Le principe démocratique veut que la souveraineté, le pouvoir de gouverner, appartienne au peuple. Ce n'est pas la volonté d'un seul, ni celle d'un groupe, encore fut-il celui des meilleurs, qui dirige, mais la volonté du peuple. Or, comment cette volonté, que l'on dira générale, peut-elle s'exprimer, se dégager du tumulte des nombreuses voix qui s'élèvent de la masse ? Depuis l'Antiquité, c'est la question de la taille que doit avoir le peuple qui conditionne les réflexions autour de la possibilité et de la pertinence de la mise en place d'un système démocratique. Ainsi, Aristote comme Rousseau avancent que la démocratie n'est possible que dans une petite cité : la taille de l'Etat conditionne le régime politique. Ces auteurs, comme tant d'autres, ne pensent la possibilité du système démocratique qu'à l'aune de conditions matérielles. La préoccupation est en effet que le peuple puisse s'assembler et exprimer sa volonté. Certes, les nouvelles technologies de l'information et de la communication n'étaient pas encore là pour élargir l'horizon des possibles en matière de communicabilité et de réduction des distances.
[...] Pour autant cela ne veut pas dire que les modes de scrutin, et a fortiori, les régimes politiques de nos sociétés soient de ce fait discrédités. L'erreur, lorsque l'on connaît les différents paradoxes exposés plus haut et que nous allons reprendre de façon plus détaillée, est de tirer de fausses conclusions des élections. A l'instar des sondages, dont l'interprétation correcte n'est possible qu'à la lumière des limites liées à leurs conditions de production, on ne peut interpréter le résultat d'une élection qu'à l'aune de la connaissance des limites inhérentes à tous les systèmes électoraux. [...]
[...] Pierre Drouilly, L'effet Condorcet, p.146 in Sondages, élections et referendums au Québec 1992-1997, Montréal, Harmattan Ibid, p.153 Texte 2 du recueil. Pierre Favre, La décision de majorité,Paris, Presses de la Fondation Nationale de Sciences Politiques p.55. Richard Robinson, Pourquoi la tartine tombe toujours du côté du beurre. La Loi de Murphy expliquée à tous, Éditions Dunod Texte 1 du recueil, p.146. Ibid. Ibid, tableau p.148 Condorcet, cité dans le texte 1 du recueil, p.153. [...]
[...] On cherche ainsi à mettre en concurrence le principe de majorité avec tous les autres modes de décision concevable, et peut-être de le disqualifier au profit d'un autre qui lui serait supérieur[15] Mais il existe une multitude de méthodes de décision, tant et si bien qu'une telle recherche se révèle impossible[16] Arrow va, pour tenter de résoudre ce problème, énoncer une série de conditions, cinq, qui semblent communément acceptées de tous comme étant les exigences d'un système rationnel et démocratique, et confronter les principaux systèmes de décision à ces conditions pour trouver celui qui les satisfait toutes. Ces conditions sont les suivantes : 1. Si un électeur élève sa préférence pour un candidat, ce candidat doit rester à la même place ou s'élever dans la hiérarchie collective ; 2. le choix collectif ne doit dépendre que des choix individuels ; 3. si tous les électeurs ont les mêmes préférences (unanimité), ce sera le choix collectif ; 4. [...]
[...] Ainsi observe-t-on des distorsions, parfois importantes, entre les choix individuels et leur traduction en terme de rapports de forces des différents partis politiques dans les assemblées. Le vote majoritaire simple, mais aussi celui à deux tours, favorisent particulièrement ces distorsions et, partant de ce principe sont considérés comme certains comme des systèmes non démocratiques. En réalité, tout dépend de la vision que l'on a de la démocratie et du choix de système politique qui a été fait. Les différents modes de scrutin sont révélateurs de différents choix, de différentes attentes. [...]
[...] Celle qui fait consensus pour tous ou est-ce quelque chose de bien supérieur à l'agrégation des volontés individuelles qui la composent? Deuxièmement, tous les modes de scrutins permettent-ils d'agréger les préférences individuelles en une volonté générale? Gagner une élection signifie-t-il toujours que l'on a recueilli le plus de voix sur son nom ou sa proposition? Si le choix entre deux options, pour reprendre l'expression d'Alexis de Tocqueville[4], fait paraître comme volonté générale ce qui n'est que tyrannie de la majorité le choix entre plus de deux alternatives complique l'apparition d'une majorité et risque de délégitimer le résultat de l'élection[5]. [...]
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