, nous a démontré qu’il n’y a pas unanimité sur le risque, mais que ce dernier dépend de facteurs plus complexes… Bref, autant d’éléments qui permettent de déconstruire l’approche essentialiste des risques, en éliminant une qualité intrinsèque potentielle de ces derniers.
Toutes ces constatations mettent alors en avant une question, puisque le risque n’est pas risque par nature, celle de la classification d’un évènement en risque. Comment colle t-on l’étiquette « risque » sur un fait ou un problème déterminé ?
Ce processus, que nous appellerons la construction sociale du risque, dépend en effet de multiples acteurs et facteurs, que nous allons tenter de voir ici.
J’ai repris la définition de Christine Dourlens, qui est chercheur à Lyon, quant à sa définition de la construction sociale d’un problème : La construction ce n’est pas l’émergence d’un problème sur la scène publique comme un effet de révélation, de dévoilement mais le résultat d’un travail de configuration qui s’arrime à l’expérience et aux interactions des acteurs concernés.
Avant de développer cette notion de construction du risque, il faut faire un premier constat : les risques sont de plus en plus nombreux et touchent des secteurs toujours plus larges. Face à des risques dont il est difficile d’identifier précisément et exhaustivement les responsables – les risques environnementaux par exemple-, s’est développée au fur et à mesure une action étatique, en matière de prévention et de gestion des risques. L’Etat pris au sens large (collectivités locales) s’est donc lancé dans des politiques de sécurité sanitaire, de traitement de l’insécurité, de l’environnement…
Pourtant, tous les problèmes qui peuvent être définis et qualifiés comme relevant du risque ne font pas l’objet d’un traitement par l’action publique. On peut donc se poser la question de l’accès du risque à la scène politique. Comment un risque est-il pris à bras le corps politiquement ? Pourquoi certains risques et pas d’autres ?
L’objet de cet exposé est donc de mettre en lumière la construction des risques par les acteurs sociaux et politiques, le processus de mise à l’agenda et les actions publiques mises en œuvre au travers d’exemples concrets. Pour cela, nous verrons les travaux de recherche sur cette notion de mise à l’agenda des problèmes que nous pourrons appliquer au risque. Dans un second temps, nous verrons les facteurs d’émergence des risques sur la scène politique, puis les formes que prend la gestion des risques.
[...] Autre exemple de construction politique d'un risque de par le contexte actuel : le tabagisme passif. La question des méfaits en terme de santé publique du tabagisme passif n'est pas nouvelle. Or, il y a quelques mois, le gouvernement annonçait la mise en place d'une loi visant à interdire le tabac dans les lieux publics. La motivation du gouvernement serait basée sur un sondage IFOP Confidentiel : 78% des Français veulent bannir la cigarette des lieux publics. Le gouvernement cherche donc à justifier son action en n'appliquant la volonté du Peuple. [...]
[...] Ainsi sur la base d'expertise, elles doivent mettre en œuvre des actions et politiques visant à prévenir les risques. L'intervention de la société politique est attendue, c'est à dire qu'on attend de l'Etat une action visible dans ce domaine. Le premier critère de Padioleau est donc la caractérisation comme problématique d'une situation. Il est donc intéressant de voir les conditions de cette problématisation, et les acteurs qui y participent. II les conditions d'émergence publique d'un risque les mobilisations Pas de critères automatiques de sélection des problèmes qui susciteront une action publique, tant les circonstances sont variables et les processus engagés dans ce sens incertains (intérêts des élus politiques, effets de contexte Cependant, on peut malgré tout invoquer certains facteurs qui jouent souvent un rôle dans l'accès d'un risque à l'agenda politique. [...]
[...] Ex : le scandale de la vache folle. Quand les medias mettent en avant un risque, cela nécessite pour les acteurs politiques une réaction immédiate, et une prise de position sur cet évènement. C'est ainsi que suite à la médiatisation de la grippe aviaire, les autorités publiques ont mis en place des mesures drastiques de confinement des volailles, et utiliser les medias pour rendre visible leur prise en charge du problème. Mais ce besoin de réaction dans l'urgence face à la pression médiatique, s'il peut engendrer une prise en charge publique d'un risque, peut aussi se contenter d'un simple effet d'annonce En effet, si les individus ont besoin de voir l'action publique et sa gestion des risques, les moyens insuffisants ou les contraintes qui pèsent sur les politiques ne permettent pas toujours de mettre en place une action dans le but de traiter ce problème, cette crise ou ce risque. [...]
[...] Ce n'est pas forcément un contenu environnemental qui pousse ces risques à la surface. Or, la mise en forme du problème est importante, car elle conditionne les formes et les domaines d'intervention. Bibliographie Pierre Muller, Les politiques publiques, PUF (3ème ed.) Ulrich Beck, La société du risque, sur la voie d'une autre modernité, Flammarion, Paris Risques collectifs et situations de crise (ouvrage collectif), Apports de la recherche en sciences humaines et sociales, Claude Gilbert (dir. L'Harmattan Pauline Ravinet, Fenêtre d'opportunité, dans Boussaguet, Dictionnaire des politiques publiques, Presses de sciences po p218. [...]
[...] Face à des risques dont il est difficile d'identifier précisément et exhaustivement les responsables les risques environnementaux par exemple-, s'est développée au fur et à mesure une action étatique, en matière de prévention et de gestion des risques. L'Etat pris au sens large (collectivités locales) s'est donc lancé dans des politiques de sécurité sanitaire, de traitement de l'insécurité, de l'environnement Pourtant, tous les problèmes qui peuvent être définis et qualifiés comme relevant du risque ne font pas l'objet d'un traitement par l'action publique. On peut donc se poser la question de l'accès du risque à la scène politique. Comment un risque est-il pris à bras le corps politiquement ? [...]
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