L'Iran suscite aujourd'hui un grand nombre d'interrogations et éveille l'inquiétude et la suspicion de la communauté internationale de par ses activités nucléaires, sa politique de développement
d'armes de destruction massive, son programme d'enrichissement d'uranium et sa diplomatie.
Mais qu'en est-il de la politique interne, comment ce régime parvient-il à rallier le peuple à sa cause, à se maintenir au pouvoir et à persister depuis plus de deux décennies ?
L'objectif consiste à comprendre comment le régime iranien actuel a réussi à mobiliser et à rallier la population iranienne à sa cause. Nous démontrerons
donc comment la République islamique d'Iran est parvenue à utiliser avec succès les spécificités du chiisme, avant de voir la place particulière accordée à la personnalité et aux discours de l'ayatollah Khomeiny, pour finalement étudier l'utilisation du sentiment nationaliste par le régime qui est parvenu à marier avec succès islam et patriotisme.
[...] La République islamique d'Iran a parfaitement réussi à rallier le peuple iranien à sa cause en allant chercher des forces mobilisatrices à travers tous les mythes chiites : le martyrisme, la juste cause de l'imam Hossein à Kerbela. Le chiisme duodécimain opère comme une idéologie mobilisatrice, et ce, dès les premiers jours de En somme, les spécificités chiites et la révolution iranienne. Dès ses origi- l'élan nationaliste ont servi à consolider nes, le chiisme connaît une forte réso- et à fortifier les acquis du pouvoir. [...]
[...] Le pouvoir parvient ainsi à se légitimer par sa capacité à mobiliser les jeunes, il recourt à l'appel aux sentiments d'honneur ou de dévouement : propagande et héroïsation font de ces jeunes en quête de la mort les d'une modernité absente 11 Le mort demeure ainsi en tant que héros parmi Phénomène social et culturel, les martyrs contribuent à légitimer le pouvoir révolutionnaire en exaltant les sentiments d'honneur et de dévouement des jeunes défavorisés. les vivants. On est dès lors face à une principe de légitimation en arguant qu'un politisation du sacré, qui demeurera pouvoir pour qui les jeunes sont prêts à l'une des caractéristiques essentielles mourir ne saurait être illégitime »13. des martyrs de la révolution. Dans la tradition chiite, on comméLe martyre est dès lors un véritable phé- more fortement la mort des imams nomène social et culturel, essentiellement plus particulièrement de l'imam Ali et chez les jeunes. [...]
[...] L'imam Hossein illustre parfaitement le parangon du martyre : c'est en quelque sorte le prince des martyrs L'histoire raconte que ce dernier succombe à la mort avec ses soixantedouze compagnons, lors d'une bataille inégale le 10 octobre 680 contre l'armée envoyée par le calife omeyyade, Yazid, à qui l'imam a refusé de faire allégeance. Hossein est considéré comme un héros puisqu'il fut assassiné en allant sauver des chiites. L'authenticité de cette histoire n'est pas essentielle, ce sont les éléments mobilisateurs et la croyance des gens qui priment. [...]
[...] nance émotive dans la société ira- nienne et se veut authentiquement RÉFÉRENCES révolutionnaire en inaugurant sa lutte 1. CHEHABI Houchang propose le terme clérisiocratie plutôt que révolutionnaire contre les tenants de théocratie pour faire référence à cette partie du clergé chiite partisan d'assumer l'autorité politique, on pourrait utilement parler l'injustice sociale. de clérisiocratie dans la mesure où le terme clérisiocratie Le charisme exceptionnel de l'ayatollah Khomeiny et son discours ont égapointe sur les détenteurs effectifs du pouvoir, certes en tant que représentants de l'autorité divine sur terre (qui renvoie alors au terme théocratie in CHEHABI, Houchang, Religion and politics in Iran: How theocratic is the Islamic Republic? [...]
[...] Il s'agit ainsi de volontaires mobilisés pour la guerre, dont une partie a rejoint les rangs de la Mobilisation des déshérités afin de secourir les pauvres et les sinistrés. Le Bassidje, fer de lance du pouvoir révolutionnaire, est non seulement présent dans la guerre contre l'Irak mais aussi dans le jugulement de l'opposition au sein même de la société iranienne. Cette organisation sera intégrée au début du conflit contre l'Irak à l'armée des Pasdaran KHOSROKHAVAR, Farhad, Le modèle Bassidji in Cultures et Conflits, 29-30, http://www.conflits.org/document.php?id= Imam Hussein était le fils d'Ali, quatrième calife de l'islam et petitfils du Prophète Mohammad, in KEPEL, Gilles, Op.cit., p SKOCPOL, Theda, Rentier state and shi'a islam in the Iranian revolution in Theory and Society May 1982, p KHOSROKHAVAR, Farhad, Le modèle Bassidji in Cultures et Conflits, 29-30, http://www.conflits.org 17. [...]
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