Définir un mouvement social est à la fois difficile et simple. Simple car il est possible de résumer les mouvements sociaux en un engagement militant de plusieurs personnes, ayant des convictions normatives, le tout donnant naissance à une action. Toutefois, les mouvements sociaux ne se limitent pas à ces éléments. Plusieurs définitions ont été diffusées, tout comme ce fut le cas concernant les partis politiques, la plus répandue étant celle d'Erik Neveu (Sociologie des mouvements sociaux) qui définit les mouvements sociaux par la réunion de trois éléments : la volonté d'agir ensemble, contre quelque chose (ou quelqu'un), dans le but de défendre une cause. Il s'agit donc d'une agrégation de comportements individuels dont l'action est liée à des revendications. Par définition, il faut un minimum de croyance en la « cause » défendue. Pour Herbert Blumer, les mouvements sociaux s'analysent en des « entreprises collectives visant à établir un nouvel ordre de vie ». Le nouvel « ordre de vie » est obtenu soit par le changement soit par la résistance au changement. L'action étant dirigée « contre » quelque chose ou quelqu'un, cela nécessite l'identification d'un ou plusieurs adversaires (employeurs, pouvoir politique en place…).
Malgré une tentative de définir les mouvements sociaux peut-on considérer qu'ils sont tous identiques ? Qu'est-ce qui les distingue ? Et surtout, quels sont les facteurs favorisant leur émergence ? Ou plus simplement, pourquoi existe-t-il des mouvements sociaux ?
Il est difficile de dater l'apparition des premiers mouvements sociaux car cela ne se résume pas en une date mais plutôt à un environnement social, à une cause déterminée. Depuis toujours, les États ont connu des mobilisations, des révoltes, des grèves, des pétitions… Il ne s'agit pas de mouvements récents mais au contraire d'un phénomène historique, d'un héritage historique : il suffit d'observer les différents évènements qui ont eu lieu et que l'on peut rapprocher des mouvements sociaux : la pendaison de la « grise » en 1730, les évènements de 1789, juin 1936, mai 1968, mai 2002 et dernièrement les émeutes des banlieues fin 2005.
Pour mieux comprendre l'existence des mouvements sociaux et leurs conditions d'émergence, nous étudierons dans un premier temps leur nature et leur organisation (I) puis, dans un second temps, les raisons de l'émergence des mouvements sociaux (II).
[...] Toutefois, une question reste en suspend : pourquoi les mouvements sociaux naissent-ils ? II. Les raisons de l'émergence des mouvements sociaux Quelles sont les causes d'émergence des mouvements sociaux et y a-t-il des facteurs empêchant l'émergence de ces mouvements ? A. Les causes d'émergence des mouvements sociaux Albert Hirschman (1970) a étudié l'importance de la psychologie des auteurs de la mobilisation sur celle-ci. En effet, selon son étude, il existerait des cycles, des alternances d'investissement des membres des mouvements liés aux plaisirs du foyer, à la consommation Ainsi, en cas de déception privée plus grande sera la participation au sein des mouvements sociaux. [...]
[...] Il s'agit ici du free rider (passager clandestin) selon Olson. Il y aurait donc plus d'intérêt à ne pas se mobiliser. Toutefois, d'après l'étude d'Olson, s'il y a trop de passagers clandestins et trop d'inaction, alors il n'y a plus aucune mobilisation donc plus de mouvements sociaux. D'autre part, Albert Hirschman (1970), évoque trois types de comportements face à la société et à un certain événement pouvant susciter un mécontentement : - La défection (exit), qui se traduit par le silence de l'individu qui, au pire, ne renouvellera pas sa carte, - La prise de parole (voice), qui est la protestation contre de mauvaises performances, donnant naissance aux mouvements sociaux, - puis la loyauté (loyalty), qui est l'état d'acceptation des défauts entraînant une certaine fidélité. [...]
[...] Ainsi, tout ce qui relève des normes de la vie en société doit être considéré comme politique Alors on peut en conclure que tout est politique, y compris les mouvements sociaux. Un sociologue américain, Charles Tilly, a mis en évidence une tendance à une politisation des mouvements sociaux. Selon lui plusieurs facteurs expliqueraient ce processus de politisation des mouvements sociaux comme la nationalisation de la vie politique, l'apparition du suffrage universel, le renforcement du rôle de l'État. Ainsi les mouvements sociaux ont, en fait, intérêt à politiser leurs actions, leurs revendications pour obtenir gain de cause. [...]
[...] De plus, dans 62% des cas, ils font aboutir au moins une partie de leurs revendications contre 38% pour les mouvements moins structurés. Une fois que le parti est structuré, organisé, il lui faut maintenant agir pour arriver au bout de leurs espérances. Delon Tilly, il existerait un répertoire d'action collective dans lequel les groupes puiseraient. Selon Tilly, l'histoire des mouvements, les actions qui ont été auparavant effectuées serviraient de modèles pour les mouvements sociaux qui surgissent après. Selon lui la référence se situe par rapport à la Révolution industrielle, avant laquelle les répertoires d'action étaient typiques. [...]
[...] Ce fut notamment le cas dans une école d'éducateurs où une nouvelle règle interdisait l'accès à cet établissement aux étudiantes non-titulaires du baccalauréat. À l'origine il s'agissait d'un conflit local. Puis, des mouvements se sont soulevés contre cette nouvelle règle (en l'occurrence il s'agissait des syndicats CGT et CFDT) généralisant le conflit. Par conséquent et grâce aux actions et aux mobilisations faites dans cette école, les médias s'y sont intéressés. Le conflit est devenu politique et est parvenu aux oreilles des politiques. Un mouvement social plus célèbre et qui fut lui aussi politisé est le mouvement mené par Martin Luther King. [...]
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