La non-existence historique d'une nation ukrainienne suppose, à l'indépendance du pays, une véritable construction de celle-ci. Juliane Besters-Dilger, s'appuyant sur l'expérience des pays de l'Est ayant obtenu leur indépendance en 1990, définit la construction nationale comme le fait de souligner la différence d'un peuple par rapport aux autres. Cette différenciation concerne principalement trois domaines : la culture, la religion et la langue. Les particularités culturelles sont mises en exergue accompagnées d'une réécriture de l'histoire, la religion est invoquée comme élément de différenciation vis-à-vis des autres populations, une langue nationale est instituée sur l'ensemble du territoire et ses particularités sont mises en valeur. Pour les anciens états membres de l'URSS ainsi que pour ses satellites, la différenciation s'est faite avant tout vis-à-vis de la Russie. Or la construction nationale ukrainienne bute sur cette question, notamment en ce qui concerne la langue et la religion.
[...] Des centaines de paroisses orthodoxes se déclarèrent autocéphales, principalement en Galicie et à Kiev. En 1990, se réunit le premier concile ukrainien de l'Eglise autocéphale qui établit le patriarcat de Kiev et élit Msyslav, métropolite de la diaspora ukrainienne en Amérique, patriarche de Kiev et de toute l'Ukraine. La demande fut faite au patriarche de Moscou d'accorder l'indépendance religieuse à l'Ukraine, indépendance justifiée canoniquement par son indépendance politique. Mais cette demande fut rejetée. En 1991, le métropolite de Kiev, Philarète, se laissa convaincre, sous l'influence du président Kravtchouk, de se convertir à l'idée de l'autocéphalie. [...]
[...] Indépendance ecclésiastique des Eglises nationales orthodoxes. L'Eglise orthodoxe est une communion d'Eglises indépendantes sur le plan de la discipline et de l'organisation, mais liés dogmatiquement entre elles. Les Eglises autocéphales sont dirigées par leur propre synode habilité à choisir son primat, qui aura le titre de patriarche ou d'archevêque. Territoire sur lequel s'exerce le ministère d'un patriarche, premier hiérarque d'une des quatre Eglises orientales autocéphales les plus anciennes (Constantinople, Alexandrie, Antioche, Jérusalem) ou plus récentes (Moscou, Belgrade, Bucarest, Sofia). L'Eglise orthodoxe repose sur l'idée qu'à un territoire correspond un évêque et un seul. [...]
[...] Annexe 10 : Les communautés orthodoxes dans les régions ukrainiennes source : Gilles LEPESANT, L'Ukraine dans la nouvelle Europe (2004) 3 L'Eglise orthodoxe ukrainienne rattachée au patriarcat de Moscou L'implantation de l'orthodoxie sur le territoire ukrainien remonte à l'époque de la Rous. En 988, Vladimir, prince de Kiev fut baptisé selon les rites byzantins et fit entrer l'Empire de Kiev dans la chrétienté orientale. Kiev devint donc, à cette époque, la métropole[3] de rite byzantin de la Rous. Suite à l'effondrement de l'Empire Kievien et face aux invasions mongoles, le métropolite s'enfuit de Kiev en 1299 pour Vladimir- Suzdal, puis Moscou, centre de la nouvelle principauté de Moscovie. [...]
[...] Enfin, l'Eglise orthodoxe russe s'attacha à délégitimer les institutions ecclésiales de l'Eglise autocéphale et du patriarcat de Kiev. Pour ce faire, elle eut recours à la prédication dans les églises, à des déclarations dans la presse, des appels au Président, au Parlement, et au peuple de l'Ukraine. Elle considéra par ailleurs comme excommuniés de l'Eglise orthodoxe tous les Ukrainiens faisant acte d'affiliation au patriarcat de Kiev. Cependant, il est à noter que l'affirmation d'une autonomie de l'Eglise orthodoxe ukrainienne fut rapidement remise en cause dans les faits. [...]
[...] La construction de l'identité nationale ukrainienne La non-existence historique d'une nation ukrainienne suppose, à l'indépendance du pays, une véritable construction de celle-ci. Juliane Besters-Dilger, s'appuyant sur l'expérience des pays de l'Est ayant obtenu leur indépendance en 1990, définit la construction nationale comme le fait de souligner la différence d'un peuple par rapport aux autres[1]. Cette différenciation concerne principalement trois domaines : la culture, la religion et la langue. Les particularités culturelles sont mises en exergue accompagnées d'une réécriture de l'histoire, la religion est invoquée comme élément de différenciation vis-à-vis des autres populations, une langue nationale est instituée sur l'ensemble du territoire et ses particularités sont mises en valeur. [...]
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