Dans le cadre d'une réflexion sur le comportement des jeunes vis-à-vis de la politique, ont été réalisés deux entretiens, auprès de Camille (étudiante en école d'architecture, 22ans) et de Paul (23 ans, ingénieur du son). Les thèmes abordés étaient en rapport avec la participation politique, la connaissance de la politique, les origines sociales, etc.
[...] La cordialité de l'atmosphère a permis de favoriser la parole des interviewés. Sans toujours avoir de discours construit et hiérarchisé, les interviewés parviennent à justifier (d'eux même, ou après notre sollicitation) leurs positions, et parviennent à des aveux spontanés d'ignorance. D'accord ouais donc en fait donc ton rapport à la politique tu le qualifies comment ? C'est un engagement Y a un engagement ? Camille: Ouais y a un engagement, mais je sais très bien que c'est pas enfin voilà quoi, c'est pas forcément enfin si c'est réfléchi parce que j'y crois, pour moi c'est la chose juste, enfin voilà c'est pour ça que j'y crois mais après, après voilà quoi quand on me demande d'en parler devant des caméras etc., j'suis incapable de enfin j'ai aucun vocabulaire, j'ai aucun moyen de le justifier, je peux juste dire que oui ça me semble la gauche me semble plus utile, la gauche me semble plus juste c'est tout quoi j'ai pas " D'accord Ok donc si à la limite tu te sentirais de quel côté ? [...]
[...] Camille déclare et revendique n'appartenir à aucun parti ni aucune organisation politique. Elle refuse d'adhérer à un système et préfère conserver une liberté de mouvement et d'opinions, indépendamment de toute affiliation partisane. Pourtant, dans son discours comme dans les faits qu'elle relate (vote systématique et invariablement à gauche, manifestations anti-racistes, événement contestataire au sein de son école, on devine un véritable activisme, au service d'un idéal sinon d'une personnalité ou d'une bannière. De façon plus diffuse mais non moins engagée, on relève surtout une pratique au quotidien, dans le choix de ses lectures et de ses relations par exemple. [...]
[...] Les médias sont pour lui des leaders d'opinion. Camille pour sa part, bien qu'affirmant ne pas posséder une grande culture politique, celle-ci s'avère plus grande qu'elle ne le pense. En clair il y a décalage entre le sentiment de faible compétence de Camille, et la réalité de cette compétence. Toutefois, elle aussi a recours à des processus détournés de construction de l'opinion, et ce notamment par le recours à la rumeur pour accréditer son opinion sur Nicolas Sarkozy.: "Ouais, ouais, non vraiment, c'est un malaise ce type, c'est ouais, mais vous savez qu'il pique des crises, dans tout les meetings, dans toutes les conditions, apparemment il est complètement malade. [...]
[...] Dans les deux cas, on constate ainsi une certaine correspondance entre compétences objective et subjective, et pratiques souhaitée et réelle : Camille montre à la fois une compétence objective et une pratique réelle plus élevées que ses compétence subjective et pratique souhaitée, tandis qu'on note l'inverse chez Paul. [...]
[...] Nous sommes en présence de deux acteurs ayant une façon d'aborder la politique différente. L'une est issue d'une famille ultra politisée, et suit des études supérieures, l'autre vient d'une famille elle aussi politisée, mais lui est entré dans le monde du travail. On retrouve chez Paul une adéquation entre compétence objective et compétence subjective, dans la mesure où d'une part il reconnaît sa faible compétence politique, le fait qu'il ne suive pas assidûment la presse politique, et d'autre part, on relève dans son discours des lacunes de connaissances politiques (noms des hommes politiques, partis, programmes . [...]
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