D'après Pierre Rosanvallon, la démocratie est « le sacre du citoyen », elle reconnaît aux citoyens un droit à la participation. Un État qui se dit démocratique doit reconnaître la souveraineté du peuple. Le peuple gouverne par le biais de représentants et le principe du peuple souverain implique de laisser les gouvernés intervenir dans la politique en mettant en place des organisations qui les autorisent dans les affaires publiques. Ainsi, les individus ne sont plus des sujets, mais des citoyens à qui l'on a reconnu le droit de participation politique. En France, le « sacre du citoyen » est entamé lors de la Révolution de 1789 avec l'instauration d'élections politiques. Si ce sacre est dans un premier temps limité en raison de la mise en place d'un suffrage censitaire et du fait que le vote soit la seule forme de participation autorisée, on assiste par la suite à une extension du droit de suffrage et de la citoyenneté, ainsi qu'à une extension des formes reconnues de participation. En effet, il y a l'avènement du suffrage universel en 1848, l'extension du droit de vote aux femmes en 1944, etc. De plus, se sont ajoutées au vote de nouvelles formes de participation plus ou moins conventionnelles (l'engagement dans un parti politique, les manifestations, les grèves, etc.).
[...] Pour conclure, la socialisation concourt à la construction sociale du citoyen : elle lui transmet des préférences et des attitudes politiques. Pendant l'enfance et l'adolescence, les instances de socialisation généralistes que sont la famille et l'école permettent aux individus d'acquérir une compétence politique et elles peuvent également encourager l'adhésion des individus à un système politique particulier. Ainsi, ces instances ont des conséquences sur les représentations que se font les individus du monde politique. La socialisation conditionne beaucoup la participation politique du citoyen. [...]
[...] En effet, si la socialisation explique la relative continuité des opinions politiques du citoyen, elle peut aussi expliquer les ruptures possibles. Ces ruptures peuvent s'expliquer soit par des changements de milieu et de socialisation, soit par des évolutions du contexte dans lequel le citoyen vit. Donc, pour reprendre la théorie du sociologue français Bernard Lahire, l'homme est pluriel : il traverse divers milieux sociaux au cours de sa vie. Les ruptures qui peuvent se produire pendant la vie de l'individu encouragent plus ou moins l'intégration d'une nouvelle vision politique. [...]
[...] Ainsi, en faisant intérioriser la contrainte, l'école contribue au maintien du gouvernement en place. Par ailleurs, l'école a des répercussions sur le rapport à l'autorité et aux gouvernants. Dans le cas présent, les modes d'enseignement sont plus importants que ce que contiennent les enseignements. L'école occupe notamment une place capitale dans la diffusion des pratiques de participation politique en permettant l'adhésion (ou le rejet) à certaines pratiques. En France, on peut souligner le rôle joué par l'école dans la diffusion de la pratique du vote : des élections de délégués sont organisées dans les écoles. [...]
[...] Néanmoins, concernant le cas français, l'on peut mentionner le rôle majeur joué par les hussards noirs de la IIIe République dans l'adhésion aux valeurs républicaines. L'école a donc un impact important sur les représentations politiques des élèves. Mais notons que l'effet de l'école sur les représentations politiques diffère selon les expériences sociales des individus. Cependant, l'école a moins d'influence sur la construction des préférences politiques, qui se fait davantage au sein de la famille. Si la socialisation joue un rôle clé dans la construction sociale du citoyen, il s'avère aussi qu'elle n'est pas immuable et qu'elle diffère selon les citoyens. II. [...]
[...] Tout cela peut amener à des changements dans la participation politique du citoyen. Dans la construction permanente du citoyen, il faut également mentionner le rôle joué par les évènements et conjonctures politiques, qui constituent un autre vecteur de socialisation : ce sont des évènements particuliers qui peuvent bouleverser les cadres de socialisation de l'individu. Ils peuvent créer des cadres de perception communs entre des individus qui ne viennent pourtant pas des mêmes milieux sociaux. Par exemple, la sociologue Julie Pagis, qui a travaillé sur la génération des soixante-huitards a montré de quelle manière les évènements politiques ont créé des visions politiques communes entre des individus pourtant issus de milieux sociaux différents. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture