La constitutionnalisation du confessionnalisme au Liban sous le mandat français (1920-1943): Entrave à la consolidation d’un contrat social libanais ou compromis unificateur ?

Résumé du document

Le Tribunal spécial pour le Liban est chargé de statuer sur la mort de Rafic Hariri le 14 février 2005. Or ce dernier s'est politisé lorsqu'il a commencé à soupçonner le parti de Dieu, figure de proue de la communauté chiite libanaise du fait de l'insistance du chef de la communauté sunnite du Courant du Futur à connaître la réalité sur la mort de son père et comme la politique est confessionnelle au Liban, cela fait resurgir les peurs de tensions communautaires pouvant déboucher sur des conflits armés, acte de défiance envers le monopole étatique de la violence qui incombe à l'État Wébérien.

Dans le cadre libanais, les rapports sont conflictuels entre le confessionnalisme politique et la souveraineté nationale. Nous allons donc voir si la constitutionnalisation du confessionnalisme politique au Liban par la puissance mandataire a été une entrave à la consolidation du contrat social libanais?

Extraits

[...] Or la constitution de 1926, mais surtout les arrêtés 60 de 1936 et n°146 de 1938 révolutionnent leur perception de la chose puisque l'on y reconnait des communautés historiques, on accorde le contrôle du statut personnel par les communautés et la liberté de conscience y est acquise. Ceci sera la conséquence d'une importante révolte des communautés musulmanes du Liban et même de Syrie et qui aura pour conséquence l'arrêt 53 du 30 mars 1939 de la part du Haut Commissaire qui rend caduque ces arrêts pour les communautés musulmanes, pourtant ces derniers perdurent pour les communautés non musulmanes puisqu'ils régissent toujours leurs statuts. [...]

[...] Finalement, cette constitutionnalisation par le mandat français a permis de construire un Contrat social révolutionnaire pour la région, mais aux bases fragiles. C'est ainsi que la liberté individuelle est garantie par l'État, mais la citoyenneté se vit par strates puisque la communauté est juge sur le statut personnel, que le régime parlementaire est instauré, mais que le confessionnalisme politique demeure. Ainsi, il n'y a pas un Léviathan Hobbesien qui se détache et vers qui les Libanais peuvent se tourner pour acquérir leur liberté civile dans le cadre de leur contrat social avec l‘État. [...]

[...] Il faudra alors attendre 1943 pour que l'indépendance du Liban devienne effective. Mais que cela soit par la promulgation d'une constitution qui existe toujours, de traités jamais ratifiés par le Parlement Français ou alors par la voie réglementaire du haut commissaire, la France a joué un rôle majeur dans la consolidation de l'infrastructure de l'État Libanais en le dotant de structures qui bien que ne faisant pas forcément l'unanimité, prévalent toujours aujourd'hui[2]. II) Un Léviathan faible, un contrat social innovant aux fondations fragiles. [...]

[...] Mais cela perturbe le schéma confessionnel précédemment établi, car on passe d'une mutassarrifiya à prédominance chrétienne à un grand Liban où les deux blocs, chrétiens et musulmans s'égalisent. Pourtant, par l'arrêté n°336 du 1er septembre 1920 la France crée le Grand Liban, qui est proclamé le soir même par Gouraud. Ce Grand Liban est dès sa naissance critiquée par la communauté musulmane plus favorable à un rattachement avec la Syrie sunnite. Après sa répression de la révolte arabe de Fayçal en Syrie, la France va alors chercher à donner un statut organique aux institutions libanaises[1] oscillant entre compromis et usage de la force. [...]

[...] La constitutionnalisation du confessionnalisme au Liban sous le mandat français (1920-1943): Entrave à la consolidation d'un contrat social libanais ou compromis unificateur ? Le Tribunal spécial pour le Liban est chargé de statuer sur la mort de Rafic Hariri le 14 février 2005. Or ce dernier s'est politisé lorsqu'il a commencé à soupçonner le parti de Dieu, figure de proue de la communauté chiite libanaise du fait de l'insistance du chef de la communauté sunnite du Courant du Futur à connaitre la réalité sur la mort de son père et comme la politique est confessionnelle au Liban, cela fait resurgir les peurs de tensions communautaires pouvant déboucher sur des conflits armés, acte de défiance envers le monopole étatique de la violence qui incombe à l'État Wébérien. [...]