Il y a un paradoxe à parler de guerre juste puisque les deux termes ont des connotations opposées. La question de la guerre juste est celle du statut moral de la guerre en tant qu'activité humaine, d'une réflexion morale sur ses buts et ses moyens. Elle traite de la justification de la guerre (jus ad bellum) et de comment elle doit être menée (jus in bello) pour respecter les principes moraux qui sous tendent nos actions individuelles ou collectives. Il est frappant de remarquer que les guerres récentes semblent satisfaire (du moins en partie) les pré-requis édictés par les théologiens médiévaux qui ont fondé la théorie. Mais les nouveaux enjeux comme le développement de l'armement nucléaire ont conduit à de nouvelles analyses. D'où l'intérêt d'une réflexion sur la modernité du concept. A quelles conditions une guerre est-elle juste ? Peut-on appliquer aujourd'hui cette théorie en relations internationales ? Comment résoudre les contradictions et problèmes pratiques qu'elle pose?
[...] Les conséquencialistes pensent que la fin (gagner la guerre) justifie les moyens (usage de la bombe atomique). Pour les déontologues seules les règles comptent, quitte à perdre la guerre. La doctrine libertarienne, basée sur l'autonomie individuelle contrairement à la théorie classique fondée sur la souveraineté de l'Etat, prône la légitime défense mais refuse la guerre préventive. Selon les libertariens la guerre juste pose un problème de souveraineté : les hommes politiques, en entrant dans une guerre pour défendre un pays, violent les droits individuels de leurs citoyens qui n'ont pas donné leur consentement et vont devoir payer des impôts et subir des dégâts collatéraux. [...]
[...] Le but n'est pas de fournir des prétextes à n'importe quel conflit armé mais d'obtenir la paix, ainsi que le rappelle Saint Thomas ceux qui font de justes guerres ont la paix pour but Il définit des conditions précises pour qu'une guerre soit juste : la causa justa (punir une injustice) l'auctoritas principis (la guerre ne peut relever que de la puissance publique sinon elle est un crime) et l'intention recta (la guerre ne doit pas être faite à des fins personnelles mais en vue du bien commun). Vitoria insiste sur la primauté de la paix : il y a plus grand bonheur à apporter la concorde au voisin qu'à le soumettre à la guerre La guerre est un des pires maux et on ne peut y recourir que pour éviter un mal plus grand, et après avoir essayé toutes les formes de dialogue préalables (guerre comme ultime recours). Il faut le souci de rétablir la paix au plus vite, et user de sa victoire avec modération. [...]
[...] Car si c'était vrai elle serait juste des deux côtés, ce qui est objectivement impossible. Si c'est pour que la guerre entraîne de grands maux il faut y renoncer, il faut pouvoir être sûr que la guerre pourra être menée à moindre mal. Ce seront ses arguments face à Charles Quint, quant au XVIème siècle l'Espagne se lance dans les conquêtes coloniales. Pour la doctrine classique, la seule juste cause de guerre c'est l'injustice subie, ainsi selon Saint Augustin c'est l'injustice de l'ennemi qui pousse le sage à faire les justes guerres». [...]
[...] Les codes de conduite signés avant les guerres sont-ils respectés quand elles éclatent ? Si l'adversaire ne respecte pas le droit, il semble légitime en réponse de la violer aussi. Comment apprécier si le bombardement de villes comme Hiroshima est proportionné ? Par ailleurs, la puissance des nouvelles armes (mines antipersonnel qui continuent la guerre après la guerre) incite à œuvrer plus encore qu'avant à rechercher la paix, but premier de Vitoria, et de l'ONU aujourd'hui. Il faut utiliser la guerre juste aujourd'hui comme limitation plus que comme légitimation. [...]
[...] Il est aujourd'hui repris dans tous les accords contemporains (conventions La Haye, Genève). II. Les contradictions du concept : peut-on parler de guerre juste aujourd'hui en relations internationales ? La doctrine de la guerre juste soulève des interrogations dans son application pratique. Tout d'abord, il est difficile de définir la notion de juste cause de guerre si chère à Vitoria. Faut-il admettre les guerres préventives? La guerre défensive est la seule exception faite par la Charte de l'ONU au principe général d'interdiction de la guerre. [...]
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