Dans le monde contemporain, une tendance largement répandue, qui se présente comme étant l'expression de la vérité, tend vers la dévalorisation des idées, des constructions intellectuelles, surtout lorsqu'elles portent sur des problèmes abstraits, au profit de l'analyse des faits qui sont souvent présentés comme constituant la seule réalité. Il est de bon ton de négliger, sinon même de critiquer, la réflexion sur des questions relatives à la place de l'homme dans la société, à l'organisation actuelle de la société et à celle qui serait souhaitable, sous le prétexte que la seule chose qui compte est le bien-être de l'homme, la protection dont il bénéficie, les garanties qui lui sont données de pouvoir se nourrir, se vêtir correctement et de disposer de suffisamment de temps pour se reposer des efforts fournis. L'histoire politique n'est pas épargnée par cette tendance.
Durant des siècles et depuis la haute antiquité, l'histoire politique s'est confondue avec l'histoire elle-même, tant celle-ci consiste, pour l'essentiel, en histoire des États et de leurs affrontements, des grands hommes qui les dirigent, des batailles, des traités et des hégémonies.
Toutefois, ce sont moins les grands travaux que l'immense et souvent médiocre production de chroniques, livres académiques ou ouvrages à visée idéologique qui explique que, depuis le début du XXème siècle, cette prédominance de l'histoire politique traditionnelle soit l'objet de critiques à la fois d'ordre idéologique et intellectuel. Est-il légitime de faire l'histoire des dirigeants en oubliant celle des peuples ? Quel est l'intérêt scientifique de décrire les faits et les actes de quelques grands personnages dès lors qu'on s'intéresse à l'histoire des sociétés ? Aussi l'histoire politique est-elle très vivement mise en cause par des courants novateurs qui prônent une autre vision de l'histoire, sans que, pour autant, son statut privilégié dans le monde universitaire soit véritablement discrédité.
[...] Pour éclairer de la meilleure façon possible l'Histoire politique, il semble donc préférable de s'attacher aux œuvres majeures de la pensée politique, parce qu'elles permettent de comprendre le cheminement des sociétés passées et actuelles et d'apprécier la profondeur de la réflexion d'hommes souvent exceptionnels. [...]
[...] En outre, la critique vise spécifiquement l'histoire contemporaine, marginalisée au profit des périodes qui bénéficient d'une plus grande épaisseur chronologique, le Moyen Âge, les Temps modernes et, à la rigueur, le xixe siècle. L'histoire politique connaît alors une éclipse, les chercheurs se détournant d'un domaine peu porteur pour se consacrer à l'histoire économique, sociale, des mentalités, à l'histoire des aspects quotidiens et matériels de la vie des sociétés. C'est précisément dans la brèche abandonnée par ces courants dominants que va se renouveler l'histoire politique au milieu des années 1970. Plusieurs phénomènes concomitants rendent compte de ce phénomène, dont certains dépassent très largement le cadre de la recherche historique. [...]
[...] L'histoire politique n'étant plus une histoire purement événementielle consacrée aux faits purs, la question se pose de savoir si le concept d'« idées politiques est-il pertinent pour éclaire l'histoire politique ? Il convient tout d'abord de définir ce qu'est un concept puis ce que sont les idées politiques. Un concept est une Représentation générale et abstraite d'un objet, d'un ensemble d'objets. Selon le dictionnaire Larousse. Par idée, on entend généralement : La représentation qui se fait de quelques choses dans l'esprit, que cette chose existe au-dehors, ou qu'elle soit purement intellectuelle. [...]
[...] Quel est l'intérêt scientifique de décrire les faits et les actes de quelques grands personnages dès lors qu'on s'intéresse à l'histoire des sociétés ? Aussi l'histoire politique est-elle très vivement mise en cause par des courants novateurs qui prônent une autre vision de l'histoire, sans que, pour autant, son statut privilégié dans le monde universitaire soit véritablement discrédité. Sans doute les critiques adressées à l'histoire politique, dans leurs excès, sont-elles en partie caricaturales et généralisent-elles des faiblesses qui ne concernent pas l'ensemble des travaux de ce domaine. [...]
[...] Le refus des idéologies est d'autant plus dangereux et paradoxal que, selon Albet Thibaudet, La politique, ce sont les idées (La république des professeurs, Paris, Grasset, 1927). Il serait regrettable que le verdict sans appel infligé aux idéologies s'étende aux idées. (cf. Alain Leroux, retour à l'idéologie, PUF 1995). Se réjouir, au nom d'une prétendue fin de l'histoire du calme enfin instauré, et croire qu'il suffit désormais de gérer au quotidien la société le moins mal possible, mais sans projet, cela ne relève-t-il pas de l'« imposture voire de l'« impudence (Jacques Berque) ? [...]
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