Patrick Hassenteufel, auteur de cet article, est professeur de science politique à l'Université Rennes 1 et directeur du centre de recherches sur l'action publique en Europe. Dans cet article intitulé "De la comparaison internationale à la comparaison transnationale", l'auteur se penche sur les conséquences méthodologiques et analytiques de la transnationalisation des politiques publiques au travers de la méthode comparative. La méthode comparative tend à "systématiser une tendance naturelle de notre esprit".
En effet, comparer est un moyen pour dégager les ressemblances et les différences entre des objets d'études. Elle est utilisée dans toutes les sciences sociales, mais plus particulièrement en science juridique et en science politique, ce qui nous intéresse ici. Elle s'applique aussi bien pour des études vastes que pour une étude de secteurs particuliers et aussi bien pour une étude qualitative que pour une observation quantitative. Cela fait longtemps qu'en sociologie et en science politique la validité de la comparaison n'est plus remise en cause.
[...] Ensuite, le mimétisme réside dans l'échange de méthodes et de techniques de politiques publiques entre les pays. Enfin, la dépendance renvoie à des situations de domination d'un Etat sur un autre menant à l'imposition de politiques publiques. A partir de ces modalités, la sociologie des acteurs internationaux peut être envisagée sous des angles différents. L'auteur dégage trois notions fondamentales dans l'étude comparative des politiques publiques : la traduction, l'hybridation et le transfert des politiques entre les pays. Vue comme un simple transfert, l'analyse de la convergence des politiques publiques néglige la connaissance des acteurs des transferts, des modes de réception de transfert et le mélange des éléments transférés et des éléments existants. [...]
[...] Ensuite, la comparaison à distance se prive du terrain et de ses apports indispensables à tout travail de science politique générale car elle se borne aux textes. La comparaison réductrice se base sur des données quantitatives et omet ainsi un grand nombre de facteurs déterminants plus qualitatifs. Enfin, la comparaison biaisée est aussi regrettable que les autres car elle n'utilise le travail empirique que dans le but de valider une hypothèse déterminée. P. Hassenteufel énumère donc ici les écueils à éviter dans une démarche comparative et dégage des exigences basiques préalables à toute analyse de science politique. [...]
[...] Or, dans un contexte de mondialisation, l'interdépendance de l'action publique doit être prise en compte. En effet, aujourd'hui, les échanges en terme d'expériences, d'expertises, de savoirs faire et de conseils pour mener les politiques publiques sont nombreux et essentiels. Les sociologues sont tous d'accord à reconnaître que la globalisation pèse sur l'élaboration des politiques publiques et accroit ainsi les interdépendances entre Etats et suscite de leurs parts des réponses collectives et coopératives[5]. L'auteur affirme donc la nécessité de la prise en compte de la dimension transnationale dans une perspective comparatiste afin de saisir les variations nationales de la diffusion et les différences entre les méthodes d'appropriation d'un modèle transnational. [...]
[...] Pour parer à cela il est souhaitable que les différents chercheurs aient une connaissance générale des pays étudiés. Les chercheurs doivent aussi bénéficier d'une autonomie totale et se constituer en réseau afin de s'enrichir mutuellement de leurs découvertes. Il est aussi préférable de diminuer le nombre de pays étudiés pour pouvoir s'entourer de chercheurs ayant les capacités linguistiques et intellectuelles permettant d'étudier en profondeur le cas d'un pays. L'auteur avoue sa préférence pour la présentation des travaux comparatistes par variables étudiées et non par terrain étudié, ce qui limite le risque de description et facilite la lecture de l'analyse. [...]
[...] Ainsi, la méthode comparative s'impose dans la mesure où elle réussit à analyser, comprendre et expliquer l'ensemble du processus de construction des politiques publiques en dehors des limites nationales qu'elle transcende. Nous pouvons en déduire que cette démarche est un moyen essentiel d'apporter un nouvel éclairage scientifique sur les transformations sociales et économiques mais aussi d'alimenter des modes d'action et des politiques publiques en fonction des objectifs poursuivis. Une méthode indispensable à l'appréhension des phénomènes transnationaux Au-delà de ces principes méthodologiques de base, l'auteur relève des problèmes théoriques en matière de comparaison des politiques publiques. [...]
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