Yves Charles ZARKA nous présente le concept d' « ultra modernité » comme étant soit une crise de la modernité ou dans la modernité. Caractérisez ce que pourrait être une liberté ultra-moderne, soit une liberté contemporaine.
« L'époque moderne se prolonge par ce que l'auteur désigne sous la notion d'" ultra-modernité en politique ". Il s'agit du moment où la modernité politique entre dans une crise dont la nature exacte reste encore indécise sur le point essentiel de savoir s'il s'agit d'une crise DANS la modernité ou d'une crise DE la modernité. Triple crise qui se caractérise à la fois par la déconstruction de l'État-nation, la désidentification des individus, et le divorce du travail d'avec l'utopie » . Yves Charles ZARKA développe ainsi sa théorie d'ultra modernité dans « Figures du pouvoir. Étude de philosophie politique de Machiavel à Foucault », livre paru en 2001. Dans ses œuvres précédentes et notamment « Penser la souveraineté à l'époque moderne et contemporaine » l'auteur soulevait déjà la question d'un dépassement de la forme étatique traditionnelle par la possible péremption de la notion de souveraineté. Il estimait ainsi en avant-propos « L'idée de souveraineté est liée à la formation de l'Etat moderne depuis l'époque de la Renaissance. Dans sa formulation originale elle comportait quatre principes : 1/ l'autonomie du politique, comme lieu de décision en dernier recours ; 2/ son hégémonie sur les autres sphères de la vie sociale et économique ; 3/ la maîtrise du destin d'un peuple (c'est par là que la souveraineté a été liée à l'Etat territorial et à la nation) ; 4/ l'idée de légitimité démocratique liée à la notion de souveraineté du peuple. Pour comprendre la profondeur de la crise que traverse aujourd'hui l'idée de souveraineté nationale, il convient de l'aborder sur ces quatre plans. C'est à cette condition que l'on pourra mesurer le sut intellectuel et pratique considérable que suppose son abandon dans le double contexte de la mondialisation et de la création d'entités politiques post-nationales ». Il est ici sibyllin que dans la pensée de l'auteur, la notion d'ultra modernité, correspondant à une crise de la modernité ou dans la modernité, est en lien étroit avec celle de souveraineté au sens classique, qu'il définit comme regroupant quatre principes bien spécifiques. Tenter d'expliquer la notion d'ultra modernité ne peut donc se faire sans traiter de l'évolution actuelle du principe de souveraineté dans nos sociétés modernes, démocratiques et soumises au phénomène de mondialisation. Le contexte actuel jouant ainsi un rôle fort important dans la théorie d'ultra modernité chez M. ZARKA.
Mais ne peut-on pas penser que l'idée d'une perte de la souveraineté par les Etats ne serait-elle pas qu'un effet de la crise de nos sociétés modernes ? Ne faudrait-il pas chercher une crise politique à un niveau plus élevé que la strate interne de l'Etat ? Nous défendrons dans notre développement la pensée selon laquelle la crise de la modernité soulevée par M. ZARKA découlerait d'une perte de la forme étatique plutôt que de la mort de la souveraineté. Il ne faut cependant pas pour autant en déduire que la souveraineté ne joue pas un rôle dans cette crise, et nous verrons bientôt dans quelle mesure. C'est pour cela que nous expliquerons d'abord la place de la crise de la souveraineté dans nos sociétés modernes ( I ), puis ensuite la place des échanges transnationaux voir mondiaux dans cette crise ( II ).
[...] Il y a aujourd'hui selon nous une perte de repères due à la disparition de l'Etat en tant qu'acteur privilégié des relations internationales. L'apparition d'organisations transnationales ou régionales (ONU, d'organisations internationales ou non gouvernementales imposant leurs propres décisions aux Etats, mais aussi un retour à la suprématie de l'individu dans nos démocraties par le biais des échanges mondiaux. L'on peut même penser ici que les individus, après avoir perdu la prépondérance dans l'ordre international en conférant la souveraineté à l'Etat par le biais du pacte social pour Rousseau et de la démocratie en général, l'ont regagné à l'heure d'aujourd'hui grâce à la liberté des échanges et des flux dans notre l'époque moderne, quand les Etats sont pour leur part soumis à un contrôle très sévère des organisations internationales dans tous les domaines[7]. [...]
[...] Le concept d'ultra-modernité chez Yves Charles Zarka L'époque moderne se prolonge par ce que l'auteur désigne sous la notion d'"ultra-modernité en politique". Il s'agit du moment où la modernité politique entre dans une crise dont la nature exacte reste encore indécise sur le point essentiel de savoir s'il s'agit d'une crise DANS la modernité ou d'une crise DE la modernité. Triple crise qui se caractérise à la fois par la déconstruction de l'État-nation, la désidentification des individus, et le divorce du travail d'avec l'utopie Yves Charles Zarka[2] développe ainsi sa théorie d'ultra modernité dans Figures du pouvoir. [...]
[...] A' - Crise de la forme étatique ou crise de la mondialisation : le refus d'abandon de l'Etat moderne comme unité souveraine du système international Il s'agit en réalité selon nous d'une impasse puisque quand bien même certains parlent d'une nécessité d'alignement des droits nationaux pour obtenir l'homogénéité des formes étatiques dans le système international, la force de l'Etat, sa principale caractéristique, réside dans sa souveraineté. Comment imaginer ne serait-ce que la moindre possibilité de mise à égalité entre les Etats du système, alors que par essence chaque Etat, souverain, possède un pouvoir de droit originaire et suprême[10] ? Enlevez sa souveraineté à un Etat et il sera colonisé par le premier Etat qui s'en apercevra. [...]
[...] Nous pensons ici à la notion d'état de nature définie comme l'état postcontrat social et donc organisation sociale, dans lequel l'homme vivait de manière individuelle dans un état de guerre de tous contre tous (Hobbes, Le Léviathan, 1651). Nous reprenons ici la définition de la notion de souveraineté de l'Etat donnée par le Lexique des termes juridiques, aux éditions Dalloz. p Dans la vision kantienne du droit international celui-ci a pour but l'instauration de la paix entre les nations. Constitution du quatre octobre 1958, Titre VI, article 55. Adage latin pacta sunt servanda. Ainsi le procédé de signature puis ratification. [...]
[...] Donc la souveraineté peut être une des raisons de la mort de l'Etat moderne. Mais penser ce lien de manière si étroite revient en définitive à dire que la forme étatique est alors elle-même en crise parallèlement à la crise de la souveraineté. Ne peut-on pas dès lors inverser le raisonnement de M. Zarka en estimant que la crise de la souveraineté serait donc l'expression d'une crise plus globale de l'Etat sous sa forme moderne ? Le principe de souveraineté instauré par l'Etat moderne étant une condition si essentielle à celui-ci que dès lors qu'une crise intervient dans l'un de ces domaines, elle se propage à l'autre. [...]
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