Clemenceau est, selon Pierre Miquel, le plus grand homme d'État français avant de Gaulle, et son nom résonne de concert dans la mémoire collective avec des moments fondateurs de l'identité républicaine française : la Commune, l'affaire Dreyfus, la Grande Guerre . Malgré cette image très centrée sur la France, Georges Clemenceau est, pour qui s'intéresse à la diplomatie, un acteur incontournable du premier quart du 20ième siècle : appelant de toute son influence la préparation à l'opposition avec à l'Allemagne, lié à l'échec de Versailles et des garanties Alliées, et dont la mort se confond avec la période de la diplomatie française que Jean-Baptiste appela « la décadence » dans le livre éponyme qu'il lui consacre.
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[...] Nous n'en étions pas encore à l'humiliante cession d'une partie arbitraire de notre Congo à l'Allemagne par M. Caillaux et par M. Poincaré, son successeur. Je ne cache pas qu'il y eut pour moi une ou deux nuits d'un sommeil inquiet. J'encourais un redoutable risque. Les faibles, qui sont généralement le nombre, en eussent été quittes pour me désavouer. Cependant, l'honneur de mon pays demeura sauf entre mes mains. (Clemenceau Grandeurs et Misères d'une Victoire, p.2) J'étais là [au congrès de Versailles]. [...]
[...] La paix eût-elle été différente, moins grosse d'une autre guerre ? En réalité, la prudence de Foch et la prudence de Clemenceau, même si elles ont des origines différentes, traduisent bien la situation dès alors inférieure et quasi soumise aux Américains des puissances européennes et singulièrement de la France et de l'Angleterre. Poincaré ne s'en rend pas compte au contraire de Tigre, qui déjà en avril 1917, quand les États-Unis rentrent dans la guerre, estime, lucide et préoccupé, qu'il s'agit d'une des plus grandes révolutions de l'Histoire (Saulière - Clemenceau, p. [...]
[...] En présentant son projet de loi sur le service de trois ans, M ; Barthou n'a oublié que les moyens financiers. [ ] Quel contraste avec l'Allemagne ! En hommes et en argent, le gouvernement du Kaiser demande au pays un effort prodigieux. [ ] Dans l'armée, ou le bel élan des anciens jours a reparu, l'absence de caractère chez beaucoup de grands chefs paralyse trop souvent les bonnes volontés. Je ne fais le procès de personne. Je dénonce un mal qui nous ronge de toutes parts. [...]
[...] Clemenceau fut furieux de ce qu'il considérait être comme un changement d'attitude de la part de Lloyd George. Cependant, il apparaît évident à l'étude des procès verbaux du cabinet britannique que Lloyd George n'a jamais réellement envisagé une telle hypothèse[13]. Cet incident illustre l'amateurisme de Clemenceau, dupé ou n'ayant pas compris les intentions de son homologue britannique. De surcroît, cela fut la source d'une certaine rancœur de Clemenceau envers Lloyd George. Clemenceau déclara par la suite à Poincaré Lloyd George est un filou ( ) je n'aime pas être trompé. Lloyd George m'a déçu. [...]
[...] Cet antagonisme s'est cristallisé sur le Traité de Versailles et ses conséquences. Clemenceau n'aura en effet de cesse d'écarter ses contradicteurs - parfois très compétents comme Foch - dans le clan français, pour pouvoir négocier seul. Les choix de Clemenceau, certes dictés par ce qu'il croyait alors constituer l'intérêt de la France furent largement critiqués à l'époque. Foch déclara ainsi le Traité est mauvais, très mauvais Nul doute que si Clemenceau avait entretenu de meilleurs rapports avec Foch, les négociations du Traité auraient été différentes pour la France. [...]
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