La conception française de la laïcité - publié le 27/01/2009

Résumé du document

Traditionnellement, on définit la laïcité comme : « le principe de séparation de la société civile et de la société religieuse, l'État n'exerçant aucun pouvoir religieux et les Églises aucun pouvoir politique ». Dans son discours à l'Athénée, intitulé "Qu'est-ce que la nation ?", Renan, en 1882, voit dans la notion de laïcité, le principe de neutralité de l'État : « l'État neutre, tolérant pour tous les cultes et forçant l'Église à lui obéir sur ce point capital ». Pour comprendre la conception de la laïcité en France, il est essentiel de s'intéresser à l'origine du mot « laïcité » en lui-même. En effet, ce mot vient du grec « laos » qui désigne l'unité d'une population, autrement dit, un tout indivisible. Par conséquent, le processus de laïcité résulte d'une volonté de l'État d'unifier la Nation, et de rendre les citoyens égaux entre eux, en effaçant les distinctions liées à leurs confessions respectives. La laïcité, en France, se manifeste dans un très grand nombre de domaines : elle touche, par exemple, l'éducation, l'espace public dont l'État revendique un caractère non confessionnel, ou encore, l'état civil.

Extraits

[...] Les symboles et repères doivent être les mêmes pour tous. On descelle également l'influence de la philosophie des Lumières, au travers de ce processus. En effet, il s'agit de développer le jugement autonome des personnes, qui pourront, alors plus tard, adhérer librement à l'Etat. Ce qui permet de préserver la légitimité de l'Etat. Ensuite, cela représente, d'après Kant, la sortie de l'Homme de l'état de minorité (Qu'est-ce que les Lumières ? 1784). Les citoyens doivent penser par eux-mêmes, et pour cela, ils doivent s'émanciper de toute forme de tutelle. [...]

[...] La remise en cause du concept libéral de laïcité Le principe de laïcité, en théorie, comme en pratique, est sujet à une interprétation stricte. En effet, dès 1989, le Conseil d'Etat émet un avis qui rappelle la neutralité des enseignants et enseignements, et déclare que le port de signes religieux, dans les établissements scolaires, est toléré, sauf en cas de prosélytisme ou du refus de suivre certains cours. Cet avis, réitéré par le Conseil d'Etat en 1992, tend à appliquer la laïcité, dans les écoles, de façon plus stricte. [...]

[...] Au nom d'un principe de liberté de conscience et d'égalité de droits La liberté de conscience et l'égalité de droits sont des valeurs à l'origine du processus de développement de la laïcité, ou laïcisation. En effet, ces principes sont présents dès 1789, dans la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen : «Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public établi par la loi (article 10). On trouve aussi une référence à l'égalité de droits, à l'article premier : Les Hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits Par conséquent, la laïcité est une des valeurs fondatrices de l'identité républicaine. [...]

[...] Le dispositif juridique de la loi du 9 décembre 1905 a été complété par d'autres lois, qui ont été directement intégrées à la loi initiale. Par exemple, la loi du 2 janvier 1907, qui constitue l'article 5 de la loi de 1905, concernant l'attribution de biens. Elle dispose que les biens appartenant à l'Etat, demeurent la propriété de l'Etat, ils ne pourront être aliénés, transformés ni modifiés car ces biens sont laissés pour l'exercice du culte, et à la disposition du public, au titre d'œuvres d'art. La religion rejoint donc le domaine culturel. [...]

[...] Elle respecte toutes les croyances La laïcité est donc un principe constitutionnel, fondateur de la République française. Par conséquent, l'école républicaine a le devoir de fournir une éducation et des valeurs identiques à tous les citoyens. Cette école républicaine s'est bâtie autour de textes législatifs, promulgués dès le 19ème siècle. En premier, la loi du 15 mars 1850, dite loi Falloux, accorde aux établissements libres (primaire et secondaire), des subventions versées par les communes, les départements ou l'Etat, d'après l'article 69. [...]